25 mars, 2007

300: quelques embruns nauséabonds sur les Thermopyles


300 Trailer
envoyé par Film300

300 retrace l'histoire de la bataille des Thermopyles où, en 480 av. J.-C., la cité de Sparte affronta dans un combat à mort l'armée du roi des rois Xerxès. 300, ce sont les trois cent spartiates qui quitèrent leur cité au côté du roi Léonidas et qui se dirigerèrent vers les Thermopyles, défilé naturel entre deux falaises, parfois étroit de 10m., protégeant les flans spartiates et obligeant les Perses à un combat en ligne, finalement réduit à un contre un, malgrè une disproportion d'hommse de 4 à 6 fois plus importante en faveur des Perses. La stratégie des Grecs et leur "profession" de soldat joua en leur faveur et leur permirent de résister jusqu'à la trahision d'un des leurs.


La fresque épique que nous propose Frank Miller est en fait une relecture de l'agogé auquel tout jeune psartiate est astreint pour prouver sa bravoure. En effet, dès l'âge de sept ans, les jeunes garçons sont envoyés hors des murs de la cité, dans la Chôra, symbolisant la barbarie, où ils sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par leur propre moyen. S'ils réussissent, à leur retour dans la cité, symbole de la civilisation, ils intègrent le corps civique et deviennent Spartiates. La bataille des Thermopyles n'est pas seulement un fait historique, mais c'est aussi un mythe à travers lequel la cité de Sparte revit son agogé, envoyant ses enfants au devant des Perses, affronter la barbarie, et la victoire qui doit en résulter apporte la liberté à la cité et voit triompher la civilisation.


Cette lecture, qui est sans doute celle de la bd dont le film est extrait, est cependant plus ambiguë dans le film, en raison du contexte dans lequel il est produit. Les citoyens soldats de Sparte mourrant pour la liberté de leur patrie face à une barbarie venue du Moyen-Orient, prend une conotation particulière alors que la guerre d'Irak n'en finit plus et que l'Iran - héritière de la civilisation perse... - est stigmatisée par Washington... Une cité où les armes font les hommes, et dont la sureté de la patrie dépend de leur maîtrise dissimule mal l'allégorie d'une certaine Amérique, des valeurs qu'elle se vit défendre et de son IIème amendement... La diabolisation de la Perse comme fanatique et débauchée, à vrai dire, n'est pas neuve, et c'est bien regrétable...


Inverser alorsnotre regard. On verrait des Perses venir venger leur ambassadeur massacré à Sparte par l'orgueil Léonidas, et combattre pour une juste cause. On verrait encore des Spartiates fanatiques et violents, résistant à une culture aussi puissante que brillante que représente le monde achéménide. On verrait enfin ce laboratoire des cultures, que constitue la Perse triompher d'une cité eugéniste et xénophobe... Mais une lecture de ce genre serait-elle bien raisonnable, ou, pardon, "patriotique"?

Mais attendons la critique avisée de Nij

10 commentaires:

Anonyme a dit…

justement, je n'irai pas le voir, d'autant que tu as parfaitement résumé mon point de vue, qui est globalement le même que celui sur Alexandre de Stone.

Anonyme a dit…

je suis d'accord avec toi, j'ai trouvé ça puant?. Dommage, j'aime bien que le cinéma moderne esthétisant reprend les thèmes ancestraux :)

D. a dit…

oui c'est vrai, j'ai bien envie d'écrire les Thermopyles vus par les Perses...

Anonyme a dit…

Justement il faut faire une lecture inverse et le résultat est surprenant, cette histoire explose à la figure des producteurs de ce film, mais en ont-ils conscience?

D. a dit…

J'ai parler d'inverser le regard, mais faisons attention à ne pas échanger un manichéisme pour un autre. Au nom de son héritage perse, l'Iran revandique de plus en plus un rôle a jouer dans les affaire du Moyen et Proche Orient et les réseaux financiers sont déjà bien installer en Syrie, en Jordanie ou en Palestines. L'interêt n'est pas tant de faire passer les Perses pour les bons et les Spartiates pour les méchants que de déconstruire un manichéisme trop présent chez Miller et dans le discours commun porté sur la géopolitique actuelle.

Anonyme a dit…

Je me suis également sentie mal à l'aise en visionnant ce film. Et je suis tout à fait d'accord sur le besoin de multiplier les angles pour raconter cette histoire.

Autre argument pour le parallèle avec la situation actuelle: la femme de Léonidas qui demande l'envoi de troupes supplémentaires pour aider son roi de mari qui est parti en guerre sans l'accord des hautes instances... Mais c'est sans doute tiré par les cheveux...

D. a dit…

comme le dirait l'un des mes maîtres... "toute histoire est contemporaine"

Unknown a dit…

On peut aussi inverser cela d'une autre manière...
Considérons un empire puissant (quasiment le plus puissant à cette époque) : qui est la Perse dans cette histoire Antique, et les Etats-Unis dans le monde moderne...
Considérons un petit camp islamiste d'Al Qaïda au coeur des montagnes afghanes, ou une petite cité grecque Sparte au coeur du Péloponèse, où des jeunes hommes suivent un entraînement aux armes acharné, où seul compte la qualité guerrière (la culture étant rejetée) dans leur apprentissage. Ils acceptent d'être soumis à des lois supérieures (Commandements Spartiates, Coran) réinterprétés par une hiérarchie indiscutable (imams, mollahs prêtres, rois)

Quand ces spartiates ou terroristes islamistes attaquent contre toute loi internationale un objectif symbolique (que cela soit un ambassadeur perse ou les tours du World Trade Center), l'empire réagit...
S'ensuit un combat acharné dans les montagnes (de Kandahar ou des Thermopyles) entre une armée puissante et des hommes acharnés embusqués...

Tout ça pour dire que l'analogie Sparte-USA, Perse-Iran ne me semble pas la seule, et est bien loin de me convaincre...

De toute façon, il ne faut pas chercher à faire des analogies simplificatrices...

Après, tu as sans doute raison de dénoncer le manichéisme du film. Et, effectivement, on ne peut souhaiter à notre monde les solutions politiques de Sparte, basées sur la violence plutôt que la raison, la guerre plutôt que la diplomatie, le physique plutôt que l'intellectuel...

PS : Sinon, j'ai aimé le film "300"

Anonyme a dit…

Interessant vos commentaires.J'y vois plutôt dans ce film une manière de nous dévoiler la morale et les valeurs aristocratiques grecque(avec une élite), qui sont l'honneur, l'apologie de la force et du courage, la beauté.De l'autre côté, des perses désoeuvrés, idolatres,perfides.
Avec un Xerxès qui se dit "le bon" et qui taxe Léonidas de "cruel". C'est le début de la révolte des esclaves, la venue du judéo-christianisme et sa mystique, la transmutation des valeurs si chères à Nietsches.

Walter Parsons a dit…

Lovely bblog you have