" Dom Carlos
Nous nous voyons obligés, mon frère et moi à tenir la campagne pour une de ces fâcheuses affaires qui réduisent les gentilshommes à se sacrifier, eux et leur famille, à la sévérité de leur honneur, puisque enfin le plus doux succès en est toujours funeste, et que, si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume; et c'est en quoi je trouve la condition d'un gentilhomme malheureuse, de ne pouvoir point s'assurer sur toute la prudence ettoute l'honnêteté de sa conduite, d'être asservi par les lois de l'honneur au dérèglement de la conduite d'autrui, de voir sa vie, son repos et ses biens dépendre de la fantaisie du premier téméraire qui s'avisera de lui faire une de ces injures pour qui un honnête homme doit périr" (Dom Juan, acte III, sc. 3)
Cela fait longtemps qu'un livre d'histoire ne m'avait pas pris comme celui-là, à savoir le dernier essai de Jean-Marie Constant, "La folle liberté des baroques (1600-1661)". Cet essai rélalise l'ambition entre autre, de soumettre la littérature, de la France des Régences du XVIIe siècle et du règne de Louis XIII, à d'autres regards et de "la penser aussi comme un document d'histoire et d'anthropologie qui peut apporter beaucoup sur la comprehension des sociétés". Aussi l'auteur présente un nouveau niveau de lecture du dom Juan de Molière que les études littéraires ignorent souvent. L'oeuvre correspondrait à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération politique et Molière aurait réussi à réaliser la synthèse de deux traditions du mythe: "l'Espagne présente un modèle exemplaire de châtiment divin, l'Italie le tourne en bouffonnerie, la france fait la synthèse des deux courrants et y greffe une autre perspective - le portrait typique du grand seigneur baroque du temps".
Dom Juan n'est pas qu'un séducteur c'est aussi un philosophe: "la justification, qu'il donne de son comportement met en cause une des valeurs fondamentales de la société baroque: l'amitié". Il défie non seulement la société mais aussi Dieu, n'estimant n'avoir de compte à rendre qu'à lui seul et qu'il est prêt à "déméleré avec. Dom Juan trangresse à la fois des valeurs sociales et religieuses. Or ces valeurs sont mise en cause au début des années 1660 et Louis XIV met en place ses grandes enquête de noblesse, tentative de remettre en ordre l'aristocratie, si ce n'est la société de son temps. Molière défend en effet la primoté du mérité sur la naissance, parfois même contre son personnage, mais Dom Juan est un noble de son temps, un grand seigneur libertin certes, mais aussi un gentilhomme courageux, qui n'a pas peur de la mort et se trouve honorer de pouvoir perdre la vie au combat. Cet idéal aristocratique est battu en brêche depuis Richelieu et la décapitation de Bouteville qui malgré les interdits a participé à 27 duels, tous victorieux... Et Dom Juan de déclamer que "si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume" pour continuer à vivre noblement. Dom Juan qui prend plaisir à transgresser toutes les valeurs dela société civile et de la réforme catholique, accepte sans discuter les règles de conduite du gentilhomme. Et face à la mort, Don Juam à l'attitude de son état. Il l'affronte sans crainte.
Je viens à pein de finir le premier châpitre de ce livre pétillant d'intelligence et de subtilités comme le siècle qu'il se propose d'étudier, et je ne vous garantis pas de pouvoir me retenir d'en écrire plus dessus.
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5 commentaires:
Doit-on te voir aussi comme Dom Juan? pas certaine... tu es butines juste un peu de temps en temps, mais au font de toi...
Entre ma cousine qui m'appelle Dom Juan et petite puce, Casanova, quelqu'un serait-il en train de voir que j'ai aussi un coeur?
Mais bon Casanova ne mérite pas tout ce qu'on dit de lui...
Celui-ci comme l'autre d'ailleurs...
moi, je propose sade^^
Et si je propose le vicomte de Valmont ? Après tout, il avait du coeur lui (pas comme "stevie" Rodrigue...), et puis vicomte de Papageno, ça sonne bien, non ?
vicomte seulement? c'est nul ça, au moins marquis, duc ou prince...
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