
Dimanche dernier, 1.2 million de personnes ont défilé dans les rues d'Istanbul pour affirmer leur attachement aux valeurs kémalistes du pays, leur attachement à la démocratie et à une laïcité exemplaire. En Turquie aussi, l'élection présidentielle met aujourd'hui en jeu deux visions du monde et deux avenirs possibles pour le pays. Au pouvoir depuis 2003, les islamistes modérés de l'AKP présenteny un bilan ambiguë associant réussite économique et conservatisme social. Après avoir obtenu du Premier Ministre Erdogan de ne pas se présenter à l'élection présidentielle, le 14 avril dernier, l'AKP a décidé de proposer au Parlement d'Ankara le nom de son ministre des affaires étrangères, Abdullah Gül.

Reste une inconnue à l'affaire, à savoir l'armée, garante des institutions et qui à déjà commit quatre coups d'Etat en cinquante ans, pour préserver le pays d'une dérive despotique ou extrémiste. Or, l'Etat-Major a exprimé samedi son "inquiétude" envers l'idée que le Parlement élise à la présidence de la République un homme issu de l'AKP. Même au non des valeurs laïque et démocratique un nouveau coup d'Etat serait peut être pire que tout pour la Turquie. Cependant, les partis d'opposition se sont opposés à cette prise de parole et défendent un règlement démocratique. Après le coup de force réalisé par les Stanbouliotes, dimanche, tous les partenaires sociaux et l'essentiel des partis réclament des élections législatives anticipées. Après l'Arménie et l'Ukraine, la mobilisation politique turque est en train de donner une leçon de vitalité à l'Europe et à la France en particulier, montrant les voies possibles d'une opposition véritable lorsque le débat est confisqué par un parti dominant à la vision du monde qui est réfuté par les citoyens.