24 décembre, 2006

JOYEUX NOËL !!!



I heard there was a secret chord
that David played and it pleased the Lord
But you don't really care for music, do you?
Well it goes like this:
The fourth, the fifth, the minor fall and the major lift
The baffled king composing Hallelujah

Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah

Well your faith was strong but you needed proof
You saw her bathing on the roof
Her beauty and the moonlight overthrough ya
She tied you to her kitchen chair
She broke your throne and she cut your hair
And from your lips she drew the Hallelujah

Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah

Well, maybe I've been here before
I've seen this room and I've walked this floor
I used to live with Leonard before I knew ya
I've seen your flag on the marble arch
But love is not a victory march
It's a cold and it's a broken Hallelujah

Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah

There was a time when you let me know
What's really going on below
But now you never show that to me do ya
But remember when I moved in you
And the holy dove was moving too
And every breath you drew was Hallelujah

Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah

And maybe there's a God above
But all I've ever learned from love
Was how to shoot somebody who outdrew ya
Well it's not a cry that you hear at night
It's not somebody who's seen the light
It's a cold and it's a broken Hallelujah

Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah
Hallelujah, Hallelujah, Hallelujah, Halle...
It's not what you're told
It's not her face
It's not his touch
In the room you both share
Where he's gone when he loved
When your time and your memory fills your dreams
When you're honest and together
Together no more
No more
Hallelujah, until you're nothing
Hallelujah, baby, until she's everywhere
Hallelujah, until together you are somewhere I'd lost
Hallelujah, Hallelujah.

22 décembre, 2006

L'homme chocolat: révolte!

SACRILEGE!!! en cette avant avant veille de Noël, Naïma m'interdit de manger du chocolat, sous prétexte que, je cite, "ça fait mal au foie". Saint Epicure priez pour nous pauvres gourmands et pardonnez-la, elle ne sait pas ce qu'elle dit... En éclats, en tablettes, en mousse, en sauce et en rochers, le chocolat, ce bon ami du plaisir, ne peut pas faire de mal. Comme dirait Josiane Balasko dans "Le libertin" (un film ou Vincent Perez se prend pour Diderot, ou Arielle Dombasle se fait culbuter par tout ce qui bouge et ou Audrey Tautou est nue dans un Hammam...): "Mais enfin, on ne peut pas tomber malade en mangeant seulement 8 litres de chocolat!".... un met aussi délicat... Bref, Nini, cette hérétique, pense le contraire. Que l'on me casse une jambe, que l'on me creve les yeux, que l'on me coupe la... - heu non faut pas déconner - si je ne peux plus manger mes pains au chocolat le matin sur le chemin de la Sorbonne... Et me dire ça à peine quelques heures après que Patrick Roger m'ait fait gouter sa dernière bouchée gauffrée et pralinée... bref, j'ai pris avis de mes plus proches conseillers en la matière à savoir moi même, ma grand-mère et Mathieu et définitivement non, le chocolat n'est pas mauvais pour la santé...


Comment cette chose si fine qui fond dans la bouche, ce petit parfum épicé dans son raffinement, cette robe délicate et marbrée pourrait-elle nous faire du mal tout en nous conférant tant de plaisir? Regarder cette fève, cette perfection fendue comme il faut et qui ne demande qu'à être caressée... Ce chocolat qui coule encore tiède et dans lequel on aime plonger son doigt, cest petites truffes à peine amères qui font défaillir nos papilles... Non, non, non et non, je refuse votre hérésie chère Naïma, le chocolat est bon pour la santé, et comme dirait Mathieu, en plus il est aphrodisiaque... Je veux du chocolat, je veux du chocolat, je veux du chocolat....

21 décembre, 2006

Cet age dit moyen...

Musicagenade: luxe, calme et volupté...


Ma rencontre avec l'Invitation au voyage s'est faite dansun cours de français, au college, a cet age ou l'on découvre ce qu'il faut découvrir des Fleurs du Mal, que l'on comprend ce qu'il est bon d'en comprendre et nous laisse pour plus tard les délices de leur relecture... On ne ni pas les Fleurs du mal de la même façon en première, puis en hypokhagne... Alors l'intention dérive sur d'autres choix, d'autres volupté plus explicité, d'autres trangressions parfois sataniques... mais finalement on reviens encore sur l'invitation au voyage et sur bien d'autres choses...

20 décembre, 2006

Les géographettes, l'histoire et moi: le citoyen est-il plus libre que le sujet?

Mardi dernier, le nouvau Starbuck de Saint Michel fut animé par une conversation entre Caroline, Julie, Mathieu et moi sur la validité scientifique de l'histoire que Julie, en bonne géographe refusait de nous accorder... Bref, mon animosité intellectuelle envers les géographes ayant été bien stimulé, il a suffit de souffler sur quelques braises pour que les flames sortent du foyer... Je corrigeais tout à l'heure dans le RER la copie d'histoire, d'une de mes étudiantes, géographe aussi, sur le sujet tout à fait traitable et tout à fait à la portée d'un élève de premiere année de fac sur "Les absolutismes en Europe, XVI-XVIIIe s.". Bref mon corrigé fait 14 pages de word... c'est vous dire que c'était simple pour elle...
Bref, la demoiselle conclu sur le fait que nous sommes bien heureux aujourd'hui de pouvoir exprimer notre opinion par le droit de vote même s'il y a encore de méchants tyrans sur terre... Bref, mon sang n'a fait qu'un tour...
Le vote n'est pas nécessaire à la contestation... l'équilibre des rapports de pouvoir est sans cesse réajusté par les partis et la violence politique est une forme de régulation aussi valide que le vote... Bref, comme l'écrit La Boetie, il n'y a pas de servitude involontaire... Par ailleurs, force est de constater qu'il n'y a rien de plus contraire aux Lumières que la notion d'opinion... Les Lumières défendent la recherche de la Vérité et la Vérité des Lumières est incontestable. Toutes les formes de mise en cause de cette Vérité sont donc relatives à l'ignorance, c'est-a-dire aux préjugés, donc de l'opinion... Le citoyen est-il plus libre que le sujet? Cette question ne regarde par l'historien qui ne peut comparer que ce qui est comparable et surtout n'émet pas de jugements de valeur...
Ah, ces géographettes...

musicagenade: Mathieu saura apprécier



I lost myself on a cool damp night
I Gave myself in that misty light
Was hypnotized by a strange delight
Under a lilac tree
I made wine from the lilac tree
Put my heart in its recipe
It makes me see what I want to see
and be what I want to be
?When? (But) I think more than I want to think
Do things I never should do
I drink much more than I ought to drink
Because (it) brings me back ?you? (in)...

Lilac wine is sweet and heady, like my love
Lilac wine, I feel unsteady, like my love
Listen to me... I cannot see clearly
Isn't that she coming to me nearly here?
Lilac wine is sweet and heady where's my love?
Lilac wine, I feel unsteady, where's my love?
Listen to me, why is everything so hazy?
Isn't that she, or am I just going crazy, dear?
Lilac Wine, I feel unready for my love,
feel unready for my love.

17 décembre, 2006

Venise, l'Orient et moi...


A l'image de la princesse Europe enlevée par Zeus en Syrie puis déposée sur les côtes grecques, Venise trouve son origine et sa légitimité en Orient où furent dérobés les reliques de Saint Marc avant d'êtré déposées au coeur de la lagune dans la Basilique construite à cet effet (cf. photo, fresque, détail). Venise nait donc d'un rapt, d'une transgression, mais cette transgression est aussi un rite de passage et d'initiation. Toutefois, au temps de sa franchise, Venise n'a pas consummé la rupture avec son orient d'origine avec lequel elle continue d'entrenir à l'époque moderne des relations à la fois tendues et complices...
L'expo consacrée en ce moment à l'Institut du monde arabe à Venise est l'Orient remet au gout du jour une réalité des échanges connu depuyis longtemps mais éclairé par un regard necessairement différent. On connait déja les phénomènes de transferts culturelle, de diffusion des idées, des choses et des hommes d'Orient en Europe et d'Europe en Orient par la porte vénitienne, mais il reste encore à creuser certains phénomènes évoquer dans l'expo mais qui mérite un commantaire.
Dans la partie de l'expo consacrée à "Venise et les Mamelouks" nous avons l'exemple de verreriees commandés par Venise à des verriers du Caire, or le commanditaire fournit le modèle du verre à travailler et ses motifs... Le verre réalisé sera donc un verre d'Orient mais confectionné non pas depuis une tradition orientale mais d'apres ce que les Venitiens estimes êtres un motif propre à l'Orient. De leur côté, les verriers cairiotes se plient à la demande des Vénitiens et donnent de l'Orient l'image attendue par les Européens... En effet, les Orientaux ne sont pas ici passifs à l'encontre de leur image, ils joue des préjugés de l'autre, les renforcent et se les approprie pour justement pouvoir discuter avec cet autre selon ces bases communes. Le rôle des Orientaux dans l'élaboration de l'orientalisme européen demande donc encore à être questionné...

Antiségogenade: cheveux longs, idées courtes

Les pendules remises à l'heure: à propos du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau

Au détour d'un rayon de librairie, j'ai vu hier la réédition en format de poche du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau portant sur Les traites négrières. L'auteur montre avec beaucoup de rigueur la coexistence de trois traites négrières simultanées et parfois interconnectées. La première est orientale, héritière de la traite antique, et propre aux empires et principeautés du Proche Orient et s'exerce à l'encontre des populations de de la Corne africaine, puis plus généralement de toute l'Afrique orientale. La seconde nous est plus familière, il s'agit de la traite occidentale reposant sur le système bien connu du commerce triangulère. La dernière est moins politiquement correcte à évoquer et pourtant elle est fondamentale, faisant le lien entre les deux autres et surtout rendant en grande partie possible la traite à l'échelle du monde. Il s'agit de la mise en esclavage de tribus africaines par d'autres tribus africaines. Les populations tombées en servilité sont ensuite vendues aux marchands orienteaux et européens.
L'auteur est aujourd'hui poursuivi en justice pour avoir montré cela, j'y reviendrai sans doute plus tard à l'occasion de son procès. Pour le moment, je reprend ici l'essentiel d'un billet publié dans un blog précédant, suite à la réception de l'auteur dans l'un de nos séminaires d'études:



"Hier, à l'occasion des Jeudis du Centre de Recherche d'Histoire Moderne de l'Université Paris I, Bernard Gainot a proposé une lecture du dernier livre d'Olivier Petré-Grenouilleau, Les Traites négrières, en présence de l'auteur. Refusant la culpabilisation intergénérationnelle, l'auteur aborde la question de la Traite en historien, avec le détachement qui s'impose à l'éxigence de sa rigueur, au risque d'en courrir les critiques peut avisées de ceux plus prompts à juger les choses depuis l'esthétique de leurs préjugés.
L'auteur insiste sur la diversité des traites et leur conjonction historique qui permet de penser l'essor du commerce triangulaire initié par les Portugais. Il ne faut pourtant pas oublier que la traite ne fut pas uniquement occidentale, mais aussi orientale et interne à l'Afique. Or si les sources nous permettent de bien cerner la première, celle de l'Orient manque encore de documentation mais les champs de recherche apparaissent comme prometteur. Plus complexe est la traite des Africains par les africains, et pourtant elle semble avoir été d'égale importance que les deux premières. Mais ici l'historien est dépendant de ses sources, lesquelles rendent aujourd'hui impossible une évéluation précise. Malgré tout, il ne faut pas négliger son importance dans la mesure où elle rend en grande partie possible la traite transatlantique.
Les discours sur les traites négrières sont rarement dénués de passion et il faut saluer l'auteur en ce sens pour sa sobriété rigoureuse. Appartient-il à l'historien de poser la question de la responsabilité? Beaucoup le voudraient mais ce n'est pourtant pas là l'objet de la science historique. Du reste, il ne faut pas confondre histoire et mémoire.
Enfin, la question de la longévité de la traite n'est auourd'hui résolue que par des intuitions qui méritent d'être creusées. Ici un dialogue avec l'anthropologie s'impose. Le système concentrationnaire de l'esclavage est très finement structuré, instaurant un rapport de force entre les esclaves. Les esclaves domestiques (dits "nègres de maison") semblent pouvoir apparaitre comme des médiateurs entre le maître et le reste des esclaves. Celà doit nous amener à nous poser le problème de la contrainte et du consentement au sein du groupe servil. S'il y a évidemment énormément de contrainte dans le consetement, il nous appartient, par souci de vérité, de déterminer la part de consement dans la contrainte, au risque de froisser les esprits bien pensants. Une relecture de La Boetie y trouverait toute sa pertinance."

12 décembre, 2006

Un peu de pédagogie...

Une réunion pas comme les autres...

Une conférence un peu spéciale s'est tenue aujourd'hui à Téhéran sous l'égide du président iranien et qui rassemblait à coté des fantatiques musulmans des membres du KKK et des fondamentalistes juifs refusant l'existence de l'Etat d'Israël. La conférence portait de fait sur la remise en cause de l'existence de "l'holocauste des juifs" pendant la Seconde Guerre mondiale.
J'ai déjà exprimé ici ma position sur l'engagement de l'Etat en matière de sciences, et je refuse tout autant que le président iranien ou l'Assemblée nationale s'en mêlent. C'est une question de principe, d'indépendance scientifique, mais vous savez déja tout ça. Si une réponse doit être donnée sur une question scientifique, c'est aux scientifiques de la donner, voici donc quelques point établis par les historiens:

- tout d'abord le terme d'holocauste venu de l'historiographie anglosaxonne est impropre. Un holocauste est une cérémonie sacrificielle grecque et à moins de trouver une dimension eschatologique de signification identique à la Shoah, le rapport me paraît difficile à établir.

- la Shoah est un génocide, c'est à dire le résultat d'une volonté d'exterminer les individus appartenant à un groupe dit "éthnique" homogène

- la Shoah a eu lieu, nous avons les actes témoignant de son organisation administrative et la réalité des massacres est attestée dans les différents centres d'extermination, mais aussi sur le front par les témoignagnes des membres même des Einsatzgruppen. Je ne peux renvoyer ici qu'aux membres de l'Institut d'histoire du temps présent et à leur colloque sur "cultures et guerres" qui a fait la joie des agrégatifs il y a peu...

- oui la Shoah comme tout événement historique peut être discutée, mis en cause, réévaluée, mais celà doit être fait à partir de sources, et ici aucune sources nouvelles ne nous permet de le faire, rien ne nous permet de critiquer les sources que nous utilisons pour affirmer qu'elles ne sont pas valides.

Voilà quelques points qu'il était pour moi important de préciser. Seule la rigueur scientifique de l'historien peut permettre ce genre de mises en cause, et pour le cas de la Shoah, cette rigeur atteste de l'événement et de son ampleur. Je tiens aussi à ajouter qu'il n'appartient pas à un scientifique d'émettre un jugement moral sur tel ou tel événement ou phénomène, et qu'il faut savoir que lorsqu'un Etat affirme légiférer en matière d'histoire ou s'investir dans l'histoire, il ne fait pas de l'histoire mais il construit une mémoire, ce qui est bien différent.

petite invitation bibliographique




Annette Wieviorka,
− Auschwitz expliqué à ma fille, Paris, Seuil 1999
− Déportation et génocide, Paris, Hachette, 2003
− Le procès de Nuremberg, Paris, Liana Levi, 2006

11 décembre, 2006

Katie et moi: Half-way up the Hindu Kush

Feeling 25, acting 17...




Alors voilà, ça commence comme ça un concert de Katie Mélua: une petite brune qui n'en revient pas d'être là entre sur scène pour rejoindre au plus vite la tête baissée son tabouret, elle attrape sa guitare dans le mouvement, s'assoie, pince ses premières cordes et lève enfin là tête presque génée, pardon ce n'est que moi..., "bonsoir mes amis Français" et c'est parti...
Ouverture sur Faraway voice. Première partie acoustique pour se mettre à l'aise, peremières cofidences aussi, elle n'en revient pas de ce qui lui arrive depuis quatre ans, bref cette fille hallucine et avance sur son nuage... Un peu d'air pur et frai ça ne peut faire que du bien... Elle accompagne d'un arpège une boite à musique posée à coté d'elle. La miss prend confiance, la partie solo se termine et elle se lache.


Considérations féminines: "comment peut-elle danser avec des bottes à talons aiguilles...", passons, la miss est une petite bombe, elle explose et rebondit partout, le rythme jazz blues de Call of the search et de Piece by piece laisse résolument place à une atmosphère pop-rock... Ca y est on ne peut plus l'arreter, elle saute de la guitare accoustique au piano et du piano à la guitare électrique. Feeling 23, acting 17... On the road again, elle trippe sur scéne, elle s'éclate et cette fois ci c'est nous qui hallucinons. Spider's web, on se laisse avoir comme des débutants... It's only pain, la salle est absoute...


Le concert est certes un peu court comme toutes les bonnes choses, on en demanderait encore, mais après tout ce concert unique en France de sa tournée reste une petite chose précieuse, une petite bouffée d'air pour la salle qui l'attendait. Espérons qu'elle ne descende pas de son nuage et qu'elle continue à halluciner de son succès.

Petite perle: Katie Mélua et Queen, Too much love will kill you

10 décembre, 2006

Mitmenschlichkeit



Il y a presque un an jour pour jour Katie Melau était donc reçue chez Naguy à Taratata, j'avais bien entendu Nine million bicycles et Spider's web qulques soirs sur Europe 1, mais cette fois-ci je pouvais mettre un visage sur une artiste que je confondais souvent avec Nora Jones.... Honte à moi... Et puis voilà, il parait qui faut des mythes fondateurs pour éclairer nos actes et nos gouts... On me demande souvent pourquoi j'aime tant Katie Mélua et j'avoue que je ne sais pas trop quoi répondre... Je crois qu'elle me dit ce que j'ai envie d'entendre, elle le dit bien et joliement, elle parle de tristesse en consolant celui qui l'écoute, bref une vraie petite thérapie et quand bien même on en aurait pas besoin c'est aussi, encore et déja un plaisir. J'ai flirté pendant 7 ou 8 mois avec sa musique, jusqu'à ce qu'un voyage en Italie me laisse le temps de me reposer dessus... Et puis voilà, comme je l'ai déja raconté je crois, le plaisir de partir d'un hotel romain le matin en sa compagnie et de se ballader dans la ville est resté comme ces moments où l'on bascule du flirt à autre chose... Il y a bien entendu une femme derrière tout ça, qui m'a accompagné à Venise, qui participait à nos soirées toscanes autour d'une table à la terasse d'une tratoria parfois jusqu'à tres tard la nuit et qui à Rome était encore là... Mais ce qui est plus rare avec Katie Melua, c'est qu'une fois que cette histoire soit passée, sa musique est restée, au-delà de la nostalgie, mais comme une compagne un "Mitmenschlichkeit", enfin vous voyez ce que je veux dire, non?

Sarko, Sego, François, Ma grand mère et moi...


Alors voilà, je me suis fait engueulé parce que ce midi j'ai dit que je ne voterai pas pour "l'autre" (dixit Sego), oui quand je n'aime pas les gens ils perdent le droit que je site leur nom... Bref mais la grande question est, pour qui vais je voter? Pour Sarko? comme dirait ma grand-mère, en fine politicienne, Sarko c'est comme Napoléon et Hitler, il compense en pouvoir politique la frustration de s taille. Bon je vous previens je n'admettrait aucune critique à l'encore de la précieuse analyse grandmaternelle lol.
Peu importe... pour qui voter alors... ben y'a bien... non ma grand mère m'a dit qu'il fallait ê^t^re sérieux... mais y'a quand même... bon ok mais quand même... Bon allé je lache le mot il y a François Bayrou, et interdiction absolue de rire!!! Bon ok entre Frabçois et moi il y a une gros problème qui se situe aux alentours du Bosphore... mais si on en parle pas ça devrait le faire... non?... bon bref en tout cas je ne suis pas le seul à prendre ce chemin là si j'ai bien compris... Et si la démocratie participative envoyait Ségo et le PS droit dans le mur?

05 décembre, 2006

Société, sexualité et conflits au Village: Sileby dans les années 1630

Bon à la demande générale je met en ligne un cours de L3 que j'ai donné à Cergy le 27 octobre dernier...

Suite à des allégations de scandales sexuels, la paroisse de Sileby dans le Leicestershire connaît dans les années 1630 une dispute particulièrement violente entre deux familles de notables. Les soixante dépositions dont nous disposons donnent la parole à des hommes de 20 à 78 ans de catégories sociales différentes allant du gentleman au journalier. La société se met en scène et dévoile sa cohésion autant que ses ruptures, sa hiérarchie et ses solidarités. Cette étude s’inscrit dans une démarche historiographique ancienne, aujourd’hui renouvelée par la micro-histoire. Les sources judiciaires ici en question nous donnent accès à d’autre discours sur la société rurale que celle des élites. Les travaux de l’Ecole des Annales dans la suite de Robert Mandrou avaient initié ce type d’approche. Bartolomé Bennassar pour l’Espagne et Robert Muchembled pour la France l’ont poursuivi, affiné et nuancé. Le cas de Sileby questionne non seulement notre compréhension de la société rurale anglaise mais aussi l’histoire rurale du XVIIe siècle dans son ensemble.
Le biais des sources judiciaires est de mettre en valeur les conflits au détriment des moments de concorde et d’union. Si comme l’énoncent Muchembled et Kamen, le XVIIe siècle est « un siècle de fer » pour le monde rural, la conflictualité de Sileby est-elle tant le reflet d’une dissolution des liens sociaux de la société paysanne que celui d’une remarquable vitalité ?
L’étude du cadre social de Sileby nous conduit à nous arrêter sur les acteurs du conflit, lesquels nous permettent enfin d’envisager une interprétation sociale de la sexualité villageoise au XVIIe siècle.





I - Le cadre social désolé d’une dispute


A/ Une agriculture mixte

Sileby est traversée par la Soar entre Leicester et Loughborough. La ville est située au milieu d’un paysage d’open-field. L’économie est centrée sur l’élevage et l’engraissement des bêtes et est reliée aux marchés de Leicester, Nottingham et Londres. A ce commerce s’ajoute une économie frumentaire de culture des terres arables. Par ailleurs, l’élevage suscite le développement d’une tannerie et d’un petit artisanat.


B/ Une communauté livrée à elle-même

Le village n’accueille aucun représentant de l’Etat ou ministre du culte. Ralph Dumelow est curateur depuis 1619. Il est pauvre et son éducation demeure limitée. L’entretien de l’Eglise est malaisé. Le grand vitrail est brisé depuis 1609 et n’a pas été réparé depuis. Les paroissiens ne bénéficient pas d’un encadrement religieux strict ce qui implique une certaine déviation de leur comportement à l’égard de la doctrine de l’Eglise : grossesses prénuptiales, adultères, sabbats… John Pownoe vit incestueusement avec sa sœur.
Les seigneurs du Manoir, les Shirley of Staunton Harold ne résident pas dans le village. Ils ont vendu la plus grande partie de leurs terres à Sileby depuis la fin des années 1610. Les Babington of Nerby Rothley sont les plus puissants. Le pouvoir local est totalement accaparé par des freeholders (tenanciers libres). A la fin des années 1630, une dispute éclate entre les « meilleures familles » (better sort) de la ville, les Reading et les Church. Thomas Reading est yeoman et sert comme churchwarden (gardien de l’église) en 1637-8 avant d’être remplacé par Thomas Church. Thomas Reading porte des allégations d’immoralité sexuelle contre Bridget, l’épouse de Thomas Church, âgée de 23 ans. Les accusations sont classiques : multiples adultères avec des hommes d’Eglise ou de la gentry, inceste, légèreté…


C/ Une société de la réputation et de la rumeur

Si ces accusations peuvent difficilement être prises au sérieux, elles n’en sont pas moins le reflet des valeurs de la société qui les produit. Elles prennent toutefois dans le cadre d’une paroisse rurale un sens particulier, celui de leur élaboration dans une société ou tout le monde se connaît et de la réintégration de la personne diffamée une fois l’affaire jugée. Le préjudice et sa réparation constituent un enjeu social. De même, l’accusation et le mensonge sont alors des stratégies visant à désocialiser la personne, sur laquelle ils sont portés. Par ailleurs, parmi les témoins, seuls John et Isabel Salter disent avoir vu ce qu’ils prétendent, les autres ne font état que de la réputation de Bridget.
John, le laboureur, et Isabel, son épouse, sont en effet les témoins clé. S’étant rendu chez ses employeurs à Lent en 1637, il dit avoir vu, par une ouverture dans le mur de la chambre, Bridget faisant l’amour avec le jeune Amos Crosley. Isabel l’ayant suivi, dit avoir également constaté la chose quelques minutes après. Isabel affirme encore avoir surpris Bridget peu après avec John Norton, un gentleman. L’accusation d’inceste est plus ambiguë, elle reposerait sur la confession qu’en aurait faite Thomas Church à plusieurs personnes et sur de prétendus aveux de Bridget. Enfin, la dernière accusation d’adultère naît d’un homme qui s’en serait venté dans une taverne de Leton Fair.
Plusieurs questions se posent à la suite de ces témoignages. Les Salter font leur déposition en 1639, deux ans après les faits. Pourquoi ont-ils attendu ? Pourquoi Thomas Reading n’a-t-il pas profiter de sa position de churchwarden pour porter ces accusations à l’époque ? Il s’avère que les tensions entre T. Reading et T. Church s’expriment essentiellement à partir de 1638. La diffamation sexuelle ne serait que le point culminant de la dispute. L’accusation est par ailleurs très facile et courante. Il n’en est pas moins que la position de T. Church le fragilise et il finit par être condamné et excommunié à Leicester en 1640.



II - Les acteurs de la société villageoise de Sileby


A/ Le better sort d’une paroisse du Leicestershire : une puissance sociale précaire

Les Reading et les Church affichent avec fierté leur appartenance au « better sort », mais leur position n’est pas totalement assurée. « Grocer » (épicier), T. Church est une figure atypique du monde rural. Il s’inscrit difficilement dans la hiérarchie usuelle. Par ailleurs, Bridget a reçu une éducation modeste. Elle insiste sur le fait qu’elle vit d’une de « manière civile et simple » avec son mari, mais en amitié avec le « better sort » de la paroisse. Elle est mère de deux enfants encore en vie en 1640. Cependant, le mariage aurait été réalisé contre l’avis de la famille Church. En, effet, il fut clandestin en 1633. Bridget n’avait que 17 ans et était déjà enceinte. La position de Bridget, qui ne fut jamais acceptée par les Church, et donc éminemment vulnérable. A cette stature sociale indécise s’ajoute l’héritage d’un père catholique excommunié en 1617 puis une nouvelle fois en 1637… par T. Reading… Sa maladie lui vaut d’être « réintégré » par l’Eglise d’Angleterre en 1639. Si Reading n’invoque jamais les arguments religieux, le catholicisme du père de Bridget donne à l’affaire une certaine profondeur. Toutefois, la position sociale de Thomas Reading n’est pas non plus inébranlable. Ce newcomer ne possède son élevage que depuis son mariage en 1633. Il a auparavant travaillé dans une ferme et semble d’extraction très modeste.

Il n’en est pas moins que les Church et les Reading appartiennent au « better sort » de Sileby. Les dépositions les envisagent comme insérés dans un réseau de voisinage complexe au sein de la paroisse. Cependant le better sort de Sileby n’est pas uni et harmonieux. Il est déjà divisé bien avant cette affaire témoignant d’anciens griefs entre les Reading et les Norton, ces derniers étant proches des Church. L’opposition entre les deux groupes est largement fonction de rivalités économique et politique mais aussi des affinités spontanées ou construites en réaction à une série de jugements de valeurs portés sur des comportements sociaux.


B/ Le poorer sort : alliances et dynamiques sociales particulières

Si la dispute est au sein du better sort, elle ne touche pas moins l’ensemble du corps social de Sileby. John et Isabel Salter sont peut-être les représentants les plus présents des groupes sociaux subordonnés. Avant leur mariage en 1637, John travaillant comme garçon de ferme et Isabel comme femme de chambre. Elle démissionne au moment des premiers soupçons sur sa grossesse. Le mariage qui s’en suit est jugé « malhonnête » et leur vaut d’être mis au ban de la société villageoise. Ils vivent dans l’indigence et ne bénéficient d’un toit que par la bonne volonté de la maîtresse de maison qui avait embauché Isabel. Cependant, dépourvu de richesse, ils dorment sur le parquet de leur chambre. Ils travaillent en tant que journaliers, quand ils le peuvent, pour pouvoir survivre. Ils sont régulièrement accusés de rapines nocturnes.
Isabel est bien plus âgée que John et a été accusée en 1633 d’être la maîtresse de John Gaste. A la mort de ses jumeaux en 1638, la même nuit, elle est soupçonnée d’infanticide. D’autres la disent atteinte du pox (syphilis). En 1638, Norton les accuse de plusieurs délits et fait fouiller leur foyer. Elle est condamnée à Leicester à avoir la main brûlée. Plaidant une nouvelle grossesse, la sanction est levée. Les Salter sont les témoins clé, mais leur déposition est loin d’être crédible.
D’autres figures de Sileby nous permettent de compléter le tableau du groupe social auquel appartiennent les Salter. Marjorie Addams, 58 ans, aurait donné naissance à un enfant illégitime et se serait mariée le même jour 20 ans plutôt. Elizabeth Gardiner, 40 ans, proche des Salter, vit de la cuisine qu’elle prépare pour ses voisins et peut-être aussi de quelques rapines et de prostitution… Barbara Stafford, 50 ans, glane pendant l’été et dérobe du blé. Catherine Pownoe, 31 ans, est une vagabonde qui donne naissance à un enfant illégitime 10 ans plutôt. Elle finit par loger dans l’étable de William Oswin, sa marginalité symbolise la condition sociale de la communauté. Son frère aîné, John, se marie clandestinement en 1619 avec la nièce de sa dernière épouse, Joyce, avant de la tromper avec sa sœur, Millicent, et d’avoir avec cette dernière plusieurs enfants. Millicent avoue les faits et finit par être ordonnée par l’Eglise en 1630… Or la liaison entre John et Millicent se poursuit après l’ordination.
Les dépositions révèlent, bien entendu, des moments d’unité sociale au sein de la communauté (fêtes, cérémonies religieuses, travaux agricoles…), mais aussi d’autres de plus sévères de désunion. La légalité semble régulièrement mise en cause et la communauté, dans son entier, prend ses distances à l’égard de l’ordre juridique et religieux. Ce jeu facilite les accusations opportunes à l’encontre d’un ennemi. Bridget finit par être lavée des soupçons pesant sur elle, le juge disqualifiant le témoignage des Salter.


C/ Manque d’autorité, divisions et réputation : une société tourmentée

L’absence de condamnation prononcée par la cour ecclésiastique peut passer pour un manque d’autorité de sa part, mais l’un de ses buts premiers est de restaurer l’harmonie dans la paroisse de Sileby. Il n’en est pas moins que le processus usuel de négociation y échoue. Les Reading et les Church sont des individus d’un certain statut social, trop puissant pour se résoudre à un compromis, mais ce statut reste pour eux trop précaire pour ignorer les insultes. Par ailleurs, le cadre de cette petite paroisse rend tous les intermédiaires désignés suspects de trop grande proximité à l’égard d’une ou l’autre des familles aux yeux de son adversaire. Seul un homme plus puissant qu’elles peut s’imposer. Au printemps 1639, Londres envoie à Sileby un vicaire, Anthony Berridge, diplômé de Cambridge et fort de ses relations au sein de la Gentry. Berridge est depuis des décennies l’homme le plus important de la paroisse, laquelle ne connaît qu’un curateur. Son autorité dépasse les familles du better sort local.
La dispute n’est pas alors tant le résultat d’une puissance trop forte des familles que du manque d’autorité de l’Eglise et de l’Etat sur la paroisse. L’exemple de Sileby nous montre que les divisions sociales de l’Angleterre moderne peuvent être tout autant verticales qu’horizontales. Elles opposent certes deux familles du better sort, mais aussi l’une d’elles aux Salter, vivant en marge de la communauté. Plus encore, les divisions du better sort de Sileby scindent la communauté en deux et la ligne de partage traverse aussi le poorer sort. La fidélité des Salter au Reading doit encore être comprise comme une stratégie sociale qui vise à les réintégrer au sein de la communauté et de laquelle doit découler des avantages matériels réels, telle l’obtention d’un terrain pour construire une maison… Cependant, les Salter ne sont pas les simples instruments des Reading, Isabel est aussi animée d’un désir personnel de vengeance à l’égard de Bridget.
La question de la réputation est alors posée. Certains paroissiens de Sileby l’envisagent comme l’opinion de la majorité d’entre eux à l’égard d’une personne ou d’une famille. Mais cette réputation est avant tout un crédit moral résultant d’un statut social et économique. Le concept de « common fame » n’en est pas moins ambiguë par la diversité des définitions que les paroissiens de Sileby lui accordent. La proximité de Bridget à l’égard des tant d’hommes mariés doit aussi être soulevée. Dans une société obsédée par la chasteté féminine cette proximité pose problème. Or, beaucoup de femme témoignant insistent si le fait qu’il n’y a rien d’immoral de danser ou d’embrasser ses amis. Le baiser est alors un acte social ambigu qui peut signifier une marque d’affection anodine ou bien, plus encore, l’euphémisme du désir sexuel.



III - Essai d’interprétation : la sexualité au village comme enjeu social


A/ La famille : une sexualité admise et nécessaire

La famille est en elle-même le produit de la sexualité. Celle-ci est au cœur du mariage qui la régule et assure la descendance, la transmission de la propriété et la continuation des solidarités familiales. En effet, la famille est le premier cadre de la sociabilité au village. C’est celui d’un refuge dans lequel l’individu trouve sa place et par lequel il se définit. Les jeunes filles et les veuves ne sont pas libres de leurs vœux contrairement à la fiction qu’alimente l’Eglise. Elles participent aux stratégies d’alliances familiales. Les autorités garantissent ses solidarités en interdisant les rapts et mariage clandestins.
Aussi le mariage de Thomas Church et de Bridget est au cœur même de la précarité sociale du couple. En épousant une fille de catholique, Thomas rompt avec sa famille, mais il rompt aussi avec son milieu social dans la mesure où Bridget apparaît comme une déclassée. En elle-même, alors, Bridget incarne le trouble à l’ordre social, et sa sexualité ne peut en être que le reflet aux yeux de ses contemporains. Nous ignorons la réaction de Thomas quant à l’infidélité supposée de son épouse, mais il n’en est pas moins que l’adultère fragilise socialement le couple.

En effet, l’adultère suppose une transgression, celle d’une fidélité non seulement à l’égard d’un homme mais aussi de toute une famille, voire d’une parentèle. Or plusieurs nuances doivent être apportées à cela. Tout d’abord, l’adultère de Bridget se commet au sein de cette parentèle avec des personnes avec lesquelles elle « vit en amitié ». Si cela peut faire imploser la parentèle, on peut aussi envisager que cela rende l’adultère, si ce n’est acceptable, du moins pardonnable, dans la mesure où il n’indique pas une infidélité à son égard. Par ailleurs, le mariage entre Thomas et Bridget étant en lui-même une forme de transgression sociale, les conséquences de l’adultères apparaissent moindres pour le couple.


B/ La sexualité : une relation sociale à part entière

La sexualité au village peut être envisagée comme une relation sociale comme une autre, en ce sens qu’elle répond à des normes et des valeurs particulières. Elle est à la fois le témoin, l’enjeu et l’essence de la sociabilité. On peut alors esquisser une typologie des relations sociales au village au XVIIe siècle par le biais de la sexualité. Cette sexualité dit d’abord un rapport de domination. Cette domination sociale est évidente dans les relations entre Bridget et le jeune Amos Crosley. Elle révèle encore une chose évidente, l’utilisation des jeunes hommes par les femmes plus mûres, ou si ce n’est simplement mariée, dans l’assouvissement d’un désir. Amos appartient au même clan que Bridget, par ailleurs, sa vocation ecclésiastique rend cet adultère sans risque pour la parentèle.
D’autre part, la sexualité dit aussi une certaine identité sociale. S’il existe un rapport de force favorable entre Bridget et Amos, Amos n’en est pas moins une personne au statut social respectable. Il sait lire et écrire et sa vocation ecclésiastique le place symboliquement parmi les notables, ou les futurs notables de la société. Tous les amants que l’on prête à Bridget sont par ailleurs des gentlemen où du moins des hommes du « better sort » avec toutes les nuances que l’expression sous-entend à Sileby. La sexualité c’est aussi la reconnaissance de son partenaire comme son égal, il y a une certaine dignité à être la maîtresse d’un gentleman et une indignité à être celle d’un journalier. En ce sens, l’agressivité du couple Salter est en quelque sorte une jalousie sociale dont la sexualité est un des biais.
Enfin, il faut encore relever une sexualité relevant du défoulement. Ce défoulement possède ses acteurs. La figure de la prostituée, si elle est mise en marge de la société, n’a pas moins un rôle social évident. Dans un siècle où la pression démographique s’accroît sans que la terre se multiplie, la prostituée permet aux cadets et aux hommes mariés une sexualité socialement sans risque, les uns n’ayant pas à épouser leur maîtresse et les autres n’ayant pas à reconnaître leurs bâtards et donc à éparpiller leur héritage. C’est en partie parce qu’elles sont socialement marginales, que les prostituées sont socialement importantes. D’une certaine manière, Amos est aussi en marge de la société temporelle et assure à Bridget une sexualité sans risque comme nous l’avons précédemment suggéré.


C/ Les pratiques sexuelles comme pratiques sociales


Robert Muchembled a récemment démontré que le plaisir n’est jamais uniquement charnel. Le plaisir, comme toute émotion, est soumis à l’environnement social et culturel dans lequel il s’inscrit. Aussi, on aurait tort d’envisager sa recherche avant tout masculine, du moins au sein du village. Les études réalisées sur le Somerset, et dont rend compte Robert Muchembled pour le XVIIe siècle, sont des plus révélatrices et montrent le souci de beaucoup de femmes de susciter et de disposer de leur corps. L’utilisation de partenaires marginaux est l’un des biais possible, tout comme le développement de la masturbation qui est autant un phénomène masculin de féminin au XVIIe siècle et émerge avec l’individualisme de 1600 : « My name is Will » écrit Shakespeare. Certaines femmes du Somerset, telle Mary Combe, femme d’un aubergiste, avouent même sans honte dans leur déposition que le premier venu est parfois le bienvenu…
Cette recherche du plaisir obéit néanmoins à des contraintes. La première est, bien entendu, de ne pas mettre en cause son groupe social par des naissances adultérines ou prénuptiales. C’est la grossesse de Bridget qui accélère son mariage et d’une certaine manière engage Thomas à une union socialement réprouvée par sa famille. Les grossesses trop nombreuses sont parfois aussi redoutées que les grossesses illégitimes. La crainte d’avoir trop de bouches à nourrir modifie la sexualité en développant des pratiques alternatives : onanisme réciproque, pratiques orales, sodomie, coït interrompu... Ces pratiques ne sont pas uniquement réservées aux amants, mais s’opèrent au sein même du couple en tant que régulateurs de naissances.
Enfin reste à questionner la réalité de ses pratiques au regard d’un climat moral qui lui aussi se durcit au XVIIe siècle. Les traités de mariage montre que le XVIIe siècle voit le développement de l’idée de Grâce associée à la sexualité du couple, ce qui déculpabilise celle-ci pour mieux la circonscrire. Or, si l’on suit les études faites sur le Somerset, et au regard des diverses transgressions sociales et pénales auxquelles se livre la quasi-totalité de la paroisse de Sileby, il s’avère que le comportement que l’on reproche à Bridget est y passablement répandu. Plus que de mettre en cause les accusations qu’on lui porte, les accepter nous permet alors de réinterpréter l’affaire et une conclusion de Bernard Capp. La relaxe de Bridget serait le signe d’une permissivité à l’égard d’un comportement répandu, lequel, de fait, disqualifie comme hypocrite les accusations morales des Reading. Cela permet aussi de penser la réintégration de Bridget au sein d’une société villageoise qui est loin de la percevoir comme marginale.



Aussi, Sileby est un cadre socialement sinistré, duquel les élites ecclésiastiques, politiques et sociales traditionnelles sont absentes. Le better sort s’avère alors extrêmement précaire, mais réussi néanmoins à tisser des liens sociaux avec un poor sort, que l’on aurait tort de n’envisager que comme passif. Au sein de ce conflit émerge le problème de la sexualité comme question sociale, laquelle doit se comprendre comme un objet de société à part entière.



BIBLIOGRAPHIE :

CAPP Bernard,
− « Life, Love and Litigation : Sileby in the 1630s », Past and Present, a journal of historical studies, Oxford , 182, 2004
FLANDRIN Jean-Louis,
− Le Sexe et l’Occident : évolution des attitudes et des comportements, Paris, 1981
FLETCHER Anthony,
− Gender, Sex and Subordination in England, 1500-1800, New Haven, 1995
FOUCAULT Michel,
− Histoire de la sexualité, 3 tomes, Paris, 1975-1984
MUCHEMBLED Robert,
− « Famille, sociabilité et relations sociales au village (XVe-XVIIIe siècle) », Robert MUCHEMBLED, Gérard SIVERY, Nos ancètres, les paysans. Aspects du monde rural dans le Nord-Pas-de-Calais des origines à nos jours, Lille, 1983
− La Violence au village (XVe-XVIIe siècle). Comportements populaires et mentalités en Artois, Paris, 1989
− Société, cultures et mentalités dans la France moderne, XVe-XVIIIe siècle, Paris, 1991
− Passions de femmes au temps de la reine Margot, 1553-1615, Paris, 2003
− L’orgasme et l’occident. Une histoire du plaisir du XVIe siècle à nos jours, Paris, 2005

Les resto, la conscience et moi....


Voilà, c'est fait, les restos entrent dans une nouvelle campagne, toutefois, ces dernières années une question traverse les bénévolent et les artistes... Est-ce à l'initiative privée de prendre en charge des domaines ou l'Etat est défaillant? Et ces restos n'entérinent-ils pas de fait la misère. Nous retrouvons ici la grande question qui divise la gauche française en pragmatiques et et dogmatiques... Saurait-on prendre l'un ou l'autre de ces deux parties sans pour le premier ne pas sentir l'épreuve de se compromettre en parrant au plus urgent et pour le second l'affliction de ne pas intervenir devant une souffrance... La question reste posée.


Si je me souviens bien ce concert à eu lieu le 20 avril 2002, non?...

Musicagenade: charmante ironie...

Je n'avais jamais vraiment fait attention aux paroles de cette chanson avant ce Caen-Paris de dimanche dernier... Décidément, un peu d'ironie ne fait pas de mal à l'optimisme, bien au contraire...
Au fait, Julie pense que je préfère les brunes...
Elle raconte n'importe quoi, non?


Katie Melua
envoyé par mf1989

03 décembre, 2006

Musicagenade: divine, cruelle et universelle vérité...

ma chère Julie, puisque nous en parlions...

Caen, Julie et moi

Voilà, le week end se finit et je reviens à peine de Normandie que je suis de nouveau connecté à ce blog. La Normandie me direz-vous, qu'allait-il faire dans cette galère? Ahhhhh la province, vous savez là où il y a des vaches et ou les appart' sont plus grands et moins chers qu'à Paris...?
Certes... Arrivé à Caen vendredi dans la soirée, Julie m'attendait sur le quai de la gare pour rejoindre un groupe de collègues-amies pour un petit repas d'anniversaire tres sympatique. A l'exception d'un éléments hexogène, tous profs... Presque que de charmantes jeunes filles... la soirée débute bien... A peine assis, Aurore se lache, ça y est la mobilisation pour trouver un mec à Julie commence, deux/troix personnes se regardent interloquées... non non Julie et moi ne sommes pas ensemble, soulagement, on se détend autour de la table... Bref, jolie déclinaison de quiches et de quelques normaderies tourtières, et ça papote de salle des prof, d'iufm et de blog d'élèves... Les profs du secondaires seraient-ils pires que leurs élèves? J'espère bien, faut bien tenir la route... Enfin, le temps passe en bonne compagnie... l'heure d'aller prendre un verre est arrivé.
00H30 devant ce que les Caennais appelle un "port"... passons... Une boite et hop c'est parti pour les derniers courageux. Terrible sensation que le sexy vulgaire revient à la mode... mais bon sans Helmut Newton ça manque d'intérêt. Bref près du bar un mec se la joue baroudeur et essaie de séduir une donselle, d'autres paons font la roue et les jeunes filles ne disent pas non... Soudain un autre prof arrive, Nathalie se décompose... c'est un prétendant sans lucidité qui n'a pas tout compris... Bref... la soirée se termine à 2H... et oui, les boites caennaises ferment à deux heure... Pas vu grand chose pour le moment... on verra bien demain.

Alors voilà, après une matinée particulièrement grasse, c'est ça caen... Pas mal en fait, Julie compare la ville à Rome, je n'irais pas jusque là mais ça mérite d'être connu. Un chateau, une église, quelques abbayes... bon je suis dans mon paysage naturel... Soudain des Galeries, un Printemps et un Minelli... ouf nous ne sommes pas sortis de l'oeucumène, la ville gagne mon affection... C'est fou ce sentiment d'être plus parisien hors de paris qu'à Paris même... Enfin pour moi qui peine à traverser la Seine et pour qui la rive droite est un pays étranger, c'est une expédition. Bref, j'ai cru comprendre ne pas être le seul, n'est-ce pas Naïma?
Quelques cafés pris à gauche et à droite entre collegues ou simplement amis et le soir arrive. Rendez-vous prévu dans un petit bar assez sympa, et oui il y a une vie nocturne particulièrement animée le samedi soir à Caen. Je sais, je sais, c'est dur à croire. Bref retrouvaille d'IUFM et pour Julie et de mon coté, autonomisation d'une conversation avec un doctorant de socio. On parle de l'inutilité réciproque de nos travaux, nos modesties naturelles tendent à dévaloriser faussement nos disciplines respectives, peu importe... tient, on se rend compte que nos démarches et nos problématiques sont les mêmes, soudain rien n'est plus indispensable que l'anthropologie, l'histoire et la socio... Je me fais traiter d'interactioniste... voire de marxiste je crois, peu importe, je me défend de l'insulte fatale, j'étaie et finalement s'esquisse un début de conviction, ouf, la dignité est sauvée par le doute. Soudain Florian qui bosse sur "la pratique de la guitare" m'apprend la forte tentation lesbienne des femmes guitaristes. Mon coeur se braque, mes espoirs divaguent... et si Katie? Non je ne veux même pas y penser... Aller Julie, on rentre... la nouvelle est trop dure.

Nouvelle grasse mat' et l'objet officiel de ma visite se profile. Julie se paume à Ouistreham, finalement ouf, la mer et un bon resto. Un foie gras de canard, un filet de cabillaud à la bisque de homard et une mousse au chocolat plus loin... nous sommes repartis, j'attrape un train et me voici, heureux d'avoir constaté les progrès diffus de la civilisation à la province mais content de retrouver ma cave entre le dragon et la sorcière...