
Les embruns nauséabonds qui ont frappé le 300 de Zack Snyder ont touché la France... Les rugbymen du XV de France ont en effet décidé de reprendre à leur compte le cri de guerre des soldats spartiates dans l'adaption récente de la BD de Frank Miller. Que le sport d'équipe soit une métaphore assumée de la guerre est une chose, mais tout dépend aussi de pour quoi ont fait la guerre. L'identification à la société spartiate est plus que douteuse. La cité de Sparte qui dominait la Grêce du Veme siècle est une société eugéniste "où les armes font les hommes", profondément inégalitaire, xénophobe et violente. Nous sommes bien loin ici des vlareus revendiquées généralement par l'Ovalie...

Mais plus encore qu'à Sparte, c'est au film de Snyder que le XV de France se réfère, film qui voile à peine la stigmatisation de l'orient Perse, dénonçant le cosmopolitisme comme une dégénérescence et qui fait de la patrie et de la pureté du sang l'idéal son horizon d'attente. La solidarité des Spartiates de Snyder est celle d'une société mysogine qui veut la guerre et non la diplomatie, qui n'existe qu'entre les hommes "parfaits" qui n'ont pas été exécuté à leur naissance pour une doigt trop long ou un grain de beauté de trop, et dont l'initiation passe par le massacre des ilotes, esclaves cultuvant la terre hors de la cité, c'est-à-dire hors de l'espace vécu comme civilisé...

Bien entendu le XV de France pêche par ignorance de tout celà, bien entendu tout cette symbolique lui échappe, mais il n'en est pas moins que le film de Snyder a fait son oeuvre en suscitant la banalisation d'une violence reposant sur des valeurs détestables, une vision du monde biaisée et le préjugé patriotique. Cependant, aux thermopyles, ce sont les Perses qui l'ont emporté...