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05 septembre, 2007

Les valeurs de l'Ovalie reniées par le XV de France?


Les embruns nauséabonds qui ont frappé le 300 de Zack Snyder ont touché la France... Les rugbymen du XV de France ont en effet décidé de reprendre à leur compte le cri de guerre des soldats spartiates dans l'adaption récente de la BD de Frank Miller. Que le sport d'équipe soit une métaphore assumée de la guerre est une chose, mais tout dépend aussi de pour quoi ont fait la guerre. L'identification à la société spartiate est plus que douteuse. La cité de Sparte qui dominait la Grêce du Veme siècle est une société eugéniste "où les armes font les hommes", profondément inégalitaire, xénophobe et violente. Nous sommes bien loin ici des vlareus revendiquées généralement par l'Ovalie...


Mais plus encore qu'à Sparte, c'est au film de Snyder que le XV de France se réfère, film qui voile à peine la stigmatisation de l'orient Perse, dénonçant le cosmopolitisme comme une dégénérescence et qui fait de la patrie et de la pureté du sang l'idéal son horizon d'attente. La solidarité des Spartiates de Snyder est celle d'une société mysogine qui veut la guerre et non la diplomatie, qui n'existe qu'entre les hommes "parfaits" qui n'ont pas été exécuté à leur naissance pour une doigt trop long ou un grain de beauté de trop, et dont l'initiation passe par le massacre des ilotes, esclaves cultuvant la terre hors de la cité, c'est-à-dire hors de l'espace vécu comme civilisé...


Bien entendu le XV de France pêche par ignorance de tout celà, bien entendu tout cette symbolique lui échappe, mais il n'en est pas moins que le film de Snyder a fait son oeuvre en suscitant la banalisation d'une violence reposant sur des valeurs détestables, une vision du monde biaisée et le préjugé patriotique. Cependant, aux thermopyles, ce sont les Perses qui l'ont emporté...

28 juin, 2007

Persepolis: quelques fleurs de jasmin


Les lecteurs du Papageno savent bien l'intérêt que je porte à l'Iran et c'est donc tout naturellement que je suis allé voir le Persepolis de Marjane Satrapi au ciné, adapté de sa bd. Je crois que tous les compliments ont été offerts à ce film, et à juste titre, sans qu'il soit besoin d'en ajouter. Cette Biographie Dessinée présente entre autre l'intérêt d'un autre regard sur l'Iran, celle d'une génération née sous le Shah, qui a connu un Iran ouvert sur le monde, l'Iran d'une révolution menée en partie par les communistes et les intellectuels, la démocratie, l'élection légale et démocratique du parti Islamique et l'instauration d'un régime totalitaire et intégriste. Persepolis, ancienne capitale de la Perse, le Teheran d'avant, nous présente la vie d'avant, celle d'un culture riche, dynamique, ancienne et ambitieuse. L'Iran apparait alors avoir échoué là où la Turquie a réussi sa démocratisation. Mais Persépolis nous dit qu'il y a eu aussi une modernisation iranienne, elle en nourrit la mémoire, une certaine nostalgie et donc déja une résistance.


Persepolis c'est d'abord bien entendu l'histoire d'une femme iranienne confrontée aux barbares barbue et au préjugé des occidentaux qui ne trouve en Europe sa place que dans les milieux marginaux avant de revenir. Persepolis c'est encore l'histoire du rapport d'une femme à la religion, de son reniement, l'histoire d'une éthique face au totalitarisme, de ses valeurs, parfois de sa comprimission, l'histoire d'une tentation, donc aussi d'une résistance d'une révolte, d'un départ enfin, définitif celui-là. Persepolis ce sont aussi des femmes d'Iran, une grand-mère libre et sans compromis avec son régime, des femmes secretes et résistantes, et d'autres, peut-être la majorité, grâce à qui aussi le régime tient, garantes de l'ordre moral, de la discrimination, du pouvoir de la barbes et du silence des soeurs. J'ai découvert hier une intellectuelle iranienne, qui m'a offert un regard pour moi inédit sur un pays qui n'est pas totalement celui que l'on croit.


Persepolis nous dit à sa façon qu'il n'y a pas de servitude involontaire et que l'on a toujours le choix, qu'il est trop facile de dire que l'on est pas libre, d'accepter le confort de ne pas l'être et qu'un régime ne tient que parce que l'on le veut bien. Persepolis sort de l'a caricature d'une oppression des femmes par les hommes, la liberté est une affaire individuelle et le presonnage de la grand-mère est en cela un modèle exemplaire, une véritable philosophie en action, et peut être la figure la plus libre du film. J'évoquais dans un dernier billet sur le patriotisme Jan Patocka qui écrivait qu'une vie qui n'est pas prêtre à se sacrifier à son sens ne vaut pas d'être vécue. C'est ici finalement cela la liberté, on peut toujours refuser de se compromettre.

25 mars, 2007

300: quelques embruns nauséabonds sur les Thermopyles


300 Trailer
envoyé par Film300

300 retrace l'histoire de la bataille des Thermopyles où, en 480 av. J.-C., la cité de Sparte affronta dans un combat à mort l'armée du roi des rois Xerxès. 300, ce sont les trois cent spartiates qui quitèrent leur cité au côté du roi Léonidas et qui se dirigerèrent vers les Thermopyles, défilé naturel entre deux falaises, parfois étroit de 10m., protégeant les flans spartiates et obligeant les Perses à un combat en ligne, finalement réduit à un contre un, malgrè une disproportion d'hommse de 4 à 6 fois plus importante en faveur des Perses. La stratégie des Grecs et leur "profession" de soldat joua en leur faveur et leur permirent de résister jusqu'à la trahision d'un des leurs.


La fresque épique que nous propose Frank Miller est en fait une relecture de l'agogé auquel tout jeune psartiate est astreint pour prouver sa bravoure. En effet, dès l'âge de sept ans, les jeunes garçons sont envoyés hors des murs de la cité, dans la Chôra, symbolisant la barbarie, où ils sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par leur propre moyen. S'ils réussissent, à leur retour dans la cité, symbole de la civilisation, ils intègrent le corps civique et deviennent Spartiates. La bataille des Thermopyles n'est pas seulement un fait historique, mais c'est aussi un mythe à travers lequel la cité de Sparte revit son agogé, envoyant ses enfants au devant des Perses, affronter la barbarie, et la victoire qui doit en résulter apporte la liberté à la cité et voit triompher la civilisation.


Cette lecture, qui est sans doute celle de la bd dont le film est extrait, est cependant plus ambiguë dans le film, en raison du contexte dans lequel il est produit. Les citoyens soldats de Sparte mourrant pour la liberté de leur patrie face à une barbarie venue du Moyen-Orient, prend une conotation particulière alors que la guerre d'Irak n'en finit plus et que l'Iran - héritière de la civilisation perse... - est stigmatisée par Washington... Une cité où les armes font les hommes, et dont la sureté de la patrie dépend de leur maîtrise dissimule mal l'allégorie d'une certaine Amérique, des valeurs qu'elle se vit défendre et de son IIème amendement... La diabolisation de la Perse comme fanatique et débauchée, à vrai dire, n'est pas neuve, et c'est bien regrétable...


Inverser alorsnotre regard. On verrait des Perses venir venger leur ambassadeur massacré à Sparte par l'orgueil Léonidas, et combattre pour une juste cause. On verrait encore des Spartiates fanatiques et violents, résistant à une culture aussi puissante que brillante que représente le monde achéménide. On verrait enfin ce laboratoire des cultures, que constitue la Perse triompher d'une cité eugéniste et xénophobe... Mais une lecture de ce genre serait-elle bien raisonnable, ou, pardon, "patriotique"?

Mais attendons la critique avisée de Nij