28 mars, 2007

Emotion parisienne à la Gare du Nord: défoulement et contestation


La Gare du nord est un lieu de passage, un territoire international ou les gens se croisent, se mélagent et parfois s'affrontent. Depuis le 11 septembre et le développement du plan vigipirate, les militaires patrouillent le fusil-mitrailleur à la main par groupes de deux où trois, ils se montrent et l'Etat se met en scène. Par leur présence, et la façon dont cette présence se concrétise, ils ne peuvent pas dissiper un sentiment d'insécurité, au contraire ils l'assument, l'incarne, le rendent perceptible par tous, comme cette forteresse napolitaines, perchées sur un promontoir, qui menace la ville en contre bas. La vraie sécurité est celle dont on ne voit pas les tenants, dès lors que ces derniers sont perceptibles, ils sont générateurs de tensions, par le fait même qu'ils nous rappellent par leur présence la précarité du monde. Militiaires, CRS ou policiers qui pratouillent ostensiblement sont créateurs de troubles sociaux, effrayant les uns pour rassurer les autres, divisant la société sur l'acceptation ou la réfutétion de cette onstensibilité, violente en elle-même, du fait des armes et de la "force virile" - quand bien même elle est dite légitime - qui est suggérée.


Hier soir, Gare du Nord, un homme qui fraudait un guichet de métro c'est fait interpeler par une patrouille de CRS, parce qu'il aurait bousculé l'agent RATP qui voulait le verbaliser. L'interpélation n'a été contestée par personne, mais sa spectacularité, ou du moins la violence qui s'en est dégagée a mis à nu, aux yeux des passants, la réalité de la précarité sur laquelle leur sécurité repose, la mercie à la quelle ils sont à l'égard des forces de police. Bien entendu, certaines "populations", comme ont dit, plus que d'autres, y ont été sensible, certaines pour y avoir été victimes, d'autres par peur de l'être. Ils ont pris le parti de l'homme interpelé, ont répondu à la violence de la menace policière si pesante sur la Gare du Nord, par une menace physique, directe, de défoulement mais aussi d'une certaine manière de contestation de cette présence, de refus de la tension que représentent ces forces dites de l'ordre.


Les injures des manifestants ont bien sur revêtu un couvert politique, insultant Sarkoczy d'enculé, dénonçant la part diminuante de justice à mesure que celle de la police croît... Bien entendu Julien Dray s'est empressé de dénoncer l'échec du système Sarkozy, d'accuser Barouin d'opportunisme au moment même où il prend ses fonctions... Mais regardons au delà du politique, la réalité des logiques qui soutendent cette "émotion". Il y a un an, j'évoquais la rupture du pacte social au moment des événements de Clichy. Ce pacte n'a jamais été reconclu. La soumission n'entraine pas l'adhésion, et il n'y a pas d'adhésion sans intérêt objectif à adhérer. Quel intérêt avons nous à adhérer à ce modèle social? Quel intérêt avons nous à négocier notre liberté au profit d'un sécuritarisme violent, qui nous agresse d'une tension, qui parfois explose, clive la société et finit en règlement de compte? Nous n'en sommes plus à la dénonciation morale d'une "racaille". C'est tout un modèle de société qu'il faut réformer. Une société qui présente la police comme forme de réussite sociale est inacceptable, car elle induit la mise à mort de l'esprit critique, l'éloge de la médiocrité, et la soumission comme sociabilité.

25 mars, 2007

300: quelques embruns nauséabonds sur les Thermopyles


300 Trailer
envoyé par Film300

300 retrace l'histoire de la bataille des Thermopyles où, en 480 av. J.-C., la cité de Sparte affronta dans un combat à mort l'armée du roi des rois Xerxès. 300, ce sont les trois cent spartiates qui quitèrent leur cité au côté du roi Léonidas et qui se dirigerèrent vers les Thermopyles, défilé naturel entre deux falaises, parfois étroit de 10m., protégeant les flans spartiates et obligeant les Perses à un combat en ligne, finalement réduit à un contre un, malgrè une disproportion d'hommse de 4 à 6 fois plus importante en faveur des Perses. La stratégie des Grecs et leur "profession" de soldat joua en leur faveur et leur permirent de résister jusqu'à la trahision d'un des leurs.


La fresque épique que nous propose Frank Miller est en fait une relecture de l'agogé auquel tout jeune psartiate est astreint pour prouver sa bravoure. En effet, dès l'âge de sept ans, les jeunes garçons sont envoyés hors des murs de la cité, dans la Chôra, symbolisant la barbarie, où ils sont livrés à eux-mêmes et doivent survivre par leur propre moyen. S'ils réussissent, à leur retour dans la cité, symbole de la civilisation, ils intègrent le corps civique et deviennent Spartiates. La bataille des Thermopyles n'est pas seulement un fait historique, mais c'est aussi un mythe à travers lequel la cité de Sparte revit son agogé, envoyant ses enfants au devant des Perses, affronter la barbarie, et la victoire qui doit en résulter apporte la liberté à la cité et voit triompher la civilisation.


Cette lecture, qui est sans doute celle de la bd dont le film est extrait, est cependant plus ambiguë dans le film, en raison du contexte dans lequel il est produit. Les citoyens soldats de Sparte mourrant pour la liberté de leur patrie face à une barbarie venue du Moyen-Orient, prend une conotation particulière alors que la guerre d'Irak n'en finit plus et que l'Iran - héritière de la civilisation perse... - est stigmatisée par Washington... Une cité où les armes font les hommes, et dont la sureté de la patrie dépend de leur maîtrise dissimule mal l'allégorie d'une certaine Amérique, des valeurs qu'elle se vit défendre et de son IIème amendement... La diabolisation de la Perse comme fanatique et débauchée, à vrai dire, n'est pas neuve, et c'est bien regrétable...


Inverser alorsnotre regard. On verrait des Perses venir venger leur ambassadeur massacré à Sparte par l'orgueil Léonidas, et combattre pour une juste cause. On verrait encore des Spartiates fanatiques et violents, résistant à une culture aussi puissante que brillante que représente le monde achéménide. On verrait enfin ce laboratoire des cultures, que constitue la Perse triompher d'une cité eugéniste et xénophobe... Mais une lecture de ce genre serait-elle bien raisonnable, ou, pardon, "patriotique"?

Mais attendons la critique avisée de Nij

21 mars, 2007

Etre romain en Afrique: une idée d'avenir pour l'identité?

Les épreuves écrites du Capes d'histoire-géographie, qui se sont déroulées lundi et mardi derniers, ont proposé pour la compisition d'histoire de traiter pour sujet: "Être romain en Afrique de 69 à 439". Parmi les documents accompagnant le sujet, on pouvait notamment lire un extrait de l'Apologie (159-161) d'Apulée évoquant son identité romaine et les origines de la cité de Madaure, en Afrique, dont il est l'un des magistrats.

"Quant à ma patrie, (...) elle était située sur les limites mêmes de la Numidie et de la Gétulie. J'ai déclaré en effet, dans une conférence publique que j'ai faite en présence de Lollianus Avitus (Proconsul d'Afrique), que j'étais demi-numide et demi-gétule. Mais je ne vois pas ce qu'il y a là pour moi de plus déshonorant que pour Cyrus l'Ancien d'avoir été de sang mêlé, demi mède et demi perse. Ce n'est pas au lieu de naissance, mais au caractère de chacun qu'il faut regarder. (...) Cela ne veut pas dire que je gougirais de ma patrie, même si nous étions encore la ville de Syphax. Mais après la défaite de ce prince, la faveur du peuple romain nous fit passer sous la domination du roi Massinissa; plutard notre cite fut fondée à nouveau par l'établissement de vétérans; et nous sommes maintenant une colonie florissante. Dans cette colonie, mon père a occupé le haut rang de duumvir, après avoir passé par tous les honneurs; et sa situation dans la communauté, depuis que je fais partie de la curie, je la conserve sans déchoir, aussi honoré, je l'espère, et aussi considéré".

Être fier d'être romain et de ses origines gétule et numide tout en célébrant cela en grec... voilà le mélange duquel résulte l'identité si particulière qu'est celle d'Apulée. Ecrit au IIe siècle, ce texte est pour nous d'une grande modernité et nous invite à dépasser nos identités communautaires pour n'en regarder qu'au "caractère", d'autre diront à la vertu. Le sang importe peu, le sol aussi finalement, ce qui importe ce sont les qualité individuel qui font la grandeur de celui qui les cultives. Être romain pour Apulé, c'est donc considéré une méritocratie à laquelle il me semble que nous aussi nous avons cru, loin de la discrimination positive et du communautarisme.

Et si l'identité romaine d'Apulée etait un modèle pour la notre?

16 mars, 2007

Hradcany depuis Vysehrad, Prague, aout 2006


Côme de Prague écrit au XIe siècle une Cronica Boëmorum dans laquelle il nous présente les origines mythiques de Prague et nous fait connaître la légende de Libuše (Livre I, ch. 4-9), troisième fille du duc de Bohême Krok, soeur de la guérisseuse Kazi et de la magicienne Teta. Investi d'un pouvoir prohétique, fut choisi par son père comme héritière, ayant la plus grande clairvoyance pour trouver le meilleur des successeurs. Lors d'une de ses balades elle s'arrêta au village Stadice sur un laboureur en train de cultiver son champ. Přemysl s'imposait alors à Libuše comme épou et successeur de son père. Avec lui elle allait donné à la Bohême une dynastie de prince, mais il fallait encore leur trouver une capitale. Le rocher de Vyšehrad depuis lequel avait règné sur la Bohême le duc Krok était devenu trop étroit pour les grandes ambitions de la prophétesse. Alors du haut de Vyšehrad, prise d'une transe, et comme par évidence, elle se mit un jour à indiquer un endroit de l'autre côté de la Vltava. Elle dit qu'on y trouverait un homme en train de couper du bois pour contruire le palier de sa maison. Elle ordonna alors qu'à cette endroit on édifierait sa ville "dont la gloire confinera avec les étoiles", et que le seuil de la porte de la maison de cet homme serait le seuil de son château et que l'on appellerait enfin cette ville "Praha", ce qui en tchèque signifie "le seuil". Cet endroit, c'est aujourd'hui le quartier de Hradčany.

15 mars, 2007

Musicagenade: Kitch, Kitch, Kitch...

Le problème avec les chansons à la con que vous fredonnez pour déconner dans un café, ou en vous balladant avec vos amies, c'est qu'une fois en tête... il devient très compliqué de s'en débarasser... Alors autant en faire "profiter" tout le monde... `

13 mars, 2007

La vie sexuelle des Français: quoi de neuf?


Depuis ce matin, les media font leur choux gras de l'enquête de Nathalie Bajos et Michel Bozon, qui vient d'être publiée sur le comportement sexuel des Français. Parité impose, l'âge du premier rapport entre les hommes et les femmes se rapproche pour n'être plus éloigné que de quelques mois: 17 ans et 2 mois pour les hommes et 17 ans et 6 mois pour les femmes. De manière générale la vie sexuelle des individus d'allonge, elle commence plus tôt et se finit plus tard qu'il y a 50 ans, où l'age avoué du premier rapport sexuel pour les femmes était de 20 ans. Par ailleurs, la fréquence des rapports pour les personnes de plus de 50 ans se multiplie. A la bonne heure!

Les pratiques en elles-mêmes semblent aussi évolué. L'homosexualité augmente chez les femmes alors qu'elle reste stable chez les hommes. Le sapphisme serait-il à là mode chez les jeunes parisiennes? Perso j'ai ma petite idée. Le nombre moyen de partenaires reste stable, il serait de 4,4 (en même temps?) pour les femmes et de 11,6 pour les hommes. Perso, si c'est vrai, je crois avoir de très mauvaises fréquentations et ne pas être fréquentable moi même... Bon, bien entendu, il faut ici composer avec les pudiques et les ventards. Reste cependant encore à comprendre ce qu'est un partenaire... Selon l'enquête, les femmes ne compterait pas les rapports non-affectifs... ce qui nous donne donc des chiffres aussi fiables que ceux du chomages de la délinquence, ou du PIB de nombreux pays sub-sahariens... Plus que de savoir si sucer c'est tromper, il faut aujourd'hui se demander si coucher sans amour c'est coucher... Alors ne parlons même pas de savoir comment sont pris en comptes tous les petits délices qui nous amènent parfois, nous ou les personnes avec qui nous les partageons, à éprouver de belles agonies...

Venons en au net maintenant. 10% des mâles et 6% des femmes auraient eu un rapport sexuel avec une personne rencontré sur le net. Ce qui soit dit en passant, fait du net un véritable phénomène de société. On a longtemps cru que le net désociabilisait, au contraire, il faut plutot l'envisager comme une nouvelle forme de sociabilité, qui ne nous éloigne pas nécessairement du réel, si ce n'est apparemment pour mieux y revenir. En ce sens, le net assume bien son rôle de contre-monde ouvrant les portes du possible de la sexualité. Cette boite à fantasme ne serait donc pas uniquement disposée pour nos petites douceurs égoïste, mais ferait oeuvre sociale. Ah oui, la sexualité est une relation sociale comme une autre, mais il ne faut pas trop le dire, il paraît que le monde est assez désenchanté comme cela... Bref, on est encore loin de la sexualité de nos amis les Romains...

Bref vive le sexe!
Vive le sapphisme!
Vive le net!
et Vive la République!

10 mars, 2007

Pour en finir avec l'identité nationale

Alors que Sarkozy vient d'émettre l'idée de la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale il est tant de poser la question de la pertinence de cette échelle identitaire pour nous. Telle que l'envisage Sarko, cette identité nationale est liée à l'immigration donc à la mondialisation et ses mobilités qui la mettent en cause, si ce n'est la révoque. Se positionnant à l'encontre d'un phénomène contemporain, l'identité nationale serait alors une idée d'arrière garde, une idée réactionnaires au sens propre du terme qu'il faudrait protéger contre le temps et qui donc se voudrait à contre-temps...

Il est bon de rappeller ici que l'identité nationale ne va pas de soit. Elle émerge à la toute fin du XVIIIe siècl et au début du XIXe siècle après une longue période de cosmopolitisme européen, apparaissant donc comme un repli à l'encontre des grands empire et le prétexte stratégique à une volonté d'indépendance. Le nationalisme qui en découle devient un lien social entre les individus partageant la même identité. Tiens, n'est-ce pas là encore, à l'échelle de l'individu et anthropologiquement parlant, un processus d'interaction paritaire? Bref, l'identité nationale a eu un début, elle aura donc une fin. Elle n'est pas sacrée puisqu'elle a été crée et donc, comme toute identité, elle est révocable.

Toutefois, lier l'identité nationale à la mondialisation, ou plutot à ses phénomènes de mobilité comme le fait le candidat-ministre nous enmène très loin de la nation telle que la définissait Ernest Renan d'un "plébicite de tous les jours", une volonté de vivre ensemble. En ce sens, l'immigration n'est pas un frein à l'identité national, elle n'empeche pas le migrant de plébicité cette identité. Ce manque au raisonement de Sarkozy est pourtant fondamental, dans la mesure où l'on peut être juridiquement français et mettre en cause par son mode de vie et sa vision de monde, cette identité nationale en elle-même. Les mauvaises langues diront que mon sentiment identitaire "urbano-européen" peut sans doute en être l'exemple, mais celà est un autre sujet... non?

08 mars, 2007

Musicagenade: journée de la femme

Comme je viens de laisser un message délicieusement odieux sur le blog de Nij, je tiens à me faire pardonner pour cette journée de la femme..., même l'initiative de cette journée témoigne d'un petit reste acide de misogynie...

Bon petite puce ne va pas aimer, mais comme elle me fait la tête et qu'elle croit que je lui fais aussi... Que voulez-vous? Elle n'aime pas Renaud cette tête de mûle...



Oh et puis finalement non... ce texte d'une chanson inédite de Brassens, a bien sa place sur mon blog et dans mes humeurs du moment... Voici là chose, qui pour le coup, va sans doute faire rire petite puce... c'est le but, j'espère que ça va marcher...:

Se Faire enculer

La lune s'attristait. On comprend sa tristesse
On tapait plus dedans. Elle se demandait quand est-ce
Qu'on va se rappeler de m'enculer.

Dans mon affreux jargon, carence inexplicable,
Brillait par son absence un des pires vocables
C'est: "enculé". Lacune comblée.

Lâcher ce terme bas, Dieu sait ce qu'il m'en coûte,
La chose ne me gêne pas mais le mot me dégoûte,
Je suis désolé de dire enculé.

Oui mais depuis qu'Adam se fit charmer par Eve
L'éternel féminin nous emmerde et je rêve
Parfois d'aller me faire enculer.

Sous les coups de boutoir des ligues féministes
La moitié des messieurs brûle d'être onaniste,
L'autre d'aller se faire enculer.

A force d'être en butte au tir des suffragettes
En son for intérieur chacun de nous projette
D'hélas aller se faire enculer.

Quand on veut les trousser, on est un phallocrate,
Quand on ne le veut point, un émule de Socrate,
Reste d'aller se faire enculer.

Qu'espèrent en coassant des légions de grenouilles?
Que le royaume de France enfin tombe en quenouille,
Qu'on coure aller se faire enculer?

Y a beaux jours que c'est fait devant ces tyrannettes,
On danse comme des pantins, comme des marionnettes
Au lieu d'aller se faire enculer.

Pompadour, Montespan, La Vallière et j'en passe
Talonnèrent le roi qui marchait tête basse
Souhaitant aller se faire enculer.

A de rares exceptions, nom d'un chien, ce sont elles
Qui toujours mine de rien déclenchent la bagatelle;
Il faut aller se faire enculer.

Oui la plupart du temps sans aucune équivoque
En tortillant du cul dames nous provoquent,
Mieux vaut aller se faire enculer.

Fatigué de souffrir leur long réquisitoire
Ayant en vain cherché d'autres échappatoires,
Je vais aller me faire enculer.

D'à partir de ce soir cessant de croquer la pomme
J'embarque pour Cythère en passant par Sodome,
Afin d'aller me faire enculer.

Afin qu'aucune de vous mesdames n'imagine
Que j'ai du parti pris, que je suis misogyne,
Avant d'aller me faire enculer

J'avoue publiquement que vous êtes nos égales,
Qu'il faut valider ça dans une formule légale,
Je suis enculé mais régulier.

En vertu de quel pouvoire, injustes que nous sommes,
Vous refuse-t-on les droits que l'on accorde aux hommes,
Comme d'aller se faire enculer.

05 mars, 2007

Dom Juan au regard de l'histoire et de l'anthropologie

" Dom Carlos
Nous nous voyons obligés, mon frère et moi à tenir la campagne pour une de ces fâcheuses affaires qui réduisent les gentilshommes à se sacrifier, eux et leur famille, à la sévérité de leur honneur, puisque enfin le plus doux succès en est toujours funeste, et que, si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume; et c'est en quoi je trouve la condition d'un gentilhomme malheureuse, de ne pouvoir point s'assurer sur toute la prudence ettoute l'honnêteté de sa conduite, d'être asservi par les lois de l'honneur au dérèglement de la conduite d'autrui, de voir sa vie, son repos et ses biens dépendre de la fantaisie du premier téméraire qui s'avisera de lui faire une de ces injures pour qui un honnête homme doit périr" (Dom Juan, acte III, sc. 3)


Cela fait longtemps qu'un livre d'histoire ne m'avait pas pris comme celui-là, à savoir le dernier essai de Jean-Marie Constant, "La folle liberté des baroques (1600-1661)". Cet essai rélalise l'ambition entre autre, de soumettre la littérature, de la France des Régences du XVIIe siècle et du règne de Louis XIII, à d'autres regards et de "la penser aussi comme un document d'histoire et d'anthropologie qui peut apporter beaucoup sur la comprehension des sociétés". Aussi l'auteur présente un nouveau niveau de lecture du dom Juan de Molière que les études littéraires ignorent souvent. L'oeuvre correspondrait à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération politique et Molière aurait réussi à réaliser la synthèse de deux traditions du mythe: "l'Espagne présente un modèle exemplaire de châtiment divin, l'Italie le tourne en bouffonnerie, la france fait la synthèse des deux courrants et y greffe une autre perspective - le portrait typique du grand seigneur baroque du temps".

Dom Juan n'est pas qu'un séducteur c'est aussi un philosophe: "la justification, qu'il donne de son comportement met en cause une des valeurs fondamentales de la société baroque: l'amitié". Il défie non seulement la société mais aussi Dieu, n'estimant n'avoir de compte à rendre qu'à lui seul et qu'il est prêt à "déméleré avec. Dom Juan trangresse à la fois des valeurs sociales et religieuses. Or ces valeurs sont mise en cause au début des années 1660 et Louis XIV met en place ses grandes enquête de noblesse, tentative de remettre en ordre l'aristocratie, si ce n'est la société de son temps. Molière défend en effet la primoté du mérité sur la naissance, parfois même contre son personnage, mais Dom Juan est un noble de son temps, un grand seigneur libertin certes, mais aussi un gentilhomme courageux, qui n'a pas peur de la mort et se trouve honorer de pouvoir perdre la vie au combat. Cet idéal aristocratique est battu en brêche depuis Richelieu et la décapitation de Bouteville qui malgré les interdits a participé à 27 duels, tous victorieux... Et Dom Juan de déclamer que "si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume" pour continuer à vivre noblement. Dom Juan qui prend plaisir à transgresser toutes les valeurs dela société civile et de la réforme catholique, accepte sans discuter les règles de conduite du gentilhomme. Et face à la mort, Don Juam à l'attitude de son état. Il l'affronte sans crainte.

Je viens à pein de finir le premier châpitre de ce livre pétillant d'intelligence et de subtilités comme le siècle qu'il se propose d'étudier, et je ne vous garantis pas de pouvoir me retenir d'en écrire plus dessus.

Musicagenade: on avoue rien si l'on est innocent

03 mars, 2007

La Hongrie ottomane: une histoire muette?

Vous avez pu lire dans les commentaires de mon avant dernier billet un débat controversé sur la question de la "présence" ottomane en Hongrie et plus généralement dans les Balkans. S'agît-il d'une oppression ou d'un simple système de gouvernement comme un autre? La mémoire nationale hongroisie glorifie aujourd'hui, et à raison, le règne de Mathias Corvin mais disqualifie totalement la période qui suis la bataille de Mohacs et la partition de la Hongrie en trois pendant 150 ans. En effet, en 1520, un certain Soliman devient Grand Seigneur à Constantinople, un an plus tard il prend Belgrade, traverse le Danube et marche vers Buda. Le 29 août 1526, à Mohács, l'armée ottomane met en déroute celle du roi de Hongrie, Louis II Jagellon, lequel trébuche pendant sa fuite et se noie dans un ruisseau. Le 11 septembre de la même année, la capitale du royaume est prise. Soliman qui refuse d'assumer ses conquêtes confie dans un premier temps la couronne de Saint-Etienne au voïvode de Transylvanie, Jean Zápolyai. En 1529, les Ottomans mettent même le siège sur Vienne et font trembler la Chrétienté. En 1541, le Royaume de Hongrie est finalement divisé en trois: le Nord (Haute Hongrie, ou actuelle Slovaquie) et l'Ouest sont donnés à Ferdiand 1er de Habsbourg qui devient roi de Hongrie, la Transylvanie devient autonome et vassale de Constantinople et la plaine de Hongrie dont Buda est annexée à l'Empire ottoman et devient le Pachalik de Bude. Il faut attendre l'échec du second siège de Vienne en 1683 et la conquête de la Hongrie par l'Empereur pour que le vieux royaume soit restauré en 1699.


Si pendant cette période on connait bien l'histoire de la Hongrie dite royale et que depuis les traveaux de Béla Kopëczy celle de la Transylvanie nous est révélée, il reste que l'histoire de la partie ottomane de la Hongrie demeure controversée. Pour beaucoup, cette histoire est celle d'une oppression, soumise au Timâr, c'est à dire à l'impôt levé pour nourir l'armée et ses janissaires. D'autres, y voit un pays conquis par le Djihad et la mainmise de l'Islam sur un part de la Chrétienté sacrée. Ajoutons à ce préjugé religieux le préjugé politique qui frappe le Sultan imanquablement de despotisme et l'on comprend qu'il est bien difficile face au consciences contemporaines de réabiliter l'histoire ottomane de la Hongrie. Je ne veux pas compter les points, ni savoir si la domination ottomane fut plus rude que celle des Jagellon ou des Habsbourg. L'historiographie hongroise a même pendant longtemps disqualifié l'époque moderne sous prétexte qu'après Mathias Corvin le pays n'avait été soumis qu'à des despotes étrangers. C'est là bien mal connaître l'histoire moderne que de la penser à travers le prisme du nationalisme. Celui-ci n'est pas opérant.


Voici donc juste quelques faits qui pourront peut-être faire avancer le débat. Il est d'abord intéressant de remarquer quer François 1er était considéré par le futur Philippe II d'Espagne comme aussi tyranique que le Sultan tellement il oppressait ses sujets d'impôts. Si aux yeux de ce futur grand roi les règnes de François 1er et de Soliman sont comparables, force est de constater que leur mémoire aujourd'hui diffèrent. Il est vrai que l'armée est le premier outil de gouvernement du Sultan dans les Balkans et en Hongrie en raison de sa poistion frontière dans l'Empire. Les janissaires sont rétribués par le timâr, c'est à dire un prélèvement en nature sur les récoltes. A vrai dire, les abus sont rarement commis contre les populations, d qui paient le timâr, mais contre les populations frontalières qui subissent régulièrement les raîds ottomans, dont les Croates de Slavonie. Par ailleurs, Il faut relativiser le poids de ce timâr qui pour la Hongrie ne profite pas à plus de 6000 individus... Par ailleurs, la Hongrie ottomane ne connaît pas un déclin économique alors qu'elle a connu de nombreuses crises avant le partage. Si certains aristocrates abandonnent leurs terres pour se réfugier en Hongrie royale, on sait aussi que des paysans de Haute Hongrie viennent s'installer dans le Pachalik de Bude où ils trouvent des conditions favorables au travail de la terre. D'un point de vue religieux, il n'y eu aucune conversion de force, l'Empire ottoman pratique une politique tolérante à l'égard des communautés chrétiennes et juives. Aussi, catholiques, protestants, orthodoxes et juifs ont pu continuer à pratiquer librement leur culte alors que les guerres de religions éclataient partout en Europe. On perçoit même quelques conversions volontaires à l'Islam comme le montre Bartolomé et Lucie Bennassar et des pratiques syncrétiques culturelles nouvelles émergeant de la rencontre avec le monde ottoman. Les Bains turcs ne sont ils pas aujourd'hui une fierté de Budapest?

J'espère que ces brefs éléments suffiront à relativiser le préjugé négatif que l'on peut encore porter sur la politique ottomane en Europe, même s'il est vrai que le nationalisme qui règne aujourd'hui dans les Balkans et en Hongrie rend peut être difficile sa révocation...

02 mars, 2007

Musicagenade: rien n'est plus actuel qu'un souvenir


Souvenirs proches ou lointains, bref souvenirs des choses qui nous manquent au moment où on les désire encore avec soi, et à ces souvenirs qui sont parfois aussi des invitations...