20 octobre, 2007

Henri Guaino, cet homme qui parle d'histoire...

Ce matin, un ami à attiré mon intention sur quelques déclarations d'Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, lequel conseiller peste contre ces profs qui refuse de lire la lettre de Guy Môquet en classe de seconde. L'argument employé par Guaino est assez simple et étonnat:"Je ne comprends pas, l'école, ce n'est pas un self-service. Le gouvernement a décidé que c'était un document intéressant. Il demande aux professeurs de le lire". Le gouvernement décide, ses fonctionnaires s'exécutent. Voilà le fonctionnement normal d'un Etat. Certes, mais quelle légitimité a Henri Guaino de traiter en matière d'histoire, de décider de ce qui est interressant ou non, surtout après l'affligeant discours de Dakar sorti de sa plume et prononcé par Nicolas Sarkozy. Pour Henri Guaino, la contestation de son choix "amène à s'interroger sur ce que doivent être au fond à la fois l'éthique et les devoirs d'un professeur dont la nation a payé des études, dont la nation paie le salaire et auquel la nation confie ses enfants".

L'éthique d'un professeur est d'agir selon sa conscience et non selon la volonté de la bourse qui le fait manger. L'éthique d'un profeseur est de donner à ses élèves les moyens de penser par eux-mêmes, de ne pas prendre pour incontestable ce qui est dit et écrit. L'éthique d'un professeur est de ne pas se limiter à ses intérêts individuels mais d'agir en accord avec ce qu'il perçoit de la Vérité, qui donne sens à sa vie et à son enseignement, et si celà doit passer par le non respect d'une directive ou d'un programme, cela ne doit pas être un problème sauf à vouloir justement signifier que son éthique ne vaut rien. La vertu est d'être en accord avec l'éthique et la Vérité, non avec la loi.

Les déclarations ignares de Guaino et de son porte-parole Nicolas Sarkozy en matière d'histoire rend plus urgent encore la nécessité de protéger la science du politique et de la tentation du politique de légiférer en matière d'histoire, des parlementaires de s'octroyer le droit et surtout la compétence de pouvoir dire ce qui est vrai et ne l'est pas, d'empêcher le débat en figeant la réalité officielle par la loi, de réduire l'histoire au préjugé mémoriel. Que Guaino se permette de trouver interessant pour des cours d'histoire un document plutot qu'un autre, revient à autoriser le politique à choisir les sources des historiens et demain les thèmes et le sens de leur recherche. Faut-il encore rappeler que Guaino n'a aucune légitimité démocratique pour s'exprimer en tant que représentant de l'Etat?

16 septembre, 2007

Le forum des démocrates: une orientations pour le Modem

voici une intervention très interessante de François Bayrou sur la naissance du Modem, une rétrospective sur les alliances de l'UDF depuis 1981, sur la nécessité de son indépendance et le sens que veut donner le Mouvement démocrates à son action.
A vos commentaires.... partez!



Parlons franc: voici une belle autocritique de l'UDF, de son action, mais pas un reniement de son héritage de mouvement politique clairement à droite. Peut importe, nous ne lui demandons pas de le renier. Comme souvent, il sait régler ses comptes et remettres partenaires à leur place, corrigeant l'ingratitude d'un député et la virulence déplacée d'un militant, j'y ai assisté. "J'aime beaucoup les alliances quand c'est moi le chef" a-t-il du mal à retenir, mais cela est-il compatible avec la liberté de vote qu'il garantit à ses élus et militants. "Nous sommes indépendants" ensemble, mais individuellement? "Prenez vos responsabilités", je crois que finalement tout est là, la liberté est peut être plus une crainte de militant d'en avoir trop que de cadre d'en trop donner. "Dernier point, et le seul qui compte, le seul point majeur: il y a une chose qui n'est pas négociable, c'est qu'une fois pour toute nous sommes indépendants, et être indépendant c'est-à-dire que l'on peut regarder avec bienveillance d'un côté et de l'autre". Les leçons sont retenues, et le message est bien passé.

15 septembre, 2007

Chabal: cet imbécile heureux qui est né quelque part...

J'ai trouvé cette vidéo sur le blog de Criticus , et j'avoue avoir mis un petit temps avant de reprendre mes esprits



J'avais déja des doutes sur les valeurs que le XV de France proposait pendant cette coupe du monde, et les propos de Chabal ne font que me conforter, même si je ne doute pas qu'ils fassent plaisir au CSA. "Je suis en France donc vous me parlez en français", je ne comprends pas fondamentalement la logique, car celle-ci implique de refuser de dialoguer avec toute personne ne parlant pas cette langue et pourtant présente sur le territoire de la République. Ces propos ne sont pas sans conséquence, il faut aller au bout de la logique qu'ils induisent, à savoir le refus du cosmopolitisme, le repli sur soi, le refus de l'altérité, ce qui de la part d'un homme vivant une partie de son temps en Angleterre et plus particulièrement dans la babylonienne Londres peut paraître surprenant... Certes vivre à Londres pour se remplir les poches ne signifie pas que l'on épouse le modèle de société de celle-ci, mais Chabal se comporte ici comme un vulgaire franchouillard de bas étage. On adapte sa langue selon son interlocuteur et non selon l'endroit où l'on se trouve, qui plus est lorsque l'on prend la parole dans le cadre d'un événement mondiale comme l'est une coupe du monde... Chabal ici ne défend rien, ni la France, ni la froncophonie, il humilie autant le journaliste qui l'interroge qu'il rend honteux les francophones de sa conduite. Bref aucune fierté là-dedans, pas même un brin de dignité chez Chabal, juste de l'arrogance, de la médiocrité et de la bétise. Décidément, ce XV de France ne me plait vraiment pas...


C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
Et c'est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tête on trouve pas plus fin
Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du souffle divin
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout cœur les petits malchanceux
Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
La présence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout foisonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve peut-être bien de votre inexistence
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

13 septembre, 2007

Le (ridicule) retour du déclin...

Je prends en ce moment un malin plaisir à parier contre la France. Après avoir mis ma petite pièce sur les larmes retenues de l'équipe de rugby argentine, j'ai été hier attiré par la côte de l'équipe de foot écossaise, il faut croire que ma vénalité est payante. Pourtant, deux défaites de deux équipes nationales françaises et voilà que l'on parle de nouveau ici et de déclin de la France qu'on essaie de l'évaluer: la production du fromage corse passe encore mais alors pour la balance commerciale rien ne va plus. Et puis c'est pas la faute à l'Euro - ce qui est vrai - regardez en Allemagne les producteurs de pièces détachées pour machines industrielles sont aux anges. Sans compter bien entendu que l'on rogne sur les sacro-saints régimes spéciaux. Bref rien ne va plus. Un peu plus et on dépose le bilan. Mais tout celà a-t-il vraiment un sens? Mon anti-patriotisme vénal des paris sportifs est-il une pure provocation ou bien dit-il autre chose? Je ne suis pas bien convaincu que nous devons continuer à évaluer les performances d'une société à travers un cadre nationale dépassé dans bien des cas. S'il y a déclin ce n'est peut être pas tant celui de la France que des cadres nationaux, qui ont vécu leur temps et qui dans leur ensemble sont inappropriés pour rendre compte de la réalité de la vitalité d'une société. L'idée de déclin ne convient pas à une société. Les sociétés se transforment et s'adaptent, mais ne déclinent pas. Simple hypothèse et affaire à suivre...

12 septembre, 2007

Recette: Mezzalune au pecorino sarde

Depuis que j'ai enménagé dans ce nouveau quartier, je redécouvre grâce au petit traiteur italien du coin les saveurs du pecorino goûté pour la premiere fois il y a un an à Naples. Ce fromage au lait de brebis connaît une diversité de préparation. Aujourd'hui voici le pecorino sarde et une petite recette de ma composition pour le cuisiner.


Pour deux personnes:
- Pecorino sarde en copeaux bien affiné
- mezzalune fraiche fourrées à la tomate et au basillique
- 12 fines tranches de saucisson des Abruzzes
- 4 tomates moyennes

Recette:
- pêler les tomates, les vider, les couper en petits morceaux et les faire suer dans une poelle
- faire cuire les mezzalune
- les tomates réduites presque à sec, ajouter les tranches de saucisson
- mélanger
- ajouter les mezzalune une fois al dente
- mélanger et laisser compoter une minute
- dresser
- ajouter les copeaux de pecorino sarde
- une pincée de basilique
- servir accompagner d'un verre de Cannonau

08 septembre, 2007

Don't cry for me Argentina...

Ma rue, celle ou j'ai enménagé depuis un mois, s'est mise ces derniers jours aux couleurs de l'équipe de France de rugby. Les restaurants et les bars ont couvert leurs façades des devantures bleu horizon sur lesquelles posent en héros publicitaires de Nike les joueurs du XV de France: Ibanez, Chabal, Dominici... Au dessus de la ruelle, et tout au long de celle-ci, ont été dressés des maillots grand-format de l'équipe de France et certains de mes voisins ont poussé le chic jusqu'à dresser des drapeaux sur leur balcon. Bref ça chante, ça marseillaise à tout va et l'atmosphère est même plutot sympa dans son chauvinisme. Seulement voilà, ce soir le match d'ouverture de la Coupe du monde entre la France et l'Agentine n'a pas donné le résultat attendu. Les Pumas, les larmes aux yeux pendant leurs hymnes n'ont rien laché et on finit par l'emporté. J'ai poussé mon manque de patriotisme par me laisser toucher par l'émotion des fiers gaillards de la Pampa, et avant le coup d'envoie, j'ai misé ma petite pièce sur un site de paris bien connu. Preuve, s'il en est, que le préjugé patriotique ne paie pas, l'Argentine n'aura pas ce soir à pleurer pour moi.
Et nah! même pas honte...

07 septembre, 2007

05 septembre, 2007

Les valeurs de l'Ovalie reniées par le XV de France?


Les embruns nauséabonds qui ont frappé le 300 de Zack Snyder ont touché la France... Les rugbymen du XV de France ont en effet décidé de reprendre à leur compte le cri de guerre des soldats spartiates dans l'adaption récente de la BD de Frank Miller. Que le sport d'équipe soit une métaphore assumée de la guerre est une chose, mais tout dépend aussi de pour quoi ont fait la guerre. L'identification à la société spartiate est plus que douteuse. La cité de Sparte qui dominait la Grêce du Veme siècle est une société eugéniste "où les armes font les hommes", profondément inégalitaire, xénophobe et violente. Nous sommes bien loin ici des vlareus revendiquées généralement par l'Ovalie...


Mais plus encore qu'à Sparte, c'est au film de Snyder que le XV de France se réfère, film qui voile à peine la stigmatisation de l'orient Perse, dénonçant le cosmopolitisme comme une dégénérescence et qui fait de la patrie et de la pureté du sang l'idéal son horizon d'attente. La solidarité des Spartiates de Snyder est celle d'une société mysogine qui veut la guerre et non la diplomatie, qui n'existe qu'entre les hommes "parfaits" qui n'ont pas été exécuté à leur naissance pour une doigt trop long ou un grain de beauté de trop, et dont l'initiation passe par le massacre des ilotes, esclaves cultuvant la terre hors de la cité, c'est-à-dire hors de l'espace vécu comme civilisé...


Bien entendu le XV de France pêche par ignorance de tout celà, bien entendu tout cette symbolique lui échappe, mais il n'en est pas moins que le film de Snyder a fait son oeuvre en suscitant la banalisation d'une violence reposant sur des valeurs détestables, une vision du monde biaisée et le préjugé patriotique. Cependant, aux thermopyles, ce sont les Perses qui l'ont emporté...

28 août, 2007

Ignare!!!



Contrairement au titre qui a été donné à cette vidéo, ce discours de Sarkozy n'est pas raciste, c'est juste celui d'un ignare qui fait de l'anthropologie de comptoir. Tout d'abord, "l'homme africain" n'existe pas, le singulier est ici ridicule tant sont diverses les cultures africains et les réalités africaines. Par ailleurs, les Africains sont entrés dans l'histoire en même temps que n'importe qui... l'histoire de l'Afrique ne commence pas avec les grandes découvertes de la Renaissance, et l'ignorance des Européens à son égard ne présuppose en rien l'absence de cette histoire. Sarkozy fait de l'orientalisme, ou plutot de l'africanisme, il décrit un société traditionnelle à partir d'arguments classiques aussi valables pour l'Europe de l'Ancien Régime... Cependant les sociétés africaines savent s'adapter, se moderniser, se confrontent à la réalité et ne sont en rien figées. En Afrique comme ailleurs, la notion de progrès est relative, dépends des intérêts de ceux à qui ce "progrès" rapporte. J'éprouve devant cette vidéo la même impression que celle que j'avais ressenti devant une discussion que le candidat Sarkozy avait eu avec Michel Onfray. Je posais alors la question de savoir si les propos de Sarkozy étaient cons ou salauds, c'est-à-dire s'il y croyait vraiment ou s'il flattait le connard dans le sens de ses préjugés. J'incline de plus en plus à prendre cet homme pour un ignare, ce qui est moins rassurant que de le penser comme un salaud...

à lire: Denis RETAILLE, "Frantasmes et parcours africains", L'information géographique, mai 1998

27 août, 2007

Escapade dalmate

Zadar







Sibenik






Split






Dubrovnik






13 août, 2007

Mostar et son ambigue devoir de mémoire


J’ai recherché sur les sites habituels de vidéos de quoi illustrer mon billet sur Mostar, mais tout ce que j’y ai trouvé ce sont des montages de photos partisans et douteux ou des leçons de mémoire. Même les photos que j’édite ici sont discutables, à la fois produits des restes de la culture télévisuelle d’un adolescent qui entendait parler d’un vieux pont en pierre et d’une guerre là-bas dans les Balkans. Je n'ai finalement vu à Mostar que ce que je voulais trouver. Depuis la Croatie, on entre en Bosnie par la vallée de la Neretva, ou plutôt, on vous y laisse passer, quand on veut bien, une fois que l’on est bien certain de tout un tas de choses qui nous échappent et que l’on met sur le dos de l’après guerre a été vérifié. En Bosnie aussi on découvre que l’après-guerre peut être plus longue que la guerre et qu’il est peut-être plus difficile encore d’en sortir.

La frontière passée, Mostar n’est pas loin, à une quarantaine de kilomètres. La ville est grande, quelque chose comme 112 000 habitants. On traverse d’abord des vignes proprement alignées, aux grappes noires et lourdes. On les gouterait volontiers. Viennent en suite des maisons en construction, toutes au même stade, sans trop savoir si la ville prospère ou si les chantiers sont en train d’en rester là. Moins ambiguës sont les cimetières musulmans qui bordent la route. On finit par se demander quand on va en sortir. Les secondes sont longues quand on traverse un cimetière en bus. Les pierres sont encore toutes blanches, presque neuves, beaucoup portent les mêmes dates : 1991, 1992, 1993… On arrive donc prévenu dans le vieux Mostar.

Les immeubles en ruines attirent le regard, criblés encore d’impacts d’obus et de balles. A coté d’eux se dressent de nouveaux et beaux bâtiments, souvent dans un style oriental. Quelques rues bordent la Neretva, elles sont neuves elles aussi, refaites « comme avant », "alla turca", avec leurs mosquées nombreuses et bien entendu le vieux pont (stari most). Lui aussi est en pierres qui n’ont pas eu le temps de vieillir, blanches, propres et glissantes. L’UNESCO a reconstruit la ville "à l’identique", comme si rien ne s’était passé, alors qu’une pierre et un éclat d’obus nous demandent à la sortie du pont de ne pas oublier. Paradoxe de l'après-guerre où il s'agit de savoir s'il faut construire ou recontruire...


Tout autour du pont on vend beaucoup de choses, on ne vend pas grand chose : des services à café et à thé de tout genre, quelques bougies, des pipes à eau… Au fond d’une caverne s’est installé un petit bar du nom d’Ali Baba, on vous sert la même chose que partout ailleurs en Europe, pas de café turc, l’ambiance "mille est une nuit" est proprement décorative. Plus bas un petit resto le long de la rivière nous attire avec une petite odeur de viande grillée. La terrasse est abritée par des parassols ventant la bière de Sarajevo, sauf qu’ici on ne vend pas d’alchool… Mostar développe aussi une image qu’elle donne à voir aux touristes, consciente encore que l’après-guerre attire au moins autant que l’héritage que l’on dit « culturel ». Pourtant la ville également se fait familière à ses visiteurs, accepte les euros, les clichés orientalistes et les parassols que dans une autre terre d’Islam on brûlerait.

On croise des soldats italiens l'appareil photo à la main, des types en maillot de bain qui sautent du pont, ou alors attendent qu'il y ait suffisament de public féminin pour le faire. Sur les présentoires des boutiques on vend le nouveau vieux pont à toutes les sauces, gravé sur un service à café en cuivre, en miniature de pierre, dans une boule à neige. Il y a même près du pont à dos d'âne un bar lounge en plein air pour acceuillir les touristes bobos venus de Dubrovnik (heu... je venais de Dubrovnik..., pire encore, de Babin Kuk...). Une impression assez indécente me taquine. On dirait que l'après-guerre fait vendre. Je m'en veux un peu de penser ça, mais... Mais dans quelle mesure ne vend-t-on pas à Mostar ce que l'on vend ailleurs, c'est-à-dire ce que les touristes viennent chercher, soit de la guerre et de la repentance, mode du devoir de mémoire oblige...?


On pourrait voir que le site est remarquable, la Neretva limpide, et la promenade agréable, mais on vient voir surtout qu'un mortier peut projeter bien loin ses obus depuis les colines, que le vieux pont est de nouveau au dessus du fleuve et qu'il y a des impacts de balles un peu partout suis les ruines. Ne nous y trompons pas, ce n'est pas seulement ce que l'on voit, c'est aussi ce que l'on est venu voir, ce à quoi nous avons été préparé, à peut près ce à quoi nous nous attendions, ce qu'on nous demande de ne pas oublier. J'ai été à Mostar un touriste d'après-guerre, une après guerre qui durera tant qu'elle sera plus profitable que la "paix", tant que l'on viendra à Mostar pour se souvenir et que les impacts de balles nous impressioneront plus que les charmes Balkans.

05 juillet, 2007

Le Modem: victime de son succes?

Je reviens de deux rencontres en deux jour avec les élus du Modem, hier ceux de Paris et aujourd'hui François Bayrou et Marielle de Sarnez. Les réunion avaient pour objectif de faire le point sur cette fin de campagne et de préparer les assises de septembre prochain pendant lesquelles le parti se dotera de statuts et à l'issu duquel le Modem sera véritablement né. Depuis l'annonce de la création du parti, le Modem compte 80 000 nouveau pré-adhérents dont 45 000 sont devenus effectivement adhérents. Le Parti est bel est bien porté par un élan que je que je qualifierais plus de politique que de populaire, même parfois au désespoir de certains cadres qui se voient reprocher, par l'enthousiasme de nouvaux, leurs volonté de prendre des vacances avant les assises.

Parmi ces nouveaux venus, cela ne surprendra personne que la vague principale est venue de Solferino. Une nouvelle sensibilité politique, une nouvelle façon de faire de la politique, un nouvel héritage politique avec ses déceptions et ses espoirs investi le 133 de la rue de l'Université, ce qui justifie à lui seul la refonte du parti. On dit ici où la que les fièdèle craignent pour leurs places, on prend garde à ne pas trop se "péhessiser". On pense qu'il est indécent de dire que Marielle de Sarnez sera candidate à la mairie de Paris avant qu'elle aie été choisie par les militants... Bref tout celà est un parti en mouvement qui se cherche entre ses idées et ses statuts à l'image de ses locaux nationaux devenus trop petits pour lui. François Bayrou vient de réaffirmer l'importance qu'il accorde et l'élaboration d'une Charte éthique. Peut être que la solution est là, si toutefois cette charte intègre les nouvaux statuts et qu'elle soit contraignante.

Des enjeux sont donc à relever. Le Modem doit apprendre à devenir un "parti de masse" qui ne ressemble pas au PS - ce que personne ne veut - et ne soit pas non plus une masse aux ordres comme l'est l'UMP. Le Modem doit poser la questions de ses valeurs, sans avoir peur de les affirmer et ne pas nécessairement rechercher le compromis sur les principes. Il faut une ligne claire et droite, mettre l'homme au centre de tout comme le dit François Bayrou, mais il faut s'y tenir et l'imposer aussi à ceux qui se disent de droite. Or nous avons des raisons d'y croire. François Bayrou entend ouvrir les portes des possible de tous les possibles, nous avons tout à inventer et nous savons que si le Modem échoue, cela sera de notre faute. Le Modem ne sera pas victime de son succès.

04 juillet, 2007

Mise en ligne du "Papageno - Histoire"

Le Papageno se diversifie, et les billets d'histoire se trouvent désormais disponible sur un blog à part entière: Le Papageno - Histoire. Ce petit blog appuyé par mes travaux de prof et de doctorant à pour but de rendre publics des débats d'historiens souvent très intéressant pour notre société, de rendre compte d'une actualité de la recherche et de présenter une partie de mes travaux et de ceux que j'apprécie. Le Papageno - Histoire veut aussi ouvrir un dialogue entre la science que constitue l'histoire et notre société, qu'elle met en perspective, permet de comprendre et d'y évoluer. Un de mes pairs disait un jour lorsqu'on lui demandait à quoi sert l'histoire: "l'histoire ça rend moins con". Je suis bien d'accord avec celà. Alors prenez le reflexe Papageno - Histoire.

28 juin, 2007

Musicagenad: Eye of the Papageno


Risin' up, back on the street
Did my time, took my chances
Went the distance, now I'm back on my feet
Just a man and his will to survive

So many times, it happens too fast
You change your passion for glory
Don't lose your grip on the dreams of the past
You must fight just to keep them alive

It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight
Risin' up to the challenge of our rival
And the last known survivor stalks his prey in the night
And he's watchin' us all in the eye of the tiger

Face to face, out in the heat
Hangin' tough, stayin' angry
They stack the odds 'til we take to the street
For we kill with the skill to survive

It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight
Risin' up to the challenge of our rival
And the last known survivor stalks his prey in the night
And he's watchin' us all in the eye of the tiger

Risin' up, straight to the top
Have the guts, got the glory
Went the distance, now I'm not gonna stop
Just a man and his will to survive

It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight
Risin' up to the challenge of our rival
And the last known survivor stalks his prey in the night
And he's watchin' us all in the eye of the tiger

The eye of the tiger
The eye of the tiger

Persepolis: quelques fleurs de jasmin


Les lecteurs du Papageno savent bien l'intérêt que je porte à l'Iran et c'est donc tout naturellement que je suis allé voir le Persepolis de Marjane Satrapi au ciné, adapté de sa bd. Je crois que tous les compliments ont été offerts à ce film, et à juste titre, sans qu'il soit besoin d'en ajouter. Cette Biographie Dessinée présente entre autre l'intérêt d'un autre regard sur l'Iran, celle d'une génération née sous le Shah, qui a connu un Iran ouvert sur le monde, l'Iran d'une révolution menée en partie par les communistes et les intellectuels, la démocratie, l'élection légale et démocratique du parti Islamique et l'instauration d'un régime totalitaire et intégriste. Persepolis, ancienne capitale de la Perse, le Teheran d'avant, nous présente la vie d'avant, celle d'un culture riche, dynamique, ancienne et ambitieuse. L'Iran apparait alors avoir échoué là où la Turquie a réussi sa démocratisation. Mais Persépolis nous dit qu'il y a eu aussi une modernisation iranienne, elle en nourrit la mémoire, une certaine nostalgie et donc déja une résistance.


Persepolis c'est d'abord bien entendu l'histoire d'une femme iranienne confrontée aux barbares barbue et au préjugé des occidentaux qui ne trouve en Europe sa place que dans les milieux marginaux avant de revenir. Persepolis c'est encore l'histoire du rapport d'une femme à la religion, de son reniement, l'histoire d'une éthique face au totalitarisme, de ses valeurs, parfois de sa comprimission, l'histoire d'une tentation, donc aussi d'une résistance d'une révolte, d'un départ enfin, définitif celui-là. Persepolis ce sont aussi des femmes d'Iran, une grand-mère libre et sans compromis avec son régime, des femmes secretes et résistantes, et d'autres, peut-être la majorité, grâce à qui aussi le régime tient, garantes de l'ordre moral, de la discrimination, du pouvoir de la barbes et du silence des soeurs. J'ai découvert hier une intellectuelle iranienne, qui m'a offert un regard pour moi inédit sur un pays qui n'est pas totalement celui que l'on croit.


Persepolis nous dit à sa façon qu'il n'y a pas de servitude involontaire et que l'on a toujours le choix, qu'il est trop facile de dire que l'on est pas libre, d'accepter le confort de ne pas l'être et qu'un régime ne tient que parce que l'on le veut bien. Persepolis sort de l'a caricature d'une oppression des femmes par les hommes, la liberté est une affaire individuelle et le presonnage de la grand-mère est en cela un modèle exemplaire, une véritable philosophie en action, et peut être la figure la plus libre du film. J'évoquais dans un dernier billet sur le patriotisme Jan Patocka qui écrivait qu'une vie qui n'est pas prêtre à se sacrifier à son sens ne vaut pas d'être vécue. C'est ici finalement cela la liberté, on peut toujours refuser de se compromettre.

25 juin, 2007

Dr House et moi

Il y a trois semaines, je me suis offert le coffret de la saison 1 de Dr House de Brian Singer, cette série assez suprenante bien loin d'Urgences à qui elle fout un sacré coup de vieux, de Grey's Anatomy qui est bien fade à côté d'elle et d'un Nip/Tuck qui à son regard en devient ridicule. Mais qui est Docteur House (Hugh Laurie)? Il serait trop simple de dire que c'est un médecin pas comme les autres. Diagnosticien hors paire, sans blouse blance ni stétoscope - à quoi bon puisqu'il n'approche pas de ses patients? - son personnage d'homme bourru et imbuvable de quarante ans est complexe cachant une véritable profondeur, laquelle d'ailleurs s'affirme tout au long de la saison à mesure que la série s'installe, qu'elle trouve sa cohérence et sa ligne de conduite. Greg House fuit ses patients comme la peste, ou plutot, il apparait plus prompt à courrir après la peste qu'à se rendre à ses consultations. Mais cette froideur et son arrogance cachent une véritable crainte de s'investir qui commence à poindre à la fin de la première saison et s'affirme véritablement dans la seconde. Ce "traine-la-patte" shooté aux analgésiques et qui en consomme ostentiblement pour soigner les conséquences d'un infarctus de la jambe est audieux et touchant, détestable autant que brillant, infecte comme sensible. Comme il le dit si bien "malheureusement pour vous, mon service n'a pas encore été classé parmi l'axe du mal, il n'a été ni envahi ni occupé, nous ne sommes donc toujours pas en démocratie". Je ressortirai ça à mes élèves. Le patient n'est pas sacré, la maladie est plus fiable, les rapports humains ne sont pas son fort, la raison est sa seule partenaire et le serment d'Hippocrate à baffouer. La série est politiquement incorrecte, mais toujours juste, piquante, dérangeante, elle évite les caricatures des deux bords ou les assume pour mieux les ridiculiser. Au début la série se cherche, mais à mesure qu'elle progresse, elle se fait plus surprenante, son scénario ouvre la porte des possibles, et une fois que l'on se laisse aller on ne peut pas en sortir. Docteur House c'est aussi le droit du scpetateur à se délecter de l'amoral mais avec intelligence.

Hugh Laurie a reçu le Golden Globe du meilleur acteur en 2006 et 2007, et nous savons aujourd'hui qu'il y aura une saison 3.

Une petite mise en bouche: les premières minutes du trailer inédit

23 juin, 2007

L'Europe, c'est reparti

Le dernier sommet européen est donc une réussite. La France, l'Alleamgne et l'Espagne ont donc reussi à rallier à eux l'Angleterre d'un Tony Blair qui se voulait inflexible il y a deux jours encore et de négocier avec la Pologne un accord de principe sur un nouveau traité instaurant une présidence fixe et un "haut représentant aux affaires étrangères". Il faudra bien entendu préciser tout cela et les attriutions de chacun, voir comment la Charte des droits fondamentaux sera appalicable (incompatible avec la constitution de la Grande Bretagne) et surtout comprise par les contractants, mais l'essentiel est fait, l'Europe est repartie. On respire un peu. Un jury d'oral du capes d'histoire-géo a demandé à l'un des mes amis s'il serait prêt à mourir pour la patrie. Si cette question avait du m'être posée à mon époque je ne sais pas si j'aurais pu me tenir à la vulgate de l'Education nationale, parce que je pense que non, je n'y suis pas pret, parceque l'idée même de patrie est une absurdité pour moi dans la société dans laquelle nous vivons. La patrie m'indiffére, l'Etat-Nation me fait sourir, seule l'Europe m'importe aujourd'hui, c'est à la fois mon horizon d'attente et mon horizon quotidien, et c'est une bonne chose que l'Union européenne progresse, progresse, progresse

20 juin, 2007

A vos Shakers!

L'été arrive, alors pour tout papagénéen - c'est ainsi que se nomment les lecteurs du Papageno - qui se respecte, l'heure du café frappé à sonné! Alors fouiller dans vos placard à la recherche de vaut shaker, la recette est toute simple. Faite passer un double expresso dans votre machine à expresso habituelle - oui c'est la recette Papageno, c'est donc corsé - et ajouter si vous le souhaitez un petit sucre comme pour servir votre café. Vider un barre de glaçons dans votre shaker et verser y votre tasse de café. Après, c'est lhuile de coude: secouez jusqu'à ce que la mousse soit la plus importante possible, elle se déduira d'elle même après. et vous n'avez ensuite qu'à servir. Pour les gourmands, vous pouvez aussi frapper un Moka ou un capuccino, mais le meilleur cappuccino freddo est tout de même Piazza di Spagna...

17 juin, 2007

Un mauvais résultat pour tous

A l'heure qu'il est le PCF est en voie d'obtenir 19 sièges à l'Assemblée nationale alors que le Modem n'en aurait que cinq et que la LCR et à plus forte mesure le FN n'en auront aucun. On parle beaucoup d'une victoire de l'UMP qui n'est pas si écrasante que ça, et le PS se flatte que ce serait grâce à lui. Comme toujours, je me demande si le PS le fait expret ou s'il est complétement à coté de la plaque. Le PS veut rassembler alors qu'il n'aurait simplement besoin de s'affirmer et d'affronter le risque de scission, de "s'affirmer idéologiquement comme l'UMP a eu le courage de le faire" tel que vient de le dire Olivier Besancenot. Manuel Vals affirme des choses encourageantes, Lang pousse sa gueulante, dans le fond il a raison, mais je ne lui accord plus aucune crédibilité après son ralliement opportun à Ségolène. Bref, l'Assemblée d'aujourd'hui ressemble beaucoup à celle d'hier, et j'ai bien peur que rien ne change. La gauche a perdu les élections, elle va pouvoir faire ce qu'elle sait faire le mieux, parler, parler, parler... Cette situation me semble en fait pire que tout. L'opposition à trop de poids pour donner toute la légitimiter à la rue et la droite n'a pas assez de pouvoir pour se retenir en cas de réforme. Reflexion tordue? Pëut être, mais une Assemblée à 80% aurait déplacé l'opposition dans la rue et donc obligé le gouvernement à composer avec. Aujourd'hui, il y a une véritable opposition légale, voilà une chose dont l'UMP n'aura pas à se soucier. Et si la gauche du PS s'assumait en s'alliant aux députés communistes et Verts et que le reste décide enfin de discuter ouvertement avec le Modem? Comme l'écrivait Vaclav Havel, il est permis d'espèrer...

13 juin, 2007

Le scrutin majoritaire: une si laide exception française...

Le dernier article de Gilles Fumey sur le site des Cafés Géo propose une humeurs bien sentie non pas sur la victoire écrasante de la droite ou la défaite pitoyable de la gauche mais sur les élection législatives en elles-même. L'auteur rappel que le système majoritaire à deux tour a été voulu par De Gaulle pour que le gouvernement obtienne une large majorité pour gouverner à la sortie d'une IVème République ou les gouvernements pouvaient se succèder tous les mois, et surtout, comme l'avait bien compris Mendes France, obligeait leur leader a obtenir des résultats et à tenir leurs promesses pour rester en place bref. La créature de De Gaule est toujours fringante comme un gardon. La question de la représentativité est est flagrante pour tout le monde et pose la question du lieu géographique de la rencontre entre le pouvoir et l'opinion. Le Parlement n'étant pas représentatif, il devient d'une certaine façon normal que d'autre lieu émergent à l'image de la rue. Je ne suis pas non plus pour une démocratie de la rue, ou celui qui crie le plus fort aurait raison, mais je pense qu'il ne sert à rien de reprocher à la rue de protester tant qu'aucune institution ne permet la contestation de l'exécutif. Le contre-point de cela est aussi que la rue peut se transformer en défouloir où mes protestations s'épuisent erratiques sans jamais réussir à faire infléchir le gouvernement. Le second intérêt qui me semble ressortir de l'article de Gilles Fumey, est que le système majoritaire n'est même pas juste en soit en raison de l'inégalité des circonscriptions crée en 1958 et qui ne répondent plus aujourd'hui à la réalité démographique française. Bref, il me semble aujourd'hui que le problème véritable est bien celui-ci, et que la question de nos institutions et peut être plus fondamentale que la santé du PS ou l'omnipotence gouvernementale.

Musicagenade: rendez-vous au prochain orage...

10 juin, 2007

Il y avait des élections aujourd'hui

39% des inscrits sur les listes électorales viennent de s'abstenir et personne pour mettre les pieds dans le plat. On se demande parfois si les hommes politiques qui s'expriment ne comprenne rien ou font semblant de ne rien comprendre pour ne pas prendre leurs responsabilités. Ségolène Royal croit que les electeurs qui l'ont choisi au second tour de la présidentielle lui appartiennent et elle se permet de les gronder. La gauche parle à la gauche et pas à la France, comme toujours, et c'est bien celà le probleme. Il faut donner des voix au PS pour qu'il puisse s'opposer.... Pour ma part, la nécessité d'une opposition passe loin derrière la qualité de celle-ci. L'opposition pour l'opposition, non merci. Que le PS apprenne à parler pour l'intérêt général et non pour ceux qu'elle croit être leurs électeurs. Semblable à cet enfant qui voit la lune au fond d’un puits et qui disait… Je veux la lune… Je veux la lune… Le PS dit… Je veux de l'opposition… Je veux de l'opposition… sans savoir ni comment ni par où, ni quelle en sera la veine artérielle, ni quel en sera le programme, ni pour qui, ni pour quoi, ni précisément à quoi il travaille ; ni combien de conquête il aurait à faire sur lui-même avant de penser à l'Assemblée national.

Je suis un démocrate exigent, je crois que l'on na pas le droit de dire que l'abstention est de la faute des candidat. Je pense que l'on a les gouvernements et les députés que l'on mérité, qu'ils sontle reflet de nos exigences politique et que l'on a pas à démarcher des électeurs comme des consommateurs pour aller voter. Le vote est affaire d'exigence politique et morale, pas d'un marché des voix. Mais je crois aussi à l'indifférence envers le pouvoir en place qui est aussi une forme de protestation politique. Un pouvoir n'existe que parce qu'il est reconnu, et en s'opposant on le reconnait. Ne pas s'y opposer mais ne pas s'y soumettre, c'est je crois une grande modernité politique. Le fruit pourri par manque d'oxygène et tombe de lui même. Je n'appelle pas à l'abstention, j'ai voté pour le Modem, mais j'ouvre juste la voix de l'idée d'un possible. Et pitié, arrêtez avec cette argumentation minable visant à faire culpabiliser les français de ne pas voter alors que d'autres personnes dans le monde n'en ont pas le droit.

09 juin, 2007

Musicagenade: this life is the best we've ever had


(si vous trouvez une meilleure vidéo je prend...)

Tonight we fly
Over the houses
The streets and the trees
Over the dogs down below
They'll bark at our shadows
As we float by on the breeze

Tonight we fly
Over the chimney tops
Skylights and slates -
Looking into all your lives
And wondering why
Happiness is so hard to find

Over the doctor, over the soldier
Over the farmer, over the poacher
Over the preacher, over the gambler
Over the teacher, over the rambler
Over the lawyer, over the dancer
Over the voyeur,over the builder and the destroyer,
Over the hills and far away

Tonight we fly
Over the mountains
The beach and the sea
Over the friends that we've known
And those that we now know
And those who we've yet to meet

And when we die
Oh, will we be
That disappointed
Or sad
If heaven doesn't exist
What will we have missed
This life is the best we've ever had

05 juin, 2007

La biodiversité politique française menacée: est-ce bien là le problème...?


Après avoir appellé au vote utile et à la concentration des voix sur son candidat à l'occasion du premier tour des élections présidentielles, la gauche agite aujourd'hui la peur d'une chambre bleue horizon et la nécessité de conserver une "biodiversité politique" au sein de l'Assemblée nationale. Je cherche la cohérence du discours de cette gauche, agitant les idées selon ses besoins passant de l'une à l'autre sans trop se soucier d'une ligne intellectuelle qui donnerait sens à son action. Il fut un temps pas si lointain ou voter pour François Bayrou ne servait à rien puisqu'il n'aurait ni de majorité à gauche, ni de majorité à droite. Aujourd'hui, tout le monde s'accord pour que le modem obtienne quelques sièges au nom de la survie de cette biodiversité. Je suis un partisan de la proportionelle intégrale, mais je n'accepte pas de mélanger mes convictions avec ceux dont les idées sont des girouettes sensible au sens du vent. Pour moi la proportionnelle est une question de principe et ceux qui agitent l'épouvantail de la IVème République agitent aussi des idées sans trop savoir de quoi ils parlent. Pour cela, lisez les historiens et l'affaire sera plier. Partout en Europe, à l'exception de l'Angleterre, le corps législatif est élu au suffrage proportionnel, et tout ces pays sont gouvernables. La France n'a fait que connaître des majorités stables depuis 30 ans, et aucune réforme d'envergure n'a été efficace. Quel système est lacunaire, celui où l'on discute les projets de lois ou celui dans lequel on se couche devant le gouvernement? Mais la gauche n'a pas cette conviction, la gauche ne cherche qu'à maintenir ses groupes, à négocier des accords électoraux, à conserver son temps de parole... Le PS qui pleurt aujourd'hui derrière le risque de virage fort du régime est celle qui l'a permis en inversant le calendrier électoral, en donnant au président un rôle primordial et en subordonnant de fait les élection slégislatives à la sienne. A quand la refondation?

Arrêtons de pleurer sur la perspective que l'assemblée bascule encore plus à droite qu'elle ne l'a été pendant cinq ans. Qu'avons nous ici à reprocher à Nicolas Sarkozy et à l'UMP? Il joue sur notre terrain, selon les règles que nous avons nous-même instituer. Nicolas Sarkozy a été elu, et l'Assemblée prochaine le sera aussi, sur un véritable projet de société. L'UMP a une vision du monde, ses électeurs sont convaincus par se projet, ils y crois, leur vote est positif. La gauche n'a su, et ne continu qu'à proposer une vote négatif, contre Sarkozy, elle a été incapable en cinq ans de proposer un projet de société ambitieux et cohérent, de dessiner un horizon d'attente et tout simplement de prendre ses responsabilités. C'est pour cela que nous avons perdu, et franchement j'ai du mal à voter pour de telles personnes. Si nous n'acceptons pas la façon dont tournent les choses en ce moment, reprochons le à la gauche et non à Sarjkozy, reprochons le à nous-même de n'avoir pas su égiger des partis de gauche suffisamment de rigueur et d'éthique. L'urgence ce n'est pas tout sauf une majorité de droite écrasante, mais tout sauf une gauche pitoyable et sans dignité.

Le Kebab douce France: une affligeante confusion

Je viens de voir passer à la télé une nouvelle pub pour un sandwich à la façon d'un kebab sous vide de la société Douce France... Une pita pliée en deux et garnie de viande grillée coupée en lamelles et de salade est déjà une certaine forme d'adaptation culturelle. Vous ne trouverez jamais de tels choses à Istanbul. Le kebab est turc, à vrai dire, "kebab" signifie viande et tout plat de viande que celà soit du poulet, du mouton ou du boeuf est nommé kebab, quelque soit la façon dont elle est cuisinée. Mais je n'ai rien contre la réduction du terme à ce sandwich à la française dont je suis assez fan. Alors que dernièrement nous parlions ici des transferts culturels qui ont fait l'identité française, je trouve tout cela plutot amusant, ou plutot j'aurais pu le trouver si la pub ne se terminait pas par l'apparition de trois dromadaires autour des acteurs, assis en plein coeur de la verdoyante campagne française... Ce qui me gène plus c'est cette ridicule assimilation des éléments identitaires que les Européens associent à l'Orient, comme si cet Orient existait ailleurs que dans le regard des Européens, et qu'il n'était pas pluriel. Il n'y a pas de dromadaire en Turquie si ce n'est dans des zoos. La Turquie n'est pas un pays désertique de nomades mais un pays à l'agriculture céréalière riche et à la civilisation urbaine ancienne. Ces clichés sont vraiments afligeants tant ils témoignent de la profondeur de l'ignorance que la doxa à de la Turquie pour laquelle elle se permet pourtant de porter tant de jugements. En 1968, Edouard Saïd dénonçait l'Orientalisme des Européens comme un outils de domination du Proche et du Moyen Orient. Il invitait son lecteur à opérer à une décolonisation culturelle, nécessaire apres la décolonisation politique de cette région. Force est de constater que ce processus est encore inachevée aujourd'hui. L'Orient n'existe pas. Ce que l'on nomme "Orient" est une réalité plurielle et complexe qui n'a rien de folklorique, ce qui nous rend ridicule de le simplifier ainsi.

Pour le plaisir voici le Karisik Isgara servi au Mozaik à Sultanahmet, divin...

04 juin, 2007

test: qui a écrit...

Chers Papageneurs,
Fadi vous propose un petit jeu qui est de découvrir l'auteur de cette citation, et pour ma part j'ajoute que je vous invite à nous dire ce que vous en pensez.

"professeurs, administrateurs, étudiants, parents d'élèves, prendront part directement à la marche, à la gestion, à l'ordre, aux sanctions et aux résultats d'établissements devenus autonomes et qui devront, ou bien fonctionner comme il faut, ou bien fermer leurs portes et cesser de gaspiller le temps des maîtres et des disciples, ainsi que l'argent de l'Etat."

31 mai, 2007

Il court, il court le furet...


Nicolas Sarkozy était aujourd'hui en Espage pour présenter son projet de réduction du traité constitutionel européen à sa Charte fondamentale. Etudiant en licence d'histoire - ce qui commence tout de même à remonter - une idée de Robert Frank m'avait beaucoup marqué. La France est souvent à la fois à l'initiative des grands projets européens mais aussi à l'origine de leur échec. Or chaque échec général débouche sur une avancée particulière. Si Nicolas Sarkozy arrive à réunir les Européens sur le texte fondamental de projet de traité, le processus se vérifira encore et il faut l'espérer. Plus étonnant peut être, la proposition de Nicolas Sarkozy était celle d'une grande partie de la gauche, pour ne pas dire de la gauche de la gauche qui a défendu le "non" en 2005. Il est dommage que sur une chose aussi importante que l'Europe, la gauche reste muette à l'égard de cette initiative. Si la gauche veut se redonner une certaine profondeur, elle doit se prononcer sur des choses aussi importantes que l'Europe. je n'envisage son silence que comme un lache accord. La gauche se tait alors qu'elle devrait avoir une action positive, affirmer ses idées, construire cette avenir dont elle parle tant mais pour lequel elle ne fait rien. La gauche est déjà dans l'opposition, rien n'y fait, il semble qu'elle n'ait rien encore compris et qu'elle soit incapable d'avoir un projet franc, préférant se positionner d'abord par rapport à ce que fait la droite.

28 mai, 2007

Désir d'avenir, mépris du présent

Alors que la camapgne législative est engagée, le Parti socialiste ne semble pas avoir entamé sa réforme et aborde ces nouvelles élections comme étant déjà l'opposition. S'opposer est une chose bien confortable, cela n'engage à rien. Mais peut-on prendre part à des élections avec la seule idée de s'opposer, sans projet véritable? En effet, la gauche, telle qu'elle est aujourd'hui, serait bien ennuyée de gouverner, sans leader, sans programme, sans vision de la société et de l'avenir. Voilà donc que le P.S. s'engage dans la campagne législative avec une certaine tranquilité que confère la résignation, se donnant cinq nouvelles années pour se réformer, pour critiquer, pour aboyer, mais sans forcément proposer. Si la gauche ne fait que s'opposer sans construire de projet, ce qui implique de pouvoir parfois valider certaines initiatives gouvernementales, il est bien évident qu'au bout de dix-sept années de présidence, nous n'en n'aurons pas fini avec la droite. La gauche, ou plutot, les gauches doivent aujourd'hui prendre leur responsabilité. Le rassemblement de doit pas être l'horizon d'attente. La gauche doit imploser pour se recomposer, que les antilibéraux soient vraiment des antilibéraux, et que les socio-démocrates soient vraiment des socio-démocrates. Si cela doit couter la vie au PS tel qu'il est aujourd'hui, nous ferons avec. Il est bien trop simple d'avoir des désirs d'avenir...

25 mai, 2007

Les lendemains de guerre: appel à communication pour un colloque international

Réflexions sur "l'après" de l'Antiquité au monde contemporain : les hommes, l'espace et le récit

Résumé
L'ambition de ce colloque est de lancer une réflexion sur le concept d'après-guerre, appréhendé sur le temps long. Il invite les historiens de toutes périodes, et plus largement les chercheurs en sciences humaines à analyser cet espace-temps riche de mutations et lourd de traumas. Le premier volet de cette réflexion privilégiera les aspects sociaux, culturels, littéraires, mais aussi territoriaux des lendemains de guerre.



Annonce
Appel à communication pour un colloque international

Organisé par l’équipe d’accueil « Civilisations et Identités Culturelles Comparées des Sociétés européennes et occidentales » (EA 2529 CICC) – Université de Cergy-Pontoise


LENDEMAINS DE GUERRE
Réflexions sur « l’après » de l’Antiquité au monde contemporain :
Les hommes, l’espace et le récit


Université de Cergy-Pontoise
9, 10 et 11 octobre 2008

Appel à contribution
Date limite : 15 janvier 2008


Présentation


Depuis la Grande Guerre, la question des « lendemains de guerre » demeure une thématique récurrente, en même temps qu’elle apparaît aux yeux des historiens comme un sujet de réflexion nouveau. Si la voie a naturellement été ouverte par les historiens contemporéanistes, il paraît aujourd’hui déterminant de prolonger cette réflexion sur la longue durée par une approche comparatiste. L’ambition d’un tel colloque entend précisément mettre en lumière les « lendemains de guerre » comme un objet d’histoire à part entière, transposable à l’échelle du temps long.

Si les enjeux politiques, les conditions économiques, la reformulation des relations sociales, l’empreinte de la guerre sur les hommes, sont directement tributaires d’un contexte, des résonances peuvent apparaître entre les différents moments de l’histoire. La guerre, au-delà de toutes ses diversités historiques, a constitué un élément structurel important, parfois omniprésent dans les sociétés dites anciennes ou traditionnelles. Ses conséquences ont fait l’objet d’études ponctuelles, isolées dans des tranches chronologiques spécifiques, sans être réunies dans une analyse globale, qui aurait permis de mesurer le poids de la guerre dans les périodes de l’« après ». Cette Histoire par les hommes, et non par les armes, suivra plusieurs axes de recherche qui, dans un esprit transdisciplinaire, privilégieront les aspects sociaux, culturels, voire anthropologiques, mais aussi territoriaux et littéraires des lendemains de guerre. La liste n’est pas exhaustive, pas davantage que les sources sollicitées.
Les aspects proprement économiques et politiques constitueront un second volet, qui complétera ultérieurement le premier.

La démarche consiste à analyser avant tout les suites de la guerre sur les individus, la société et l’espace, plus qu’à travers l’histoire des institutions et des armes. Elle fera appel non seulement aux historiens des périodes ancienne, médiévale, moderne et contemporaine, mais plus largement aux chercheurs en sciences sociales.

Toutefois, il conviendra d’abord de s’interroger sur le contenu du concept. S’agit-il d’une simple formule commode ? « L’après-guerre » ou les « lendemains de guerre » se limitent-ils à désigner une période de transition indéfinie, le temps d’une simple parenthèse temporelle ? S’ils peuvent revendiquer une identité propre, celle d’un temps distinct à la fois de la guerre et de la paix, il s’agira de fixer les critères qui permettent de délimiter la singularité de cet espace-temps ; comme de s’interroger sur sa nature même : contexte ou processus ?
Au-delà, trois thèmes d’étude peuvent être dégagés.

« Les Hommes », ce thème comprendra plusieurs orientations possibles : le retour des hommes de guerre avec la dialectique réinsertion-désocialisation, les problèmes de la violence et de la délinquance. Il portera également sur la question du retour des prisonniers et celle des déplacements de populations. Ce thème suggère encore l’étude des populations civiles et des héritages de la guerre, en particulier à travers une approche historique des sentiments (euphorie, tristesse, colère, insécurité, haine…). Ce thème associera enfin le rôle des femmes dans les lendemains de guerre, ainsi que la place des morts.

Le second thème « Raconter la guerre » s’attachera à la dimension mémorielle au lendemain des conflits. Ces souvenirs, qui ne se confondent pas avec la mémoire collective, ni la commémoration, se rapportent aux récits individuels du vécu de la guerre. Ils peuvent encore être associés à la douleur et à l’impossibilité de dire la guerre.
Un dernier thème, « L’espace d’après-guerre », retiendra des aspects plus matériels, qui touchent en partie aux sphères de l’économique et du politique, en l’occurrence : la prise en charge des « lieux de guerre » par les hommes, les communautés ou les autorités (réinvestissement de l’espace : espaces désertés, espaces de combats) ; les reconstructions matérielles et la mise en défense du territoire.


Comité d’organisation :

Valérie Toureille
François Pernot

Comité scientifique :
Philippe Contamine (Membre de l’Institut)
Hervé Drévillon (Pr. Poitiers)
Jacques Frémeaux (Pr. Paris IV)
Yann Le Bohec (Pr. Paris IV)
Bertrand Schnerb (Pr. Lille III)
Eric Vial (Pr. Cergy)
Annette Wieviorka (UMR-IRICE Paris I)

Envoi de la proposition de communication :

Texte de 2000 signes maximum (avec coordonnées précises de l’auteur), avant le 15 janvier 2008 à :
Valerie.Toureille@u-cergy.fr
Ou
Francois.Pernot@u-cergy.fr

23 mai, 2007

A vos masques: l'identité n'est pas une chose sacrée


Suite à notre petite discussion sur l'identité, il me semble intéressant de reprendre ici une de mes nouvelles fétiches, publiée dans la "Gazette d'Amsterdam" du 19 août 1783 et datée de Vienne du 13 août de la même année.

"On mande en Bosnie, que trois Femmes avaient été assez heureuses pour se sauver de la Ville de Busim avec deux Filles & un Fils & de se retirer en Hongrie. A leur arrivée, elles déclarèrent que la crainte d’être envoyées par leurs Maris plus loin & dans le cœur de la Turquie les avait décidé à s’enfuir ; qu’étant descendues de Parens Chrétiens, elles désiraient embrasser cette St-Religion ; enfin qu’elles ne doutaient point, que plusieurs autres Femmes, des Hommes mêmes, ne prissent le même parti, lorsque les Hostilités commenceraient. Ces six Personnes, envoyées d’abord à Kostainicza y ont été instruites et baptisées. C’est un cas fort extraordinaire, car aucune Nation ne garde avec tant de soin les Femmes, que les Turcs, c’est ce qui le Prophète Mahomet leur ordonne expressement dans le Koran, par ces mots : O Vrais Croyans, gardez vos Femmes avec soin."

Busim et la Bosnie se trouvent alors sur le territoire ottoman. Les femmes en question sont musulmanes mais filles de parents chrétiens. On sait par ailleurs que la Bosnie est l'une des régions les plus islamisée des Balkans. Plusieurs questions se posent alors. Pourquoi des Chrétiens ont-ils préféré de s'installer dans l'Empire ottoman? Par quel biais leurs enfants ont-ils pu se convertir à l'Islam, sachant que cette conversion n'est pas demandé par le Sultan? Pourquoi enfin repasser de l'autre coté de la frontière et préférer une conversion au crhistianisme plutot qu'un déplacement en Anatolie? On connait aujuourd'hui assez bien l'attraction de l'Empeire ottoman sur les populations hongroises à qui le Sultan offre des terres, une liberté confessionelle et souvent des conditions de vie plus avantageuse qu'au sein de la Maison d'Autriche ce qui explique le départ de nombreuses familles du Royaume de Hongrie vers l'Empire ottoman. On a longtemps cru que les minorités religieuses chrétiennes des Balkans étaient toutes installées avant la conquéte ottomane, or il s'avère très concrètement aujourd'hui que cela est loin de constituer une généralité. Installé en Bosnie ottomane, la conversion des enfants à la religion et à la culture dominantes constitue un biais classique de promotion sociale qui est bien loin d'être perçu comme une trahison. Or la conversion n'implique pas nécessairement le renoncement à un savoir culturel d'origine. Aussi, les femmes musulmanes filles de parents chrétiens peuvent ici traverser le frontière et se faire baptiser, ce qui implique qu'elles ont conservé un savoir et la maitrise des rites catholiques. Ce n'est pas une révélation spirituelle qui pousse ces femmes à cette ultime conversion, mais bien une stratégie identitaire qui leur fait préférer résider de l'autre côté de la frontière, c'est à dire à un endroit qui reste exposé en cas de guerre, plutot qu'à l'abri ailleurs dans l'Empire ottoman. Cela s'explique en partie par la continuité de liens de solidarité entre les familles migrantes et leur communauté d'origine.

Cette nouvelle, comme tant d'autres des grandes gazettes européennes du XVIIIe siècle, nous invite à ne surtout pas sacraliser l'identité, et à la penser comme une véritable stratégie sociale, qui pousse par exemple, en 1781, le grand rabin de Constantinople à se réveiller musulman, du jour au lendemain, et devenir grang "Cadi" de l'Islam en l'espace de 6 mois. L'identité est ici le biais du changement social. Il en est de même pour nous aujourd'hui. Que l'on en soit conscients ou non, nos identités créent des solidarités avec ceux qui la partage. Or ce sont ces solidarités qui nous permettent d'être et d'agir en société. Les identités sont alors aussi relatives que l'ordre social qu'elles fondent et dans lequel elles s'inscrivent. Elles sont définitivement stratégiques, et nous pouvons les mettre en cause. Être français n'est pas une chose sacrée, c'est une chose sociale.

20 mai, 2007

L'identité française aujourd'hui: la fausse route de Sarkozy

Alors que la question de l'identité nationale retrouve une certaine actualité, il me semblait intéressant de faire part ici des travaux de Wolfgang Schmale, historien autrichien de l'Université de Vienne, qui a publié une histoire de France reposant sur une idée neuve, celle que l'identité française s'est construiste par le biais de transferts culturels d'hommes, d'idées et de choses venues d'ailleurs. Aussi, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis d'Amérique ont depuis la Renaissance influencé notre culture et nous leur avons emprunté des éléments identitaires qui leur étaient propres et que nous avons assimilé comme étant notres. L'intérêt de Wolfgang Schmale est de totalement renverser le processus de création des identités nationales que l'ont a longtemps regardé comme se créant en soi et pour soi, indépendament de l'extérieur. Puisque Wolgang Schamle pose l'autorcritique du regard de l'historien comme un principe fondamental, il serait injuste de ne pas préciser qu'il s'inscrit ici dans une conscience identitaire métissée qu'est celle de l'Autriche, laquelle identité s'est construite par des transferts culturels échangés avec la Bohême, la Hongrie, l'Allemagne, les Blakans, l'Italie ou l'Empire ottoman. Or il s'avère que la démarche de Wolgang Schmale n'est pas des moins pertinentes pour l'histoire de l'identité française, malgré le faible écho qu'elle a reçu ici.

Ces nouvelles perspectives doivent participer au débat contemporain sur l'identité nationale. Si celle-ci se contruit par des transferts avec ses égales, il semble donc bien paradoxal de la faire se refermer sur elle-même et de considérer les échanges avec l'étranger comme des risques à l'égard de cette identité. En effet, si l'identité nationale à un sens aujourd'hui - ce qui est loin d'être évident - celle-ci évolue et se reconstruit grace à des transferts avec l'Afrique comme jadis avec l'Italie ou l'Angleterre. Qui peut contester que le Couscous soit aujourd'hui un plat bien de chez nous? Bien entendu nous ne le faisons pas de la même façon qu'au Maghreb, mais nous le faisons tout de même. C'est cela un transfert culturel: un élément partie d'une culture vers une autre, reçu par cette dermière, transformé et assimilé par elle. Le couscous a-t-il mis en cause notre identité nationale? Non, il la fait évoluer, cart toute identité évolue et n'est jamais la même d'une génération à l'autre. Figer une identité, c'est la tuer.

19 mai, 2007

Musicagenade: découverte


Un vrai coup de coeur, allez voir son site, il y a deux tres beaux enregistrements et retrouvez la en concert. Voici les trois prochaines dates annoncées:
Le 21 mai, 20h à la baleine blance
Le 23 mai à 20h30 au T pour 2
Le 21 juin à 20h aux Arenes de Montmartres

16 mai, 2007

Guy Moquet et Nicolas Sarkozy: mais quel est l'ennemi?

Nicolas Sarkozy a tenu aujourd'hui à ce que soit lue la lettre d'adieu de Guy Moquet, jeune résistant communiste, fusillé le 22 octobre 1941 à l'âge de 17 ans. Cette lettre devra être lue dans les lycées à l'occasion de chaque rentrée scolaire. Voici sont contenu:

"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,

"Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

"Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

"17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.

"Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !

"Votre Guy qui vous aime.

"Guy

"Dernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"

***

On ne peut recevoir qu'à coeur ouvert les mots de ce jeune homme, qui avant d'aujourd'hui, pour beaucoup, n'était peut être qu'une station du métro parisien. Or la mémoire est sellective, et celle de la Nation l'est autant que les mémoires particulières. La lecture de cette lettre s'inscrit dans la suite de la célébration de la victoire le 6 mai sur l'ancienne place de la Révolution, sur la célébration de la mémoire de De Gaule et de Clemenceau. Toutes ces références sont celles d'une France en guerre, elles évoquent le sacrifice, le sueur, le sang et les larmes. Nicolas Sarkozy veut-il nous mobiliser pour un combat? Quel est l'ennemi? Peut-être que toutes ces réfences ne sont utilisées que par stratégie d'efficacité mémorielle, et que leur références communes à un contexte de guerre est anodin. Peut-être, mais au regard du programme et des ambitions (légitimes ou non, là n'est pas la question) du nouveau président on peut aussi s'interroger sur la vilonce des réformes qui arrivent. Et s'il s'agit de préparer et de mobiliser les consciences, il me semble que l'utilisation de cette mémoire est bien dangereuse.