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05 mars, 2007

Dom Juan au regard de l'histoire et de l'anthropologie

" Dom Carlos
Nous nous voyons obligés, mon frère et moi à tenir la campagne pour une de ces fâcheuses affaires qui réduisent les gentilshommes à se sacrifier, eux et leur famille, à la sévérité de leur honneur, puisque enfin le plus doux succès en est toujours funeste, et que, si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume; et c'est en quoi je trouve la condition d'un gentilhomme malheureuse, de ne pouvoir point s'assurer sur toute la prudence ettoute l'honnêteté de sa conduite, d'être asservi par les lois de l'honneur au dérèglement de la conduite d'autrui, de voir sa vie, son repos et ses biens dépendre de la fantaisie du premier téméraire qui s'avisera de lui faire une de ces injures pour qui un honnête homme doit périr" (Dom Juan, acte III, sc. 3)


Cela fait longtemps qu'un livre d'histoire ne m'avait pas pris comme celui-là, à savoir le dernier essai de Jean-Marie Constant, "La folle liberté des baroques (1600-1661)". Cet essai rélalise l'ambition entre autre, de soumettre la littérature, de la France des Régences du XVIIe siècle et du règne de Louis XIII, à d'autres regards et de "la penser aussi comme un document d'histoire et d'anthropologie qui peut apporter beaucoup sur la comprehension des sociétés". Aussi l'auteur présente un nouveau niveau de lecture du dom Juan de Molière que les études littéraires ignorent souvent. L'oeuvre correspondrait à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération politique et Molière aurait réussi à réaliser la synthèse de deux traditions du mythe: "l'Espagne présente un modèle exemplaire de châtiment divin, l'Italie le tourne en bouffonnerie, la france fait la synthèse des deux courrants et y greffe une autre perspective - le portrait typique du grand seigneur baroque du temps".

Dom Juan n'est pas qu'un séducteur c'est aussi un philosophe: "la justification, qu'il donne de son comportement met en cause une des valeurs fondamentales de la société baroque: l'amitié". Il défie non seulement la société mais aussi Dieu, n'estimant n'avoir de compte à rendre qu'à lui seul et qu'il est prêt à "déméleré avec. Dom Juan trangresse à la fois des valeurs sociales et religieuses. Or ces valeurs sont mise en cause au début des années 1660 et Louis XIV met en place ses grandes enquête de noblesse, tentative de remettre en ordre l'aristocratie, si ce n'est la société de son temps. Molière défend en effet la primoté du mérité sur la naissance, parfois même contre son personnage, mais Dom Juan est un noble de son temps, un grand seigneur libertin certes, mais aussi un gentilhomme courageux, qui n'a pas peur de la mort et se trouve honorer de pouvoir perdre la vie au combat. Cet idéal aristocratique est battu en brêche depuis Richelieu et la décapitation de Bouteville qui malgré les interdits a participé à 27 duels, tous victorieux... Et Dom Juan de déclamer que "si l'on ne quitte pas la vie, on est contraint de quitter le royaume" pour continuer à vivre noblement. Dom Juan qui prend plaisir à transgresser toutes les valeurs dela société civile et de la réforme catholique, accepte sans discuter les règles de conduite du gentilhomme. Et face à la mort, Don Juam à l'attitude de son état. Il l'affronte sans crainte.

Je viens à pein de finir le premier châpitre de ce livre pétillant d'intelligence et de subtilités comme le siècle qu'il se propose d'étudier, et je ne vous garantis pas de pouvoir me retenir d'en écrire plus dessus.

03 mars, 2007

La Hongrie ottomane: une histoire muette?

Vous avez pu lire dans les commentaires de mon avant dernier billet un débat controversé sur la question de la "présence" ottomane en Hongrie et plus généralement dans les Balkans. S'agît-il d'une oppression ou d'un simple système de gouvernement comme un autre? La mémoire nationale hongroisie glorifie aujourd'hui, et à raison, le règne de Mathias Corvin mais disqualifie totalement la période qui suis la bataille de Mohacs et la partition de la Hongrie en trois pendant 150 ans. En effet, en 1520, un certain Soliman devient Grand Seigneur à Constantinople, un an plus tard il prend Belgrade, traverse le Danube et marche vers Buda. Le 29 août 1526, à Mohács, l'armée ottomane met en déroute celle du roi de Hongrie, Louis II Jagellon, lequel trébuche pendant sa fuite et se noie dans un ruisseau. Le 11 septembre de la même année, la capitale du royaume est prise. Soliman qui refuse d'assumer ses conquêtes confie dans un premier temps la couronne de Saint-Etienne au voïvode de Transylvanie, Jean Zápolyai. En 1529, les Ottomans mettent même le siège sur Vienne et font trembler la Chrétienté. En 1541, le Royaume de Hongrie est finalement divisé en trois: le Nord (Haute Hongrie, ou actuelle Slovaquie) et l'Ouest sont donnés à Ferdiand 1er de Habsbourg qui devient roi de Hongrie, la Transylvanie devient autonome et vassale de Constantinople et la plaine de Hongrie dont Buda est annexée à l'Empire ottoman et devient le Pachalik de Bude. Il faut attendre l'échec du second siège de Vienne en 1683 et la conquête de la Hongrie par l'Empereur pour que le vieux royaume soit restauré en 1699.


Si pendant cette période on connait bien l'histoire de la Hongrie dite royale et que depuis les traveaux de Béla Kopëczy celle de la Transylvanie nous est révélée, il reste que l'histoire de la partie ottomane de la Hongrie demeure controversée. Pour beaucoup, cette histoire est celle d'une oppression, soumise au Timâr, c'est à dire à l'impôt levé pour nourir l'armée et ses janissaires. D'autres, y voit un pays conquis par le Djihad et la mainmise de l'Islam sur un part de la Chrétienté sacrée. Ajoutons à ce préjugé religieux le préjugé politique qui frappe le Sultan imanquablement de despotisme et l'on comprend qu'il est bien difficile face au consciences contemporaines de réabiliter l'histoire ottomane de la Hongrie. Je ne veux pas compter les points, ni savoir si la domination ottomane fut plus rude que celle des Jagellon ou des Habsbourg. L'historiographie hongroise a même pendant longtemps disqualifié l'époque moderne sous prétexte qu'après Mathias Corvin le pays n'avait été soumis qu'à des despotes étrangers. C'est là bien mal connaître l'histoire moderne que de la penser à travers le prisme du nationalisme. Celui-ci n'est pas opérant.


Voici donc juste quelques faits qui pourront peut-être faire avancer le débat. Il est d'abord intéressant de remarquer quer François 1er était considéré par le futur Philippe II d'Espagne comme aussi tyranique que le Sultan tellement il oppressait ses sujets d'impôts. Si aux yeux de ce futur grand roi les règnes de François 1er et de Soliman sont comparables, force est de constater que leur mémoire aujourd'hui diffèrent. Il est vrai que l'armée est le premier outil de gouvernement du Sultan dans les Balkans et en Hongrie en raison de sa poistion frontière dans l'Empire. Les janissaires sont rétribués par le timâr, c'est à dire un prélèvement en nature sur les récoltes. A vrai dire, les abus sont rarement commis contre les populations, d qui paient le timâr, mais contre les populations frontalières qui subissent régulièrement les raîds ottomans, dont les Croates de Slavonie. Par ailleurs, Il faut relativiser le poids de ce timâr qui pour la Hongrie ne profite pas à plus de 6000 individus... Par ailleurs, la Hongrie ottomane ne connaît pas un déclin économique alors qu'elle a connu de nombreuses crises avant le partage. Si certains aristocrates abandonnent leurs terres pour se réfugier en Hongrie royale, on sait aussi que des paysans de Haute Hongrie viennent s'installer dans le Pachalik de Bude où ils trouvent des conditions favorables au travail de la terre. D'un point de vue religieux, il n'y eu aucune conversion de force, l'Empire ottoman pratique une politique tolérante à l'égard des communautés chrétiennes et juives. Aussi, catholiques, protestants, orthodoxes et juifs ont pu continuer à pratiquer librement leur culte alors que les guerres de religions éclataient partout en Europe. On perçoit même quelques conversions volontaires à l'Islam comme le montre Bartolomé et Lucie Bennassar et des pratiques syncrétiques culturelles nouvelles émergeant de la rencontre avec le monde ottoman. Les Bains turcs ne sont ils pas aujourd'hui une fierté de Budapest?

J'espère que ces brefs éléments suffiront à relativiser le préjugé négatif que l'on peut encore porter sur la politique ottomane en Europe, même s'il est vrai que le nationalisme qui règne aujourd'hui dans les Balkans et en Hongrie rend peut être difficile sa révocation...

17 décembre, 2006

Venise, l'Orient et moi...


A l'image de la princesse Europe enlevée par Zeus en Syrie puis déposée sur les côtes grecques, Venise trouve son origine et sa légitimité en Orient où furent dérobés les reliques de Saint Marc avant d'êtré déposées au coeur de la lagune dans la Basilique construite à cet effet (cf. photo, fresque, détail). Venise nait donc d'un rapt, d'une transgression, mais cette transgression est aussi un rite de passage et d'initiation. Toutefois, au temps de sa franchise, Venise n'a pas consummé la rupture avec son orient d'origine avec lequel elle continue d'entrenir à l'époque moderne des relations à la fois tendues et complices...
L'expo consacrée en ce moment à l'Institut du monde arabe à Venise est l'Orient remet au gout du jour une réalité des échanges connu depuyis longtemps mais éclairé par un regard necessairement différent. On connait déja les phénomènes de transferts culturelle, de diffusion des idées, des choses et des hommes d'Orient en Europe et d'Europe en Orient par la porte vénitienne, mais il reste encore à creuser certains phénomènes évoquer dans l'expo mais qui mérite un commantaire.
Dans la partie de l'expo consacrée à "Venise et les Mamelouks" nous avons l'exemple de verreriees commandés par Venise à des verriers du Caire, or le commanditaire fournit le modèle du verre à travailler et ses motifs... Le verre réalisé sera donc un verre d'Orient mais confectionné non pas depuis une tradition orientale mais d'apres ce que les Venitiens estimes êtres un motif propre à l'Orient. De leur côté, les verriers cairiotes se plient à la demande des Vénitiens et donnent de l'Orient l'image attendue par les Européens... En effet, les Orientaux ne sont pas ici passifs à l'encontre de leur image, ils joue des préjugés de l'autre, les renforcent et se les approprie pour justement pouvoir discuter avec cet autre selon ces bases communes. Le rôle des Orientaux dans l'élaboration de l'orientalisme européen demande donc encore à être questionné...

Les pendules remises à l'heure: à propos du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau

Au détour d'un rayon de librairie, j'ai vu hier la réédition en format de poche du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau portant sur Les traites négrières. L'auteur montre avec beaucoup de rigueur la coexistence de trois traites négrières simultanées et parfois interconnectées. La première est orientale, héritière de la traite antique, et propre aux empires et principeautés du Proche Orient et s'exerce à l'encontre des populations de de la Corne africaine, puis plus généralement de toute l'Afrique orientale. La seconde nous est plus familière, il s'agit de la traite occidentale reposant sur le système bien connu du commerce triangulère. La dernière est moins politiquement correcte à évoquer et pourtant elle est fondamentale, faisant le lien entre les deux autres et surtout rendant en grande partie possible la traite à l'échelle du monde. Il s'agit de la mise en esclavage de tribus africaines par d'autres tribus africaines. Les populations tombées en servilité sont ensuite vendues aux marchands orienteaux et européens.
L'auteur est aujourd'hui poursuivi en justice pour avoir montré cela, j'y reviendrai sans doute plus tard à l'occasion de son procès. Pour le moment, je reprend ici l'essentiel d'un billet publié dans un blog précédant, suite à la réception de l'auteur dans l'un de nos séminaires d'études:



"Hier, à l'occasion des Jeudis du Centre de Recherche d'Histoire Moderne de l'Université Paris I, Bernard Gainot a proposé une lecture du dernier livre d'Olivier Petré-Grenouilleau, Les Traites négrières, en présence de l'auteur. Refusant la culpabilisation intergénérationnelle, l'auteur aborde la question de la Traite en historien, avec le détachement qui s'impose à l'éxigence de sa rigueur, au risque d'en courrir les critiques peut avisées de ceux plus prompts à juger les choses depuis l'esthétique de leurs préjugés.
L'auteur insiste sur la diversité des traites et leur conjonction historique qui permet de penser l'essor du commerce triangulaire initié par les Portugais. Il ne faut pourtant pas oublier que la traite ne fut pas uniquement occidentale, mais aussi orientale et interne à l'Afique. Or si les sources nous permettent de bien cerner la première, celle de l'Orient manque encore de documentation mais les champs de recherche apparaissent comme prometteur. Plus complexe est la traite des Africains par les africains, et pourtant elle semble avoir été d'égale importance que les deux premières. Mais ici l'historien est dépendant de ses sources, lesquelles rendent aujourd'hui impossible une évéluation précise. Malgré tout, il ne faut pas négliger son importance dans la mesure où elle rend en grande partie possible la traite transatlantique.
Les discours sur les traites négrières sont rarement dénués de passion et il faut saluer l'auteur en ce sens pour sa sobriété rigoureuse. Appartient-il à l'historien de poser la question de la responsabilité? Beaucoup le voudraient mais ce n'est pourtant pas là l'objet de la science historique. Du reste, il ne faut pas confondre histoire et mémoire.
Enfin, la question de la longévité de la traite n'est auourd'hui résolue que par des intuitions qui méritent d'être creusées. Ici un dialogue avec l'anthropologie s'impose. Le système concentrationnaire de l'esclavage est très finement structuré, instaurant un rapport de force entre les esclaves. Les esclaves domestiques (dits "nègres de maison") semblent pouvoir apparaitre comme des médiateurs entre le maître et le reste des esclaves. Celà doit nous amener à nous poser le problème de la contrainte et du consentement au sein du groupe servil. S'il y a évidemment énormément de contrainte dans le consetement, il nous appartient, par souci de vérité, de déterminer la part de consement dans la contrainte, au risque de froisser les esprits bien pensants. Une relecture de La Boetie y trouverait toute sa pertinance."

05 décembre, 2006

Société, sexualité et conflits au Village: Sileby dans les années 1630

Bon à la demande générale je met en ligne un cours de L3 que j'ai donné à Cergy le 27 octobre dernier...

Suite à des allégations de scandales sexuels, la paroisse de Sileby dans le Leicestershire connaît dans les années 1630 une dispute particulièrement violente entre deux familles de notables. Les soixante dépositions dont nous disposons donnent la parole à des hommes de 20 à 78 ans de catégories sociales différentes allant du gentleman au journalier. La société se met en scène et dévoile sa cohésion autant que ses ruptures, sa hiérarchie et ses solidarités. Cette étude s’inscrit dans une démarche historiographique ancienne, aujourd’hui renouvelée par la micro-histoire. Les sources judiciaires ici en question nous donnent accès à d’autre discours sur la société rurale que celle des élites. Les travaux de l’Ecole des Annales dans la suite de Robert Mandrou avaient initié ce type d’approche. Bartolomé Bennassar pour l’Espagne et Robert Muchembled pour la France l’ont poursuivi, affiné et nuancé. Le cas de Sileby questionne non seulement notre compréhension de la société rurale anglaise mais aussi l’histoire rurale du XVIIe siècle dans son ensemble.
Le biais des sources judiciaires est de mettre en valeur les conflits au détriment des moments de concorde et d’union. Si comme l’énoncent Muchembled et Kamen, le XVIIe siècle est « un siècle de fer » pour le monde rural, la conflictualité de Sileby est-elle tant le reflet d’une dissolution des liens sociaux de la société paysanne que celui d’une remarquable vitalité ?
L’étude du cadre social de Sileby nous conduit à nous arrêter sur les acteurs du conflit, lesquels nous permettent enfin d’envisager une interprétation sociale de la sexualité villageoise au XVIIe siècle.





I - Le cadre social désolé d’une dispute


A/ Une agriculture mixte

Sileby est traversée par la Soar entre Leicester et Loughborough. La ville est située au milieu d’un paysage d’open-field. L’économie est centrée sur l’élevage et l’engraissement des bêtes et est reliée aux marchés de Leicester, Nottingham et Londres. A ce commerce s’ajoute une économie frumentaire de culture des terres arables. Par ailleurs, l’élevage suscite le développement d’une tannerie et d’un petit artisanat.


B/ Une communauté livrée à elle-même

Le village n’accueille aucun représentant de l’Etat ou ministre du culte. Ralph Dumelow est curateur depuis 1619. Il est pauvre et son éducation demeure limitée. L’entretien de l’Eglise est malaisé. Le grand vitrail est brisé depuis 1609 et n’a pas été réparé depuis. Les paroissiens ne bénéficient pas d’un encadrement religieux strict ce qui implique une certaine déviation de leur comportement à l’égard de la doctrine de l’Eglise : grossesses prénuptiales, adultères, sabbats… John Pownoe vit incestueusement avec sa sœur.
Les seigneurs du Manoir, les Shirley of Staunton Harold ne résident pas dans le village. Ils ont vendu la plus grande partie de leurs terres à Sileby depuis la fin des années 1610. Les Babington of Nerby Rothley sont les plus puissants. Le pouvoir local est totalement accaparé par des freeholders (tenanciers libres). A la fin des années 1630, une dispute éclate entre les « meilleures familles » (better sort) de la ville, les Reading et les Church. Thomas Reading est yeoman et sert comme churchwarden (gardien de l’église) en 1637-8 avant d’être remplacé par Thomas Church. Thomas Reading porte des allégations d’immoralité sexuelle contre Bridget, l’épouse de Thomas Church, âgée de 23 ans. Les accusations sont classiques : multiples adultères avec des hommes d’Eglise ou de la gentry, inceste, légèreté…


C/ Une société de la réputation et de la rumeur

Si ces accusations peuvent difficilement être prises au sérieux, elles n’en sont pas moins le reflet des valeurs de la société qui les produit. Elles prennent toutefois dans le cadre d’une paroisse rurale un sens particulier, celui de leur élaboration dans une société ou tout le monde se connaît et de la réintégration de la personne diffamée une fois l’affaire jugée. Le préjudice et sa réparation constituent un enjeu social. De même, l’accusation et le mensonge sont alors des stratégies visant à désocialiser la personne, sur laquelle ils sont portés. Par ailleurs, parmi les témoins, seuls John et Isabel Salter disent avoir vu ce qu’ils prétendent, les autres ne font état que de la réputation de Bridget.
John, le laboureur, et Isabel, son épouse, sont en effet les témoins clé. S’étant rendu chez ses employeurs à Lent en 1637, il dit avoir vu, par une ouverture dans le mur de la chambre, Bridget faisant l’amour avec le jeune Amos Crosley. Isabel l’ayant suivi, dit avoir également constaté la chose quelques minutes après. Isabel affirme encore avoir surpris Bridget peu après avec John Norton, un gentleman. L’accusation d’inceste est plus ambiguë, elle reposerait sur la confession qu’en aurait faite Thomas Church à plusieurs personnes et sur de prétendus aveux de Bridget. Enfin, la dernière accusation d’adultère naît d’un homme qui s’en serait venté dans une taverne de Leton Fair.
Plusieurs questions se posent à la suite de ces témoignages. Les Salter font leur déposition en 1639, deux ans après les faits. Pourquoi ont-ils attendu ? Pourquoi Thomas Reading n’a-t-il pas profiter de sa position de churchwarden pour porter ces accusations à l’époque ? Il s’avère que les tensions entre T. Reading et T. Church s’expriment essentiellement à partir de 1638. La diffamation sexuelle ne serait que le point culminant de la dispute. L’accusation est par ailleurs très facile et courante. Il n’en est pas moins que la position de T. Church le fragilise et il finit par être condamné et excommunié à Leicester en 1640.



II - Les acteurs de la société villageoise de Sileby


A/ Le better sort d’une paroisse du Leicestershire : une puissance sociale précaire

Les Reading et les Church affichent avec fierté leur appartenance au « better sort », mais leur position n’est pas totalement assurée. « Grocer » (épicier), T. Church est une figure atypique du monde rural. Il s’inscrit difficilement dans la hiérarchie usuelle. Par ailleurs, Bridget a reçu une éducation modeste. Elle insiste sur le fait qu’elle vit d’une de « manière civile et simple » avec son mari, mais en amitié avec le « better sort » de la paroisse. Elle est mère de deux enfants encore en vie en 1640. Cependant, le mariage aurait été réalisé contre l’avis de la famille Church. En, effet, il fut clandestin en 1633. Bridget n’avait que 17 ans et était déjà enceinte. La position de Bridget, qui ne fut jamais acceptée par les Church, et donc éminemment vulnérable. A cette stature sociale indécise s’ajoute l’héritage d’un père catholique excommunié en 1617 puis une nouvelle fois en 1637… par T. Reading… Sa maladie lui vaut d’être « réintégré » par l’Eglise d’Angleterre en 1639. Si Reading n’invoque jamais les arguments religieux, le catholicisme du père de Bridget donne à l’affaire une certaine profondeur. Toutefois, la position sociale de Thomas Reading n’est pas non plus inébranlable. Ce newcomer ne possède son élevage que depuis son mariage en 1633. Il a auparavant travaillé dans une ferme et semble d’extraction très modeste.

Il n’en est pas moins que les Church et les Reading appartiennent au « better sort » de Sileby. Les dépositions les envisagent comme insérés dans un réseau de voisinage complexe au sein de la paroisse. Cependant le better sort de Sileby n’est pas uni et harmonieux. Il est déjà divisé bien avant cette affaire témoignant d’anciens griefs entre les Reading et les Norton, ces derniers étant proches des Church. L’opposition entre les deux groupes est largement fonction de rivalités économique et politique mais aussi des affinités spontanées ou construites en réaction à une série de jugements de valeurs portés sur des comportements sociaux.


B/ Le poorer sort : alliances et dynamiques sociales particulières

Si la dispute est au sein du better sort, elle ne touche pas moins l’ensemble du corps social de Sileby. John et Isabel Salter sont peut-être les représentants les plus présents des groupes sociaux subordonnés. Avant leur mariage en 1637, John travaillant comme garçon de ferme et Isabel comme femme de chambre. Elle démissionne au moment des premiers soupçons sur sa grossesse. Le mariage qui s’en suit est jugé « malhonnête » et leur vaut d’être mis au ban de la société villageoise. Ils vivent dans l’indigence et ne bénéficient d’un toit que par la bonne volonté de la maîtresse de maison qui avait embauché Isabel. Cependant, dépourvu de richesse, ils dorment sur le parquet de leur chambre. Ils travaillent en tant que journaliers, quand ils le peuvent, pour pouvoir survivre. Ils sont régulièrement accusés de rapines nocturnes.
Isabel est bien plus âgée que John et a été accusée en 1633 d’être la maîtresse de John Gaste. A la mort de ses jumeaux en 1638, la même nuit, elle est soupçonnée d’infanticide. D’autres la disent atteinte du pox (syphilis). En 1638, Norton les accuse de plusieurs délits et fait fouiller leur foyer. Elle est condamnée à Leicester à avoir la main brûlée. Plaidant une nouvelle grossesse, la sanction est levée. Les Salter sont les témoins clé, mais leur déposition est loin d’être crédible.
D’autres figures de Sileby nous permettent de compléter le tableau du groupe social auquel appartiennent les Salter. Marjorie Addams, 58 ans, aurait donné naissance à un enfant illégitime et se serait mariée le même jour 20 ans plutôt. Elizabeth Gardiner, 40 ans, proche des Salter, vit de la cuisine qu’elle prépare pour ses voisins et peut-être aussi de quelques rapines et de prostitution… Barbara Stafford, 50 ans, glane pendant l’été et dérobe du blé. Catherine Pownoe, 31 ans, est une vagabonde qui donne naissance à un enfant illégitime 10 ans plutôt. Elle finit par loger dans l’étable de William Oswin, sa marginalité symbolise la condition sociale de la communauté. Son frère aîné, John, se marie clandestinement en 1619 avec la nièce de sa dernière épouse, Joyce, avant de la tromper avec sa sœur, Millicent, et d’avoir avec cette dernière plusieurs enfants. Millicent avoue les faits et finit par être ordonnée par l’Eglise en 1630… Or la liaison entre John et Millicent se poursuit après l’ordination.
Les dépositions révèlent, bien entendu, des moments d’unité sociale au sein de la communauté (fêtes, cérémonies religieuses, travaux agricoles…), mais aussi d’autres de plus sévères de désunion. La légalité semble régulièrement mise en cause et la communauté, dans son entier, prend ses distances à l’égard de l’ordre juridique et religieux. Ce jeu facilite les accusations opportunes à l’encontre d’un ennemi. Bridget finit par être lavée des soupçons pesant sur elle, le juge disqualifiant le témoignage des Salter.


C/ Manque d’autorité, divisions et réputation : une société tourmentée

L’absence de condamnation prononcée par la cour ecclésiastique peut passer pour un manque d’autorité de sa part, mais l’un de ses buts premiers est de restaurer l’harmonie dans la paroisse de Sileby. Il n’en est pas moins que le processus usuel de négociation y échoue. Les Reading et les Church sont des individus d’un certain statut social, trop puissant pour se résoudre à un compromis, mais ce statut reste pour eux trop précaire pour ignorer les insultes. Par ailleurs, le cadre de cette petite paroisse rend tous les intermédiaires désignés suspects de trop grande proximité à l’égard d’une ou l’autre des familles aux yeux de son adversaire. Seul un homme plus puissant qu’elles peut s’imposer. Au printemps 1639, Londres envoie à Sileby un vicaire, Anthony Berridge, diplômé de Cambridge et fort de ses relations au sein de la Gentry. Berridge est depuis des décennies l’homme le plus important de la paroisse, laquelle ne connaît qu’un curateur. Son autorité dépasse les familles du better sort local.
La dispute n’est pas alors tant le résultat d’une puissance trop forte des familles que du manque d’autorité de l’Eglise et de l’Etat sur la paroisse. L’exemple de Sileby nous montre que les divisions sociales de l’Angleterre moderne peuvent être tout autant verticales qu’horizontales. Elles opposent certes deux familles du better sort, mais aussi l’une d’elles aux Salter, vivant en marge de la communauté. Plus encore, les divisions du better sort de Sileby scindent la communauté en deux et la ligne de partage traverse aussi le poorer sort. La fidélité des Salter au Reading doit encore être comprise comme une stratégie sociale qui vise à les réintégrer au sein de la communauté et de laquelle doit découler des avantages matériels réels, telle l’obtention d’un terrain pour construire une maison… Cependant, les Salter ne sont pas les simples instruments des Reading, Isabel est aussi animée d’un désir personnel de vengeance à l’égard de Bridget.
La question de la réputation est alors posée. Certains paroissiens de Sileby l’envisagent comme l’opinion de la majorité d’entre eux à l’égard d’une personne ou d’une famille. Mais cette réputation est avant tout un crédit moral résultant d’un statut social et économique. Le concept de « common fame » n’en est pas moins ambiguë par la diversité des définitions que les paroissiens de Sileby lui accordent. La proximité de Bridget à l’égard des tant d’hommes mariés doit aussi être soulevée. Dans une société obsédée par la chasteté féminine cette proximité pose problème. Or, beaucoup de femme témoignant insistent si le fait qu’il n’y a rien d’immoral de danser ou d’embrasser ses amis. Le baiser est alors un acte social ambigu qui peut signifier une marque d’affection anodine ou bien, plus encore, l’euphémisme du désir sexuel.



III - Essai d’interprétation : la sexualité au village comme enjeu social


A/ La famille : une sexualité admise et nécessaire

La famille est en elle-même le produit de la sexualité. Celle-ci est au cœur du mariage qui la régule et assure la descendance, la transmission de la propriété et la continuation des solidarités familiales. En effet, la famille est le premier cadre de la sociabilité au village. C’est celui d’un refuge dans lequel l’individu trouve sa place et par lequel il se définit. Les jeunes filles et les veuves ne sont pas libres de leurs vœux contrairement à la fiction qu’alimente l’Eglise. Elles participent aux stratégies d’alliances familiales. Les autorités garantissent ses solidarités en interdisant les rapts et mariage clandestins.
Aussi le mariage de Thomas Church et de Bridget est au cœur même de la précarité sociale du couple. En épousant une fille de catholique, Thomas rompt avec sa famille, mais il rompt aussi avec son milieu social dans la mesure où Bridget apparaît comme une déclassée. En elle-même, alors, Bridget incarne le trouble à l’ordre social, et sa sexualité ne peut en être que le reflet aux yeux de ses contemporains. Nous ignorons la réaction de Thomas quant à l’infidélité supposée de son épouse, mais il n’en est pas moins que l’adultère fragilise socialement le couple.

En effet, l’adultère suppose une transgression, celle d’une fidélité non seulement à l’égard d’un homme mais aussi de toute une famille, voire d’une parentèle. Or plusieurs nuances doivent être apportées à cela. Tout d’abord, l’adultère de Bridget se commet au sein de cette parentèle avec des personnes avec lesquelles elle « vit en amitié ». Si cela peut faire imploser la parentèle, on peut aussi envisager que cela rende l’adultère, si ce n’est acceptable, du moins pardonnable, dans la mesure où il n’indique pas une infidélité à son égard. Par ailleurs, le mariage entre Thomas et Bridget étant en lui-même une forme de transgression sociale, les conséquences de l’adultères apparaissent moindres pour le couple.


B/ La sexualité : une relation sociale à part entière

La sexualité au village peut être envisagée comme une relation sociale comme une autre, en ce sens qu’elle répond à des normes et des valeurs particulières. Elle est à la fois le témoin, l’enjeu et l’essence de la sociabilité. On peut alors esquisser une typologie des relations sociales au village au XVIIe siècle par le biais de la sexualité. Cette sexualité dit d’abord un rapport de domination. Cette domination sociale est évidente dans les relations entre Bridget et le jeune Amos Crosley. Elle révèle encore une chose évidente, l’utilisation des jeunes hommes par les femmes plus mûres, ou si ce n’est simplement mariée, dans l’assouvissement d’un désir. Amos appartient au même clan que Bridget, par ailleurs, sa vocation ecclésiastique rend cet adultère sans risque pour la parentèle.
D’autre part, la sexualité dit aussi une certaine identité sociale. S’il existe un rapport de force favorable entre Bridget et Amos, Amos n’en est pas moins une personne au statut social respectable. Il sait lire et écrire et sa vocation ecclésiastique le place symboliquement parmi les notables, ou les futurs notables de la société. Tous les amants que l’on prête à Bridget sont par ailleurs des gentlemen où du moins des hommes du « better sort » avec toutes les nuances que l’expression sous-entend à Sileby. La sexualité c’est aussi la reconnaissance de son partenaire comme son égal, il y a une certaine dignité à être la maîtresse d’un gentleman et une indignité à être celle d’un journalier. En ce sens, l’agressivité du couple Salter est en quelque sorte une jalousie sociale dont la sexualité est un des biais.
Enfin, il faut encore relever une sexualité relevant du défoulement. Ce défoulement possède ses acteurs. La figure de la prostituée, si elle est mise en marge de la société, n’a pas moins un rôle social évident. Dans un siècle où la pression démographique s’accroît sans que la terre se multiplie, la prostituée permet aux cadets et aux hommes mariés une sexualité socialement sans risque, les uns n’ayant pas à épouser leur maîtresse et les autres n’ayant pas à reconnaître leurs bâtards et donc à éparpiller leur héritage. C’est en partie parce qu’elles sont socialement marginales, que les prostituées sont socialement importantes. D’une certaine manière, Amos est aussi en marge de la société temporelle et assure à Bridget une sexualité sans risque comme nous l’avons précédemment suggéré.


C/ Les pratiques sexuelles comme pratiques sociales


Robert Muchembled a récemment démontré que le plaisir n’est jamais uniquement charnel. Le plaisir, comme toute émotion, est soumis à l’environnement social et culturel dans lequel il s’inscrit. Aussi, on aurait tort d’envisager sa recherche avant tout masculine, du moins au sein du village. Les études réalisées sur le Somerset, et dont rend compte Robert Muchembled pour le XVIIe siècle, sont des plus révélatrices et montrent le souci de beaucoup de femmes de susciter et de disposer de leur corps. L’utilisation de partenaires marginaux est l’un des biais possible, tout comme le développement de la masturbation qui est autant un phénomène masculin de féminin au XVIIe siècle et émerge avec l’individualisme de 1600 : « My name is Will » écrit Shakespeare. Certaines femmes du Somerset, telle Mary Combe, femme d’un aubergiste, avouent même sans honte dans leur déposition que le premier venu est parfois le bienvenu…
Cette recherche du plaisir obéit néanmoins à des contraintes. La première est, bien entendu, de ne pas mettre en cause son groupe social par des naissances adultérines ou prénuptiales. C’est la grossesse de Bridget qui accélère son mariage et d’une certaine manière engage Thomas à une union socialement réprouvée par sa famille. Les grossesses trop nombreuses sont parfois aussi redoutées que les grossesses illégitimes. La crainte d’avoir trop de bouches à nourrir modifie la sexualité en développant des pratiques alternatives : onanisme réciproque, pratiques orales, sodomie, coït interrompu... Ces pratiques ne sont pas uniquement réservées aux amants, mais s’opèrent au sein même du couple en tant que régulateurs de naissances.
Enfin reste à questionner la réalité de ses pratiques au regard d’un climat moral qui lui aussi se durcit au XVIIe siècle. Les traités de mariage montre que le XVIIe siècle voit le développement de l’idée de Grâce associée à la sexualité du couple, ce qui déculpabilise celle-ci pour mieux la circonscrire. Or, si l’on suit les études faites sur le Somerset, et au regard des diverses transgressions sociales et pénales auxquelles se livre la quasi-totalité de la paroisse de Sileby, il s’avère que le comportement que l’on reproche à Bridget est y passablement répandu. Plus que de mettre en cause les accusations qu’on lui porte, les accepter nous permet alors de réinterpréter l’affaire et une conclusion de Bernard Capp. La relaxe de Bridget serait le signe d’une permissivité à l’égard d’un comportement répandu, lequel, de fait, disqualifie comme hypocrite les accusations morales des Reading. Cela permet aussi de penser la réintégration de Bridget au sein d’une société villageoise qui est loin de la percevoir comme marginale.



Aussi, Sileby est un cadre socialement sinistré, duquel les élites ecclésiastiques, politiques et sociales traditionnelles sont absentes. Le better sort s’avère alors extrêmement précaire, mais réussi néanmoins à tisser des liens sociaux avec un poor sort, que l’on aurait tort de n’envisager que comme passif. Au sein de ce conflit émerge le problème de la sexualité comme question sociale, laquelle doit se comprendre comme un objet de société à part entière.



BIBLIOGRAPHIE :

CAPP Bernard,
− « Life, Love and Litigation : Sileby in the 1630s », Past and Present, a journal of historical studies, Oxford , 182, 2004
FLANDRIN Jean-Louis,
− Le Sexe et l’Occident : évolution des attitudes et des comportements, Paris, 1981
FLETCHER Anthony,
− Gender, Sex and Subordination in England, 1500-1800, New Haven, 1995
FOUCAULT Michel,
− Histoire de la sexualité, 3 tomes, Paris, 1975-1984
MUCHEMBLED Robert,
− « Famille, sociabilité et relations sociales au village (XVe-XVIIIe siècle) », Robert MUCHEMBLED, Gérard SIVERY, Nos ancètres, les paysans. Aspects du monde rural dans le Nord-Pas-de-Calais des origines à nos jours, Lille, 1983
− La Violence au village (XVe-XVIIe siècle). Comportements populaires et mentalités en Artois, Paris, 1989
− Société, cultures et mentalités dans la France moderne, XVe-XVIIIe siècle, Paris, 1991
− Passions de femmes au temps de la reine Margot, 1553-1615, Paris, 2003
− L’orgasme et l’occident. Une histoire du plaisir du XVIe siècle à nos jours, Paris, 2005

02 novembre, 2006

Tolède vers 1600: un déclin?



En cherchant à préparer un cours sur une ville espagnole au XVIIe siècle, je suis tombé sur cette illustration de Tolède par Braun et Hogenberg, publiée dans leur ouvrage de 1598. Ancienne capitale wisigothique, puis ancienne cité arabe médiévale, Tolède est au siècle d'or la première capitale des rois catholiques. Or son site malaisé pousse la cour à se déplacer vers d'autres cités de Castille telles Valladolid et Madrid. Tolède connaîtrait alors un déclin au tournant des années 1600...
L'illustration présente l'image d'une cité puissante dominée par les pouvoirs ecclésiastique et politique, symbolisés par la cathédrale et le palais royal. Les bords du Tage et le riche plateau calcaire qui s'entend derrière l'acropole nous suggèrent encore la présence d'un autre pouvoir, économique celui-là et surtout d'une ville "industrieuse". La question de l'interprétation de cette figure est donc de savoir si elle est le reflet d'une réalité ou bien si au contraire, cette image idéalisée est produite pour contrairer une impression générale de déclin, gagner dans la mémoire se qui est perdu dans les bourses...
Le déclin de Tolède questionne plus généralement l'idée de déclin des sociétés passées ou présentes. Ce déclin doit subir plusieurs nuances. Tout d'abord il n'est jamais généralisé... si certains groupes sociaux patissent de la conjoncture, d'autres en profitent. Par ailleurs, en changeant d'échelle, on se rend compte que le déclin de Tolède contraste avec l'épanouissement de la Castille, et que d'une certaine façon, le transfert des richesses en est l'un des facteurs. D'autres facteurs seraient encore à évoquer, mais à Tolède en 1600 comme partout ailleurs à quelque époque que ce soit, le déclin est bien un jugement morale et une idée trompeuse...