22 mars, 2008

Le Caribou et le Chamäleon

Dimanche dernier, à l'Albert-Schultz-Eishalle, à la mi-temps d'un match de Hockey j'ai eu une petite discution sur la relativité de la perception des distances avec des femmes de hockeyeurs québécois en goguette. Puisque je suis aussi prof de géo (si si je vous assure, j'ai un papier qui le dit... heu enfin je sais pas où il est mais il le dit; je sais ça me fait toujours ça à moi aussi) et humilié par des touristes chasseurs de caribous, je me permets de retranscrire grossièrement ici ce qui s'est dit:

- ah mais vous êtes souvent ici, c'est pas loin de Paris
- heu si quand même, c'est 1500 km, c'est assez loin
- loin? mais vous venez comment?
- ben en avion
- et ça vous prend combien de temps?
- heu... je sais pas... 1h30, 2h.
- mais alors je ne comprends pas quand vous dites "loin", c'est un peu comme nous'autres quand on s'rend de Montréal à Québec...


Hmmm certes, que répondre à ça...? Disserter sur la relativité de la perception de l'espace, sur l'effet dévastateur de l'Etat-Nation en Europe qui associe l'étranger au lointain, sur l'étroitesse de nos horizons, enfin bref, comment ne pas avoir l'air bête? Ben on ne peut pas, sauf à faire deux pas de danse en retournant sa veste et lancer:

ah mais vous savez, je suis d'accord avec vous je ne fais que vous dire ce que l'on pense ici...


Bon, ok c'est hypocrite, mais n'empêche qu'ils ont raison, Vienne c'est bien la porte à côté, là-bas pas trop loin de Paris, même si Paris à du mal à concevoir l'existence d'un monde à l'est de l'Elbe... heu du Rhin... heu de la Marne en fait... Sans côté sur le vieux fond d'austrophobie française qui a aussi tendance à creuser les distances dans ce sentiment très très relatif qui nous fait éprouver le proche et le lointain. Traverser une frontière qui n'a rien de naturelle nous confère un sentiment d'exotisme, d'éloignement, les frontières divisent et rassemblent, les traverser est toujours objet d'un rituel. Le Québec n'en connaît pas et 1500 km c'est la porte à coté, on y va pour le week-end, on vit dans l'une des deux villes et travaille dans l'autre. j'ai donc décidé d'assumer mes convictions de faire fi de l'existence des frontières (je ne suis pas à ça près...) et de me comporter en européen européiste qui se doit, en refusant que l'on m'impose un imaginaire état-national (ça existe ça?) qui conditionnerait mon ressenti et mes choix de vie. Pour un type qui se sent chez lui à Paris, Rome ou Istanbul, c'est la moindre des choses, mais sur ce coup, je me suis bien fait avoir...

1 commentaire:

Tio a dit…

Oui enfin Montréal est à 350 km de Quebec. En bus tu mettrais 3h pour y aller, c'est pas énorme. C'est un peu comme faire Paris Lille pour rendre visite à des amis ;). Cela dit c'est que dès que l'on sort de France ben, forcément c'est loin paskeuh c'est l'étranger et qu'ils sont pas pareil. C'est comme ça!