02 novembre, 2006

Ischia, Baie de Naples, aout 2006


Les îles de la baie de Naples ont toujours été considérées comme des asiles. Il y a Capri bien entendu, mais aussi Ischia, ici abordée depuis le Castel dell'Ovo. Un refuge? Une invitation? Un topos? Une humeur félinienne peut-être... un gout de kitsch sans doute... Il n'en est pas moins que faisant face au Pauselipe, l'île d'Ischia invite aux divagations.

Emotions napolitaines




On apprend de naples que 7 personnes en 5 jours auraient été victimes des luttes internes qui divisent la Camora. Cela n'est en rien pour améliorier l'image injustement mauvaise que porte cette ville. Pourtant mes premiers pas Piazza Garibladi n'étaient pas pour le contredire. La foule, les préjugés et une chaleur accablante avaient préparés les paroles de ce Français rencontré devant la gare: "tirez-vous de là!". Nous sommes restés. je voulais voir Santa Chiara, j'ai aimé San Domenico et le Duomo. Le vieux quartier lazron, orthonormé et aux façades décrépites nous offrait un regain de fraicheur. Deux voitures ne peuvent se coirser dans les rues, et le soir, Piazza Bellini, la terrasse d'un restorant confiné, voilà Naples, voilà nos peurs envolées, elles n'étaient là que pour nourir notre excitation.
Et pourtant, depuis la vieille ville, on ne peut manquer San Elmo qui menace, la forteresse aux canons tournés sur la ville, avec ceux du Castello Nuouvo et de celui dell'Ovo. Au "territoire" répond la menace. Naples est une ville violente, cela se lit dans sa réalité urbanistique, la réalité d'un rapport de force. Et pourtant, quatre avenues entoure le "territoire", aucune ne le pénètre, Deux villes se cotoient sans se parler, si ce n'est en invectives... Il en faudra bien plus pour révoquer mon amour pour la cité lazzaronienne

Tolède vers 1600: un déclin?



En cherchant à préparer un cours sur une ville espagnole au XVIIe siècle, je suis tombé sur cette illustration de Tolède par Braun et Hogenberg, publiée dans leur ouvrage de 1598. Ancienne capitale wisigothique, puis ancienne cité arabe médiévale, Tolède est au siècle d'or la première capitale des rois catholiques. Or son site malaisé pousse la cour à se déplacer vers d'autres cités de Castille telles Valladolid et Madrid. Tolède connaîtrait alors un déclin au tournant des années 1600...
L'illustration présente l'image d'une cité puissante dominée par les pouvoirs ecclésiastique et politique, symbolisés par la cathédrale et le palais royal. Les bords du Tage et le riche plateau calcaire qui s'entend derrière l'acropole nous suggèrent encore la présence d'un autre pouvoir, économique celui-là et surtout d'une ville "industrieuse". La question de l'interprétation de cette figure est donc de savoir si elle est le reflet d'une réalité ou bien si au contraire, cette image idéalisée est produite pour contrairer une impression générale de déclin, gagner dans la mémoire se qui est perdu dans les bourses...
Le déclin de Tolède questionne plus généralement l'idée de déclin des sociétés passées ou présentes. Ce déclin doit subir plusieurs nuances. Tout d'abord il n'est jamais généralisé... si certains groupes sociaux patissent de la conjoncture, d'autres en profitent. Par ailleurs, en changeant d'échelle, on se rend compte que le déclin de Tolède contraste avec l'épanouissement de la Castille, et que d'une certaine façon, le transfert des richesses en est l'un des facteurs. D'autres facteurs seraient encore à évoquer, mais à Tolède en 1600 comme partout ailleurs à quelque époque que ce soit, le déclin est bien un jugement morale et une idée trompeuse...

01 novembre, 2006

Mohamed Ben Abdel Malek, Huntington et moi

La réputation, comme la mémoire, est d'une sellectivité des plus cyniques. Qui se souvient aujourd'hui de cette Illustre inconnu, Muhamed-Ben-Abdil-Melac qui fit la une de la Gazette d'Amsterdam les 21 mars et 1er Avril 1783. Je n'en avais moi même aucune idée avant de tomber sur les nouvelles le concernant et qui ont diverti le temps du séjour viennois de Muhamed toutes l'Europe éclairée.
Beau-frère du Roi "de Maroc", Muhamed est envoyé par son maître à la Cour de Joseph II pour conclure avec l'Empereur un traité commerciale tout aussi exotique qu'important. Sa réputation le précède. L'Empereur apprend que son hôte est un homme de gout qui préfère la manière de vivre des Européens plutot que celle des Orientaux. Aussi lui prépare-t-on à la Hofbourg des appartements dans le plus français des styles. A son arrivée à Vienne, après le périple que l'on imagine à travers la Méditerranée et la traversée des Alpes en plein hiver, Muhamed est de toutes les fêtes. La ville déja portée depuis L'Enlèvement au Sérail de Mozart sur la mode ottomane, acceuil avec une grande curiosité cet homme rigide et affable qui obtient ce qu'il est venu chercher sans le moindre effort.
Reste que Vienne au printemps est bien rigoureuse même pour un europhile comme Muhamed qui ne manque pas de contracter les incommidités d'usage. Les pratiques magiques de son Imam, sensées le guerir, ont pour seul effet que d'amuser Mr. de Störck, premier Médecin de Joseph II. Peu importe le ridicule, Muhamed à la sympathie du petit monde Viennois qui ne regrette qu'une seul chose c'est que celui-ci ne parle qu'Arabe. Obstacle insurmontable? certes pas pour cette Europe cosmopolite et eclairée qui peut compter sur Bihn, commisaire bilingue de Sa Majesté, ou sur le Secrétaire de légation de Muhamed, un fils de Rénégat, c'est à dire de Chrétien converti à l'Islam. Belle leçon d'ouverute et d'une saine curiosité que nous offrent ses protagonistes.
Qui a parlé de choc des civilisations?

recyclagenades: à propos de Clichy


La célébrations des 12 mois des événments de Clichy, et les régulières émotions banlieusardes m'invitent à reposter ici un article paru dans ce qui était il y a encore quelques temps la "Gazette de Papageno". Voici la petite contribution que le modeste anthropologue que je suis peu vous proposer...

La nouvelle date du 6 novembre 2006

En tant que républicains, bien entendu, il nous appartient à tous de condamner toute expression de la violence qui ne soit pas celle de l'Etat, la seule légitime; car résultant du contrat social implicite que chacun d'entre nous avons passé avec lui. Mais que cela ne nous empêche pas de comprendre.
Les condamnations des événements de Clichy sous Bois sont étonnantes de par l'absence de réflexion sur laquelle elles se basent. Il est tout à fait étonnant, d'un point de vue anthropologique, de constater que les violences urbaines que nous constatons aujourd'hui en France sont loin d'être débridées, mais bien au contraire ciblées et réfléchies. Elles se portent sur les symboles du pouvoir qu'il soit politique (police) ou économique (Z.I.) comme pour stigmatiser les véritables enjeux de la contestation. Serions nous les seuls à ne pas les voir?
Par ailleurs, sans excuser ses violences, il appartient au pouvoir politique de bien comprendre ce qui les engendre, car il est évident, que la répression ne peut entrainer qu'une surrenchère de la violence des deux cotés. Reste que bien entendu, l'Etat peut faire physiquement face à la violence des banlieues, mais doit-il s'en donner les moyens? Quel doit être le prix raisonnable de la paix sociale? Cela doit-il se compter en euros? en garde-à-vue? en victimes?
Le simple fait que deux personnes - car peut importe dans l'absolu leur sexe et leur age - soient prêtes à risquer leur vie par peur de la police, que cette peur soit réelle, ou à plus forte mesure fanstamée, ne pose-t-il pas le problème véritable? L'oppréssion - car c'est bien d'oppression qu'il s'agit lorsque l'on parle de non respect des droits et de harcellement - allimentée par l'excessif symbolisme sécuritaire de la politique du ministère de l'intérieur, ne confère t'elle pas à ce dernier une part de responsabilité dans la mort de ces deux personnes? Et n'est-ce pas en cela, que la violence des banlieues prend anthropologiquement tout son sens? Lorsque le garant de la sécurité est responsable, par la peur qu'il inspire, de la mort des personnes qu'il est censé protéger, alors il perd la légitimité du monopole de sa violence. Le contrat social est déliè. La violence est partagée entre les anciens contractants.

Le Titien, le pouvoir et le moi


La petite histoire veut qu'alors que le Titien était en train de peindre le portrait de Charles Quint, l'artiste ait laissé tomber son pinceau et que son impérial modèle se soit levé pour le lui ramasser, comme on remet un sceptre à un souverain. Charles Quint n'ignorait pas le pouvoir des images et savait déja que poser c'est gouverner. Ayant tenté de faire entrer cette idée dans l'esprit inerte de mes étudiants de première année je décidais d'accompagner Julie au Musée du Luxembourg pour apprécier l'expo consacrée au Titien "le pouvoir en face" et peut être profiter de l'expo pour préparer un nouveau cours...
Bref, la présence de ma chère Julie a rendu la promenade bien plus agréable que la qualité de l'expo elle-même. Il est vrai que le Titien nous paraît peut être difficile à apprécier au-delà d'une qualité esthétique. Ces hommes en noir conformes au vétement idéal que doit porter le bon courtisan décrit par Castiglione nous évoquent une fierté latine bien sobre, si ce n'est dans des traits et des regards qui seuls sont les outils du charisme des individus. Le costume noir serait alors une stratégie d'effacement visant à laisser éclater la seule vraie dignité qui soit, celle qui émane de l'individu, de sa "sprezzatura". En 1546, l'ambassadeur italien Cavalli n'écrivait d'ailleurs t'il pas de François Ier que quand bien même on ne l'aurait jamais vu, on serait immédiatement certain en l'appercevant que c'était le roi. La Renaissance est en effet aussi cela, une nouvelle considération sur la dignité de l'homme, sur la mesure de ses conportements, de ses tenues et finalement de toutes sa vie qui doit s'inscrire dans un ordre cosmique qui le transcende, mais aussi qui sublime celui qui s'y conforme.
Sarko et Sego n'ont pas inventé la communication politique par l'image. Seule petite leçon à en tiere, à la Renaissance l'image n'est un objet de communication que dans le mesure ou elle est le reflet de l'âme. Pour Machiavel, seuls les tyrans offrent une image trompeuse d'eux-même, mais ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit...

San Giorgio Maggiore, Venise, Juillet 2006



Le rapport qu'entretient Venise avec les îles de sa lagune reste très complexe. C'est de l'une de ces îles, Torcello, que la ville a émerger avant de s'installer à Rialto. C'est aussi sur ces îles que la ville exclu les groupes sociaux derangeant telle les verrier de Murano... San Giorgio Maggiore fait face au port de San Marco. C'est un paysage familier mais qui reste souvent lointain. Un paysage monacal qui conforte la cosncience chrétienne de Venise mais aussi celle de sa liberté, une liberté tantot conquise par les hommes sur la mer, tantot offerte par Dieu. San Giorgio est en retrait, un compromis entre le monde des marchands, et le monde des puissants, l'idéal trompeur d'une indépendance ecclésiale...

Mes photos et l'amphi Richelieu

Une jeune étudiante sorbonnarde m'a dit hier qu'il était difficile de de se concentrer lorsque l'on était pres de moi dans l'amphi Richelieu puisqu'il parait que mes fonds d'écran déconcentre les agrégatifs les plus scrupuleux... Pour remédier à cela, mes photos vont au compte-goute être disponnibles sur ce blog, vous l'aurez compris, prétexte pour vous parler de quelques voyages...

31 octobre, 2006

Recyclagenades: Parlement et histoire

Le débat sur le projet de loi visant à pénaliser toute contestation du génocide arménien m'invite à republier ici un texte que j'avais édité sur mon blog précédent.

publié le 6 février 2006

Fadi m'apprend que les plaintes déposées en pénal contre Olivier Pétré-Grenouilleau ont été retirées et nous ne pouvons que nous en féliciter. Sans doute ses accusateurs se sont ils rendu compte que celles-ci ne déboucheraient à rien d'autre qu'un non-lieu. Pour rappeler les faits, Olivier Pétré-Grenouilleau a publier dernièrement un livre des plus brillants sur Les traites négrières, dans lequel l'auteur, en vertu de sa position d'historien, faisait preuve et revendiquait une neutralité scientifique qui n'est pas vraiement de bon ton aujourd'hui, refusant notamment de traiter la question de la traite occidentale du point de vue de la moralité et de condamner ce qu'y n'est aux yeux de l'historien qu'un fait à analyser.
Le retrait de cette plainte est déja un pas en avant dans le débat qui court depuis le mois dernier sur la question de la place de l'histoire en politique et sur le rôle des parlementaires à son égard. Le Parlement peut-il écrire l'histoire? De nombreux historiens se sont prononcés à ce sujet de Jean-Jacques Becker à Jean-Pierre Azéma en passant par Elisabeth Badinter afin de dénoncer ce qui constitue une entrave à leur liberté intellectuelle, à savoir la loi instituant comme vérité officielle les aspect positifs de la présence française outre mer. Plusieurs remarques s'imposent.
La première porte sur le contenu de cette affirmation qui présupose l'établissement préalable d'un bilan, or comme le fait remarquer Jacques Marseille, l'idée d'un bilan est incompatible avec l'histoire, car il est forcément arbitraire et partiel, d'autant plus que des données immatérielles, telle la culture, sont dificilement quantifiables et donc appréciables dans cette optique.
La seconde porte sur les conséquencs que cette loi de circonstance stipule, à savoir que les parlementaires décrètent une histoire officielle. Outre que la quasi totalité d'entre eux n'ait aucune compétence intellectuelle en la matière, ils empèchent ainsi toute remise en cause formelle d'une histoire toujours en débat et d'une vérité que tout histoirien sait suceptible d'être ajustée par le traitement de nouvelles sources ou la réinterprétation des anciennes.
Que le parlement statue sur l'antisémitisme, le racisme ou la xénophobie est une chose, qu'il impose par des lois de circonstance une "vérité officielle" en est une autre. Aussi ces historiens demandent jusqu'à revoir la loi sur le négationisme qui participe par l'interdit à la constitution de cette vérité historique officielle. Tout passé peut être repensé et tout histoirien doit pouvoir le faire dans la mesure de la critique de ses pairs.
Il ne faut pas confondre mémoire et histoire, comme le fait si désinvoltement Arnaud Klarsfeld. La mémoire est une chose construite et circonstantielle, utilisée par le politique pour souder la nation autour d'un passé présenté comme commun. L'histoire est une science dont le but est d'accéder à la vérité, quelque soit le contexte dans lequel elle s'exécute.

Recyclagenades : Sta in pace




publié le 17 mars 2006,

pour avoir suscité beaucoup de commentaires, j'ai décidé de publier ici cette ancienne papagenade pour donner un avant-gout du ton qu'entend prendre ce blog

Inspiré du modèle de l'Augusta (1322) du seingeur de Lucques, Castruccio Castracani, Luchino Visconti, seigneur de Parme,met en place la Sta in pace politique par laquelle il condamne et enmure la place civique de la ville, confisquant par la même le lieu de la protestation des citoyens, et le lieu de mémoire des libertés communales (1347). Sta in pace, reste calme, ferme ta gueule.
Etonnante postérité de cette politique aujourd'hui au regard de la confiscation par les CRS de la Place de la Sorbonne au moyensde grandes barrières métalliques, en condamnant l'accès, et donc la fonction politique et mémorielle. Cette mésure a pour effet de transformer le mouvement de contestation des étudiants en révolte ératique, ayant pour seule attache les marches de sa protestation. Aussi, au lieu de confiner celle-ci dans un territoire qui lui est "naturellement" dévolu, les autorités de police prèfèrent la voir se déplacer sans cesse au risque de créer une dangerosité que ne permet pas le confinement.

l'esprit des papagenades...

Papageno, charmant petit oiseleur mozartien est l'archetype trompeur d'une légèreté profondément pesée par le libretiste pour adresser une badinerie perçante à qui de droit. Papageno, sorte de Figaro? Peut-être, les seconds rôles de Mozart sont semblables en cela qu'ils ne font pas que mettre en évidence le héro, mais ils l'éclairent, lui révèle une profondeur et parfois ses imperfections. Second rôle tout de même me direz vous... Certes, mais cela n'est pas tant un manque d'ambition qu'une modestie vaniteuse. Papageno l'oiseleur, attrape les colombes et les met en cage. Ne fait-on pas de même avec l'information, dès lors que celle-ci est écrite, médiatisée et normalisée ne serait ce que par sa forme? Mais je ne veux pas informer, juste m'exprimer et laisser libre cours à mes humeurs. Je vous promet d'être lache, malhonnête et immoral, mais j'espère pour le moin susciter dans mes humeurs un agrément suffisant pour vous donner envie d'y revenir.