01 novembre, 2006

Mohamed Ben Abdel Malek, Huntington et moi

La réputation, comme la mémoire, est d'une sellectivité des plus cyniques. Qui se souvient aujourd'hui de cette Illustre inconnu, Muhamed-Ben-Abdil-Melac qui fit la une de la Gazette d'Amsterdam les 21 mars et 1er Avril 1783. Je n'en avais moi même aucune idée avant de tomber sur les nouvelles le concernant et qui ont diverti le temps du séjour viennois de Muhamed toutes l'Europe éclairée.
Beau-frère du Roi "de Maroc", Muhamed est envoyé par son maître à la Cour de Joseph II pour conclure avec l'Empereur un traité commerciale tout aussi exotique qu'important. Sa réputation le précède. L'Empereur apprend que son hôte est un homme de gout qui préfère la manière de vivre des Européens plutot que celle des Orientaux. Aussi lui prépare-t-on à la Hofbourg des appartements dans le plus français des styles. A son arrivée à Vienne, après le périple que l'on imagine à travers la Méditerranée et la traversée des Alpes en plein hiver, Muhamed est de toutes les fêtes. La ville déja portée depuis L'Enlèvement au Sérail de Mozart sur la mode ottomane, acceuil avec une grande curiosité cet homme rigide et affable qui obtient ce qu'il est venu chercher sans le moindre effort.
Reste que Vienne au printemps est bien rigoureuse même pour un europhile comme Muhamed qui ne manque pas de contracter les incommidités d'usage. Les pratiques magiques de son Imam, sensées le guerir, ont pour seul effet que d'amuser Mr. de Störck, premier Médecin de Joseph II. Peu importe le ridicule, Muhamed à la sympathie du petit monde Viennois qui ne regrette qu'une seul chose c'est que celui-ci ne parle qu'Arabe. Obstacle insurmontable? certes pas pour cette Europe cosmopolite et eclairée qui peut compter sur Bihn, commisaire bilingue de Sa Majesté, ou sur le Secrétaire de légation de Muhamed, un fils de Rénégat, c'est à dire de Chrétien converti à l'Islam. Belle leçon d'ouverute et d'une saine curiosité que nous offrent ses protagonistes.
Qui a parlé de choc des civilisations?

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