23 juin, 2007

L'Europe, c'est reparti

Le dernier sommet européen est donc une réussite. La France, l'Alleamgne et l'Espagne ont donc reussi à rallier à eux l'Angleterre d'un Tony Blair qui se voulait inflexible il y a deux jours encore et de négocier avec la Pologne un accord de principe sur un nouveau traité instaurant une présidence fixe et un "haut représentant aux affaires étrangères". Il faudra bien entendu préciser tout cela et les attriutions de chacun, voir comment la Charte des droits fondamentaux sera appalicable (incompatible avec la constitution de la Grande Bretagne) et surtout comprise par les contractants, mais l'essentiel est fait, l'Europe est repartie. On respire un peu. Un jury d'oral du capes d'histoire-géo a demandé à l'un des mes amis s'il serait prêt à mourir pour la patrie. Si cette question avait du m'être posée à mon époque je ne sais pas si j'aurais pu me tenir à la vulgate de l'Education nationale, parce que je pense que non, je n'y suis pas pret, parceque l'idée même de patrie est une absurdité pour moi dans la société dans laquelle nous vivons. La patrie m'indiffére, l'Etat-Nation me fait sourir, seule l'Europe m'importe aujourd'hui, c'est à la fois mon horizon d'attente et mon horizon quotidien, et c'est une bonne chose que l'Union européenne progresse, progresse, progresse

8 commentaires:

Anonyme a dit…

C’est là un grand sujet de divergence entre nous.

Si je suis heureux que l’Europe soit relancée ; selon moi, l’Europe (telle que l’imaginent certains) n’existe pas, et n’existera jamais : les diverses discordances entre les pays membres (de plus en plus nombreux) qui ne cherchent à défendre - à juste titre, que leurs propres intérêts sont là pour régulièrement nous le rappeler.
L’Europe n’est pour moi qu’un concept idéologique destiné à créer une grande puissance économique qui pourra rivaliser avec les grands de ce Monde, rien de plus (si tant est que déjà cela puisse un jour être le cas).

En tout cas - bien que je ne le souhaite pas, si un jour la France venait à se faire attaquer (voire envahir) et que j’étais appelé, sache que j’irais au front sans aucune hésitation. Parce que c’est ma Patrie, que c’est ici que j’ai choisi de faire ma vie, d’élever et de voir grandir mes futurs enfants… Si je venais à mourir, ce serait avec honneur ; si je devais survivre, alors ce serait avec la fierté d’avoir défendu mes convictions et combattu pour mon territoire, ma liberté et celle de ma famille.
Car si je devais fuir et déserter, avec quel sentiment passerais-je le reste de ma vie ? Reviendrais-je sans honte chez moi si la France venait à repousser les envahisseurs ? Dans le cas contraire, errerais-je le restant de ma vie dans des pays qui ne sont pas le mien, et qui me regarderont à jamais comme un traître, un lâche ? Arriverais-je ne serait-ce qu’à me regarder moi-même dans une glace ? Je ne crois pas.

D. a dit…

"Une vie qui n'est pas prête à se sacrifier à son sens ne vaut pas d'être vécue" écrivait Jan Potocka, mais pour moi la question est de savoir si la patrie est le sens de ma vie.

Je suis chez moi à Paris, Rome, Prague ou Istanbul, je ne vis pas la France à travers une sacralité et je ne me reconnais pas dans l'idée de filliation et d'attachement à la terre que stipule le patriotisme. Voilà pourquoi je ne suis pas prêt à mourir pour la patrie, parce que l'idée même de patrie m'indiffére, ce qui ne signifie pas que je ne sois pas prêt à mourir pour ce qui donne sens à ma vie. Ce qui lui donne sens c'est autre chose, ce n'est pas la patrie.

Certains historiens considèrent que l'âge d'or de l'Europe était avant le notre, dans l'Entre deux guerre, ou même au siècle des Lumières. Comme je ne suis pas un historien qui pense que le temps soit linéaire mais éclaté, je n'en crois rien et je pense que nous pouvons créer les conditions d'une Europe culturelle. Le création d'un espace économique commun est déjà une forme d'acculturation. Elle y participe, il me semble. Et petit à petit l'oiseau fait son nid.

Anonyme a dit…

Tu as la chance d’avoir pu voyager et de te sentir chez toi dans de nombreux endroits. Personnellement, même si j’ai pas mal parcouru le pays, je n’en suis que très rarement sorti.
Cependant, lorsque je parle d’un « chez moi » ou d’un territoire, je ne voulais en aucun cas désigner un endroit où je me sens bien ou bien où il fait bon vivre, je voulais parler de propriété privée.

Me prendre ma propriété, c’est me faire perdre tous mes repères, et donc me forcer à tout recommencer à zéro. Or, le choix de faire ma vie où je suis est le mien, et je suis donc prêt à le défendre si quelqu’un venait à essayer de me l’enlever, d’autant plus par la force…
Cela n’a – à la limite, aucun lien avec la Patrie, puisque dans ce cas j’aurais été prêt à la défendre quel qu’elle soit (du moment que c’est celle que j’aurais choisi et qui m’aurais permis de m’installer).

L’Europe culturelle, économique et (bien que je ne sois pas spécialement pour) sociale, oui. Mais l’Europe ne sera jamais une entité à part entière, ce ne sera jamais qu’un amas de pays tous plus différents les uns que les autres, avec des Histoires et des cultures spécifiques à chacun et c’est tant mieux, mais c’est ce qui empêchera toujours l’Europe de raisonner et d’agir comme un seul.

Anonyme a dit…

La véritable question à poser maintenant est "Etes vous pret à mourir pour l'Europe?"

Je me tiendrai pour seule réponse à une phrase que fait dire Hugo Pratt à son personnage Corto Maltesse : " Mieux vaut vivre selon les règles du bon sens que pour le sens de l'honneur !"

D. a dit…

Je ne pense pas que les histoires différentes conditionnent la possibilité ou non de vivre ensemble, le véritable obstacle ce sont les constructions mémorielles, et comme la mémoire n'est qu'une construction sociale, cela me laisse plutot optimiste.

J'ai écrit dans un précédent billet que je préférais la pire des Europe à la meilleure des France, alors je suppose que oui, je serai prêt à mourir pour l'Europe, même si je ne sais pas si toutes ces questions sont d'une grande pertinence. Je ne sacralise aucun bout de sol. Après l'Europe, il y aura autre chose qui correspondra à un autre mode d'organisation de nos sociétés et cela sera tout aussi bien.

Anonyme a dit…

Si je puis me permettre de jeter mon pavé d'ironie dans la mare, la question la plus pertinente qui ressort ici est "êtes vous prêts à vous battre pour votre patrie/l'Europe/vos idéaux/votre armoire normande"... non ? Personnellement, et sans entrer dans la discussion sur la pertinence actuelle des idées de Patrie et d'Europe, je serai peut être prêt à me battre, mais sans doute pas à mourir. Très peu de gens sont véritablement prêts à mourir : Même Péguy, patriote entre les patriotes, prêt à donner sa vie à la France en 14, aurait sans doute préféré survivre et continuer à se battre. On pourra me persuader de me battre, mais certainement pas de mourir.
Hypocrite moi ? Allons allons...

D. a dit…

non, bien au contraire, je crois que c'est tres interessant ce que tu écris.

Anonyme a dit…

Pour moi la question de mourir pour l'Europe avait pour but de démontrer que c'est aussi con de mourir pour l'Europe que pour la France ou pour les petites cuillers de l'arrière grand mère.

On n'est tributaire de rien. Ni du droit du sang, ni de l'héritage de ses parents ni du hasard d'être "né quelque part" :

On choisit pas ses parents,
on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus
les trottoirs de Manille
De Paris ou d'Alger
Pour apprendre à marcher
Etre né quelque part
Etre né quelque part
Pour celui qui est né
C'est toujours un hasard
(...)
Etre né quelque part
Etre né quelque part
C'est partir quand on veut,
Revenir quand on part

Est-ce que les gens naissent
Egaux en droits
A l'endroit
Où ils naissent

Maxime Le Forestier