23 janvier, 2007

Serbie: quand la démocratie fait douter

On apprend de Serbie, que dimanche soir, le parti radical (SRS) ultranotionaliste a remporté les élections législatives obtenant 28,5% des voix et 80 sièges parlementaires sur 250. La question du statut du Kosovo qui doit être fixé dans les prochains jours a joué un rôle central dans la campagne, les kosovars réclamant leur indépendance ce que refuse Belgrade et dans une plus forte mesure le SRS. En outre, depuis 2006, la Serbie fut contraite de reconnaître l'indépendance du Montenegro, et le sentiment latent d'une décadence serbe joue à plein dans cette poussée ultranationaliste. Il faut en effet rappeller que la Serbie fut au coeur de la construction de la Yougoslavie d'abord dans la seconde moitié du XIXe siècle contre l'Empire ottoman, puis au début du XXe sicèle contre l'Empire austro-hongrois. La Serbie a construit son idée nationale sur un fondement ethnique, celui de la fédération des populations slaves du sud quelque soit leurs confessions ou leur héritages socio-culturels. Ce volontarisme historique trouve rapidement ses limites...

Les accords de Corfou de 1917 négligent les composantes albanaises et musulmanes de la future fédération yougoslave. En effet, la Bosnie a connu à l'époque ottomane de nombreuses conversion de slaves à l'Islam, de même que les albanais ont témoigné eux aussi d'un intérêt pour le monothéisme musulman. Les guerres de Bosnie résultent en partie de ce péché originel et de cette ignorance volontaire par les Serbes - et les Croates - de ces minorités qui aux yeux de Belgrade n'avaient pas le droit de citer. Si le Montenegro a fait valoire son héritage vénitien pour légitimer son indépendance, le cas du Kosovo est encore plus délicat que celui de la Bosnie. Le Kosovo est non seulement majoritairement albanais et musulman mais c'est aussi un lieu de mémoire de la culture serbe, un lieu sacralisé par la défaite de kosovo polje de 1389 ou les serbes se seraient sacrifiés dans la défense de leur terre contre les Ottomans. Le droit du sang versé semble légitimer pour Belgrade ses droits sur le Kosovo au détriment de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes.



Pour en revenir aux élections, il est vraissemblable que le Parti démocrate (DS, 22,9% des voix) et le Parti démocrate de Serbie (DSS, 17% des voix) contracteront une alliance pour gouverner contre le SRS, mais la partie n'en est peut être pour autant pas tout à fait sauve. Le taux de participation de ces législatives n'est que de 51,5%, et à la poussée nationaliste s'ajoute l'illégitimité à gouverner des élus... La société politique serbe n'en finit donc pas de sortir de la crise de démantèlement yougoslave. Il faut du moins espérer. C'est ce que l'exemple de la belle petite Slovénie nous permet aujourd'hui, alors qu'elle est entrée dans l'indifférence totale le 1er janvier dernier dans l'Union européenne et dans la zone EURO. Il n'en est pas moins que cette Slovénie - si proche il est vrai de son Autriche originelle - a réussi parfaitement sa conversion européenne et j'espère que la Croatie suivra rapidement cet exemple. Quant à la Serbie...

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