18 février, 2007

Une Saint Valentin égytienne: l'éternel problème de l'arbre et de la foret

On apprend du Caire un événement délicat. Un groupe de musulmans égyptiens auraient mis le feu à des boutiques de coptes d'Egypte sous prétexte que la rumeur portait qu'un qu'un des leurs fréquentait une musulmane. Huit suspect ont été arrêtés à Armant, à 600 km de la capitale.

Il ne faut pas tomber dans une lecture trop simple d'un repli communautaire qu'expliquerait trop bien le tres huntingtonien choc des civilisations. Il faut d'abord poser la question de la relativité de ce genre de fait, qui s'avère foncièrement rares. Par ailleurs, la question du repli communautaire est bien plus complexe puisqu'il est permi à un musulman d'épouser une copte, malgré la condamnation de l'inverse. Ici, la religion s'arrange de la surabandance des humeurs phalliques... Le prisme religieux semble en fait insatisfaisant pour comprendre l'événement.


L'espace dans lequel s'inscrit ce fait divers n'est pas anodin. La Haute-Egypte joue anthropologiquement, depuis l'Antiquité, à la fois le rôle d'un espace d'inversion, si ce n'est de défoulement, et d'un conservatoire de la culture dite "egyptienne". C'est un espace du possible, et parmi ces possible, il y a celui d'une intolérance, moins forte dans le reste du pays. Enfin, les coptes d'Egypte s'inscrivent difficilement dans les espaces territorialisés par les musulmans, dans la mesure ou leur relatif nomadisme permet de les appréhender comme relativement marginal au regard de l'ensemble de la société. Nous sommes ici bien loin d'une simple interprétation religieuse.

Rappelons juste que 10% des 75 millions d'Egyptiens sont coptes. Autrement dit, la part des chrétiens est cinq fois plus importante que celle des musulman en France. Compte tenu de la relative marginalité de ce genre de fait, et au regard de la société française, il ne me semble pas que l'Egypte d'aujourd'hui, tout comme les sociétés de culture - et j'écris bien culture - musulmanes soient fondamentalement intolérantes...

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