Petite puce,
Tu as été courageuse,
Tiens bon!
31 janvier, 2007
30 janvier, 2007
"Nul ne peut etre condamné à la peine de mort"

Reste alors à s'interroger sur la raison de l'initiative de Chirac en pleine campagne électorale. L'abolitionisme du président est ici incontestable, mais cette décision intervient aussi dans un contexte où la question du rétablissement de la peine de mort à été soulévée à plus ou moins demi-mots et à plusieurs reprises par plusieurs candidats à l'élection. Jean-Marie Le Pen et Philippe De Villier ont toujours défendu ce rétablissement, mais quelques déclarations ambigues de Sarko pouvaient laisser peser le doute quant à sa conviction, doute légitime chez tout homme faisant l'éloge du pragmatisme... Cette petite phrase serait alors une sécurité, un mal tué dans l'oeuf, peut être aussi un moyen pour Chirac de soigner la fin de son mandat, ou, qui sait, de préparer une nouvelle quandidature...
28 janvier, 2007
Vallée d'Usiçar, Cappadoce, Turquie, aout, 2005
Les cheminées de fées de la Vallée d'Usiçar, épargnées et dessinées par les caresses de l'érosion, ont été le refuge des populations byzantines en proie aux raides et invasions arabes et turques au Moyen-Âge. Le site présentait alors un double intérêt. Le calcaire était facilement creusable pour que les hommes s'y installent et y développent une vie troglodyte; de son côté, le fond de la vallée permettait par une riche sédimentation le développement d'une agriculture de susbsitance. La vallée d'Usiçar est un site de refuge qui n'a pas été choisi par ses pionniers pour la qualité esthétique qu'on lui attribue aujourd'hui, c'est ici un site de refuge, de fuite de la menace, et donc aussi un autre monde, le cadre d'une contre-société qui se recrée à la fraicheur des chambres de tuf.
La mode, le corps féminin et moi




Michel Onfray et l'Université populaire

Bien entendu l'Université populaire ne propose pas uniquement des cours de philosophie. Toute matière susceptible d'éclairer différemment le monde et de faire réfléchir sur celui-ci, de relativiser aussi nos acquis, y sont développer, du jazz aux mathématiques. Savez-vous que le système arithmétique décimal ne va pas de soi, qu'il est totalement arbitraire et que nous aurions pu compter en base 7, 12 ou 60? Les choses évidentes que l'on partage dans nos sénacles universitaires peuvent alors est accessibles à tous. On avait repporché à Mozart en montant la Flute enchanté de mettre à nu les rites et les savoirs maçonniques, mais peut-on résolument faire le même reproche à la démarche d'Onfray? Cela serait bien injuste, même si il est évident que la contre-culture que constitue et que nourrit cette initiative n'est pas nécessairement apprécié par tous. Comme le dit Onfray, enseigner Platon, ça va, il n'y a pas trop de risque, Diogène... c'est dèja autre chose... C'est cette autre chose justement qui fait l'intérêt de la démarche.
Il y a cependant une polémique autour de l'Université populaire, qui porte à dire qu'elle ne serait pas si populaire que cela. Cette critique remontant des profondeurs de la gauche néglige toutefois une petite nuance. Ces universités se veulent populaires et non pas prolétariennes, elle est ouverte à tous sans distinction, et il n'appartient qu'à la volonté personnelle de chacun de s'y rendre, en cela elle est populaire, et pour cela son initiative est profondément estimable.
27 janvier, 2007
Café: le jour de gloire est arrivé!
Souvenir de Vienne, sur la Kätnergasse
Alors voilà, après 7 heures à plancher, je viens de passer sur le Blog Inside Paris que je fréquente de temps en temps, et là, réconfort absolu, le café est bon pour la santé!!! Je le savais, j'en avais l'intuition, je l'avais prédit. Non Céline je ne suis pas toxico, je prends juste soin de moi, c'est le Journal of Pain de la Georgia Univerty d'Athens qui l'écrit!

J'ouvre maintenant pour vous par hasard "Les cocktails base de café" de Sherri Johns, offerte par ma soeur à Noël, qui considérant que ma consommation de café est psychotique, voulait en finir plus vite avec moi...
ta ta ta...
Je vous présente la recette du "Macchiato espagnol"
Il vous faut: 1 expresso, une petite quantité de chocolat mexicain, une petite quantité de lait concentré sucré, simple non?
Alors, vous versez l'expresso fraïchement préparé dans une tasse à expresso tiède. Ensuite, vous devez chauffez ensemble le chocolat et le lait concentré à la buse vapeur de votre machine à expresso. Vous n'en avez pas? Mais enfin tout amateur de café en à une! Bon, après ça, vous versez le mélange à l'aide d'un pichet dansla tasse d'expresso, en agitant doucement le pichet d'un bord à l'autre de la tasse. Vous venez, si vous avez réussi votre tour, de créer de délicat effets marbrés dans l'expresso et le lait chocolaté.
24 janvier, 2007
23 janvier, 2007
Serbie: quand la démocratie fait douter

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Pour en revenir aux élections, il est vraissemblable que le Parti démocrate (DS, 22,9% des voix) et le Parti démocrate de Serbie (DSS, 17% des voix) contracteront une alliance pour gouverner contre le SRS, mais la partie n'en est peut être pour autant pas tout à fait sauve. Le taux de participation de ces législatives n'est que de 51,5%, et à la poussée nationaliste s'ajoute l'illégitimité à gouverner des élus... La société politique serbe n'en finit donc pas de sortir de la crise de démantèlement yougoslave. Il faut du moins espérer. C'est ce que l'exemple de la belle petite Slovénie nous permet aujourd'hui, alors qu'elle est entrée dans l'indifférence totale le 1er janvier dernier dans l'Union européenne et dans la zone EURO. Il n'en est pas moins que cette Slovénie - si proche il est vrai de son Autriche originelle - a réussi parfaitement sa conversion européenne et j'espère que la Croatie suivra rapidement cet exemple. Quant à la Serbie...
22 janvier, 2007
Musicagenade, revoilà les Musclés
Alors voilà, cette vidéo tourne depuis un petit moment deja sur le net... et apres un regard dubutatif sur la chose, il s'est avéré que ce sont bien les Musclés qui ont pondu ça. Alors une question se pose à nous, les débileries du club Dorothée qui ont bercé notre enfance ne seraient pas tant des chansons de bauf' que des traits d'ironie stigmatisant le public lui-même? Mon dieu, il faut que je réinterprète toute mon enfance...
19 janvier, 2007
Peer polity interaction in the postmodern world?

Je veux cependant m'expliquer. Pour cela vous me permettrez une petite disgression démonstrative. En 2003, fut publié dans la très sérieuse revue oxfordienne Past and Present un article de John Ma portant sur le concept de Peer Polity Interaction à l'époque hellénistique, concept que je me suis réapproprié pour d'autres travaux, sous le nom d'interactions paritaires, mais je suis conscient que la traduction est inexacte et je vous invite à me proposer la vote. Cela dit, en 205 avant J.-C. la cité de Xanthos en Asie Mineur reçoit la visites d'ambassadeurs de la cité béotienne de Kyténion, qui au nom d'une filiation mémorielle commune avec Ilion (La Troie d'Homer) réclament aux magistrats de Xanthos une assistance financière pour reconstruire les murs de leur cité détruits suite à un tremblement de terre. Les magistrats de Xanthos se dérobent offrant un banquet aux ambassadeurs de Kyténion au nom de cette filliation commune. Cependant, quelques années plus tard, alors que la cité est ménacée par les vues du roi Antiochos III, Xanthos se sert de sa filliation avec Ilion pour demander à Rome son soutien contre l'ambitieux souverain, Rome étant selon la légende elle aussi héritière de la mythique Ilion... Comment est ce que Xanthos s'y prend pour assumer sa mémoire troienne? Tout simplement en promulgant des décrets en faveur des citoyens d'Ilion et en gravant dans la pierre cette mémoire commune qui de fait rend solidaires ceux qui y adhèrent: Xanthos, Kyténion, Ilion, Rome et bien d'autres...
Vous voyez sans doute ou je veux en venir... en fixant les normes de la mémoire des "justes" Lucien Lazare et derrière lui Israël dont il est l'ambassadeur intellectuel revendiqué créént des solidarités politiques internationales confortant de fait la position géopolitique de l'état hébreu en rendant d'autres états solidaires à lui par le partage d'une mémoire commune. Loin de moi l'idée du complot ou de la manipulation du fantasme de Sion. Je pense seulement qu'il faut aussi voir cela dans la cérémonie d'hier apres-midi.
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18 janvier, 2007
Sortir un jour de la Seconde Guerre mondiale

Il est intéressant de se demander quand allons nous enfin sortir de la Seconde Guerre mondiale, quand allons nous cesser de nous commémorer, de régler nos comptes, de reconstruire l'histoire et de nous servir du passé pour gouverner au présent. Il ne faut pas nous y tromper, le XXe siècle ne fut pas pire qu'un autre, et il y eu des justes partout et dans toutes les époques, et ce n'est pas anodin de célébrer les justes de 39-45 plutot que ceux de la Saint-Barthélémy... Histoire, mémoire et politique, les lecteurs de ce blog savent à quel point cette trinité m'agace peut être encore plus qu'une autre... Ayons du moins conscience de ce qui est, que la mémoire est un acte de gouvernement et qu'elle n'a rien à voir avec cette science que l'on appelle histoire... Distribuons les médailles, rédigeons des discours, frappons notre Ethos collectifs de pathoï divers... mais un jour de grâce, sortons de la Seconde Guerre mondiale... nous travaillerons ensuite à sortir du XIXe siècle...
Je suis d'une génération qui n'a pas connu de guerre, et je comprend qu'au regard de tous cela me confère très peu le droit d'en parler... Peut importe, en bon hegelien je considére que l'expérience pollue la pensée et que seul les idées importent. Tout cela pour dire que ma génération n'est en rien redevable ou responsable de ce qu'il s'est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, je réfute tout sentiment de responsabilité ou toute gloire, je revendique le droit d'en avoir moralement rien à faire et refuse le concept même de devoir de mémoire. Pour moi, seul importe le devoir d'histoire, c'est à dire celui de comprendre et d'expliquer.
17 janvier, 2007
Istanbul, Mosquée bleue, aout 2005
« Vous serez peut être étonné d’apprendre que dans le grand nombre de voyageurs qui abordent en cette ville, il en soit très peu qui puisse en rapporter des idées un peu exactes. Rien cependant n’est plus vrai : les plus observateurs ont épuisé leur curiosité à visiter les monuments de la Grèce et n’envisagent les Turcs que comme les destructeurs des objets de leur culte. Ils arrivent plein de cette idée, se logent dans le quartier des Francs et daignent à peine une fois traverser le port pour aller voir la mosquée de Sainte-Sophie et revenir chez eux.
Nourrie par l’étude de l’histoire et de la littérature des Orientaux, ma curiosité m’a fait suivre une autre marche. »
Le 6 juin, à Constantinople
Jan Potocki, Voyage en Turquie et en Egypte, 1784
Coincidences alla turca

God save the Queen... of France...?

Les archives du ministère des affaires étrangères sont pleines de ce genre de spéculations inabouties, qui a posteriori nous paraissent farfellues mais qui nous disent en fait beaucoup sur le paysage politique et culturel duquel elles émergent et dans lequel elles prennent sens. Déjà Jean-Baptiste Duroselle avait retrouvé dans les papiers de Jean Monet, daté du 6 juin 1940, soit deux jours avant la capitulation du gouvernement français, adressé au Président du Conseil Daladier, un projet d'union politique de la France et de l'Angleterre. Ce projet supposait en effet la mise en commun des principeaux ministères, la fusion des Parlements et la reconaissance d'une même autorité souveraine... Le gouvernement français retiré à Bordeaux refusa le projet du père de l'Europe mais ce genre de stratégies perdantes n'est pas à négliger. Les archives en sont pleines.

16 janvier, 2007
14 janvier, 2007
Sarko candidat: un non-évènement?

Bref voilà une série de réflexions que l'historien se pose constament à l'égard de ses sources, et dont il ne me semble pas ininteressant de se poser à l'égard de notre temps présent.
Mehdi Rang Bast: singe savant du chiisme?

Bien sur vous vous attendez à ce que j'écrive que c'est inadmissible, que je pauvre petit chou est manipulé, qu'on lui prive de son enfance etc etc... Certes, mais écrire cela n'ici n'apporterait pas grand chose... Ce qui m'a étonné c'est l'étonnante répartie de Mehdi devant les journalistes, les Imans ou le président iranien. Son intelligence est certaine, le bonhomme apparaît même très fin et très mature pour son âge. Pourtant, il n'y a rien de neuf à cela. Toutes les religions connaissent ce genre de phénomènes d'enfants prodiges élevés dans la foi et qui ont très vite acquis une ferveur religieuse... Nous savons aussi que cela ne présage rien, et que la rigueur - je n'ose dire le fanatisme, je n'en sais rien - du petit Mehdi ne présage pas du fait qu'il se fera un jour sauter je ne sais où dans je ne sais quel Djihad...

Rome, Via dei fori imperiali, aout 2006
Le dimanche, à Rome, n'est pas seulement le jour où les fidèles du monde entier se pressent le matin vers la place Saint Pierre pour y écouter la bénédiction d'un Père lui aussi dit saint... Rome le dimanche c'est une grande langueur des plus agréables où l'on traine à la terrasse d'un café du Campo dei Fiori, ou l'on papote sur la Piazza de Santa Maria de Trastevere et où Romains et étrangers peuvent se promer sur la Via dei Fori imperiali, laissée hebdomadairement aux déambulations vagabondes. Cet axe est épatant, le Colisée se révèle dans toute sa mise en scène - mais une mise en scène contemporaine et non ancienne - réapproprié qu'il est par la Rome d'aujourd'hui qui continue de construire son image autant pour nous autres transalpins que pour les Romains eux même. De part et d'autre de la voie, un peu en contre-bas, nous passons au milieux des fori anciens du marché de Trajan, de la Curie, des basiliques et entre les pins parassols nous abordons cette perspective stricte mais non moins efficace qui nous présente le Colisée comme horizon, peut être un horizon d'attente... du moins celui d'une scénographie séduisante.
11 janvier, 2007
Le rat et l'éléphant, La Fontaine, Livre VIII - Fable 15

Se croire un personnage est fort commun en France :
On y fait l’homme d’importance,
Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois.
C’est proprement le mal françois :
La sotte vanité nous est particulière.
Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière :
Leur orgueil me semble, en un mot,
Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
Donnons quelque image du nôtre,
Qui, sans doute, en vaut bien un autre.
Un rat des plus petits voyait un éléphant
Des plus gros et raillait le marcher un peu lent
De la bête de haut parage,
Qui marchait à gros équipage.
Sur l’animal à triple étage
Une sultane de renom,
Son chien, son chat et sa guenon,
Son perroquet, sa vieille et toute sa maison,
S’en allait en pèlerinage.
Le rat s’étonnait que les gens
Fussent touchés de voir cette pesante masse :
« Comme si d’occuper ou plus ou moins de place
Nous rendait, disait-il, plus ou moins important !
Mais qu’admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ?
Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?
Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
D’un grain moins que les éléphants. »
Il en aurait dit davantage ;
Mais le chat, sortant de sa cage,
Lui fit voir en moins d’un instant
Qu’un rat n’est pas un éléphant.
10 janvier, 2007
08 janvier, 2007
Quel est votre taux de boboité? Comparons nous aux critères de Renaud
un peu artiste?
sans talent
Son boulot pour passion?
ma soeur dit que oui
Dans l'infiormaique, les media?
ah non, performer en free lance à l'Université
Fiers de payer beaucoup d'impôt?
non-imposable et de toute façon pas encore payé...
Vivre dans les beaux quartiers?
bon là j'avoue...
Dans un loft?
non une cave
A côté d'artiste branchés?
Une vieille cantatrice que je n'entends plus
Avoir lu le Petit prince à 7 ans?
Non je trouvais ça flippant quand j'étais petit...
Passer par des écoles privées?
mais heu....
Fume un join de temps en temps?
Non, moi c'est le café
Le bio?
Suis diderotien, rien n'est hors la nature
Rouler en 4x4?
heu en metro...
Preferer se déplacer en vélo?
A Paris, non merci
Houellebecq?
jamais accroché
Télérama?
Chez le coiffeur mais je n'y vais plus
Ikéa?
Pour mettre quoi où? je n'ai pas de place dans ma cave
Resto japonais?
Là ok, j'avoue
Cinéma coréen?
Je n'y connais rien
Arte?
suis plutot bon public en général
Les matchs du PSG?
en bon marsaillais pour rire un peu
Un petit porno?
bof
France info?
non Europe 1
Alain Bashung?
Katie Melua, voyons!
Bigard?
Un poète lol
Jack Lang?
non il soutient Ségo
Sarko?
Ah, la bonne blague....
Voter écolo?
Je l'ai fait, ils sont marrants entre eux
Delamoë?
Il est flippant
Ardison?
J'aime assez
Marc'O?
De fait, pas trop...
Armani ou Kenzo?
Sympa, surtout Armani, mais pas encore
Zadig & Voltaire?
Ils n'ont pas de collection homme, si?
Musées?
Oui, surtout expo
Les vieux bistros?
Mais non, l'excuse Modagor, voyons!
Conclusion? En voie de boboïsation
07 janvier, 2007
Quizz: testons vos conaissances artistiques...
06 janvier, 2007
humeurs italiennes

Alors que Mathieu se demandait comment me jeter dans les eaux de l’Arno pour récupérer Euterpe - mon ipod… –, Marie se serait bien vue avec mon pauvre petit sac… Ce n’est pas la première fois qu’on me l’envie, qu’on le trouve à son goût… Moi aussi je l’aime bien… Enfin, je me demande tout de même dans quelle mesure j’aime ce sac parce que les autres l’apprécient aussi et donc qu’il me valorise à le porter… Ce sac quelque part me pose et me donne un prix, on me voit avec et peut être qu’on a des a priori plus positifs à mon égard grâce à lui. Une personne portant un tel sac ne peut être que digne de le porter… Evidemment, j’ai acheté ce sac sans avis et les compliments ne sont venu qu’après… mais dans quelle mesure ces compliments n’ont pas transformé mon coup de cœur en affection prolongée ? Dans quelle mesure aussi mon coup de cœur n’est pas le produit d’une culture et qu’inconsciemment je voulais ce sac pour me mettre en valeur et susciter les compliments ? Et ce qui vaut pour ce sac, ne vaut-il pas aussi pour l’Italie ?
L’Italie est pour nous un horizon familier, il parle à nos mémoires d’écoliers, à nos souvenirs cinématographiques, à nos niaiseries amoureuses… L’Italie parle aux historiens, aux artistes, aux épicuriens. L’Italie me parle et parle aux miens. Dans quelle mesure je n’y retourne pas si souvent parce que cela fait bien d’y aller ? Dans quelle mesure je n’y vais pas pour que l’on m’envie d’y aller ? Dans quelle mesure je n’aime pas l’Italie parce qu’il est bon et gratifiant de l’aimer ? Ceci étant écrit, et ces limites étant avouées et assumées, je prêche trop pour le libre arbitre pour m’en tenir à cela. L’homme ne peut-il pas s’extraire de ses considérations temporelles par une certaine transcendance comme le pense V. Havel ? Je le crois, et je crois que mon voyage en Italie n’est pas le simple produit de ma culture et de ma vie en société, mais qu’il y a dans ma démarche, comme dans celle de chacun ou de presque tous, une part de transcendance dans le départ et dans l’étranger et que si l’on apprécie l’Italie pour soi, on peut aussi l’apprécier en soi.
Reste alors à poser une dernière question pour interroger le sens de mon récit. Dans quelle mesure les places que l’on visite ne sont-elles pas elles-aussi des mises en scène et dans quelle mesure ce qui nous est donné à voir ne conforte-t-il pas nos préjugés ? Un barman romain m’a raconté cet été qu’il avait des attitudes totalement différentes selon les étrangers qu’il servait dans son hôtel. La ville et ses habitants se conformeraient donc au regard des étrangers sur eux, avec une plasticité impressionnante. Inversement, cette plasticité conforte l’individu dans ses idées préconçues, qu’il voit reproduites par ceux qui en ont conscience… Tout voyage ne serait alors qu’un jeu de dupes ? Le voyage ne serait alors que des idées et des représentations ? Pourquoi Venise garde-t-elle ses gondoles ? Pourquoi y a-t-il encore des boutiques sur le Ponte Vecchio ? Pourquoi tant de parasols au milieu des ruines de Rome ?

Alors voilà, nous avons quitté Termini avec la ferme attention de profiter au mieux de Rome, de marcher plutôt que de nous laisser transporter, c’est-à-dire d’aller chercher les choses plutôt que de les consommer. Marie prend ses habitudes, elle a mon guide qui finit le séjour dans la poche de sa veste, dans l’autre, mon appareil photo ne tarde pas à le rejoindre. Mathieu prépare notre journée et moi j’essaie de convaincre la Sagrestia que nous préférons dîner alla Carta plutôt qu’al menu… Oui, j’ai le numéro d’un resto romain dans mon téléphone et alors ? Cela fait partie de mon kit de survie. Nous passons Santa Maria Maggiore avant de quitter la via Cavour pour des petites rues plus calmes. Je nous y perds un peu, tout le monde en profite, Marie regarde le ciel et Mathieu voit le Colisée à gauche au détour d’une rue… Voilà le genre de chose qui n’arrive qu’en le cherchant… Il aurait été aussi beaucoup plus simple à Venise de prendre le vaporetto de Tronchetto qui nous emmène directement à San Marco, droit au but de la visite, voyons ce qu’il y a à voir, ou plutôt, voyons ce qui nous est montré. Or, nous sommes descendus à Ferrovia, nous avons pris un petit-déjeuner dans un petit café de la Lista di Spagna, nous avons marché jusqu’au Rialto et puis nous nous sommes perdus. Il aurait été pourtant simple d’aller directement à San Marco… mais nous ne serions jamais arrivés sur la place par une petite galerie opposée, et la lumière, l’impression, le ressenti, bref la place en elle même n’aurait pas été la même.

Florence est une ville où le pouvoir se scénarise, où le Duomo répond au Palazzo Vecchio, chacun ayant sa place, commandant ses propres représentations et s’autonomisant de l’autre. Florence est donc une ville duale qui n’obtient son unité que par l’enceinte de sa ville. Venise est un petit peu plus complexe encore, toute la vie sociale s’organise autour de ses campi au milieu desquels se situe le puit, commandé par un palais aristocratique, lequel possède sur le campo son église…. Venise devient une ville du privé, de la clientèle… une ville mitée, comme le montre si bien le campo S. Zaccharia, et qui ne réussit son union que le long du grand canal qui fédère les familles et leurs palais, c’est-à-dire leurs représentations d’elles-mêmes.


Lorsque l’on connaît une ville, on ne fait peut-être que passer, ce qui importe c’est d’aller d’un point à un autre parce que l’on sait où l’on va. Le point importe plus que la ligne. Lorsqu’on la découvre c’est différent, on sait vaguement où l’on veut aller, mais la démarche d’aller est au moins aussi importante que la destination finale. Le regard de Marie m’a montré en cela que l’on pouvait voir d’autres choses de ces villes que je connais, que l’on pouvait à leur égard développer une autre sensibilité, celle des lieux où l’on ne fait que passer et qui pourtant, parce qu’on y passe, constituent, modifient voire révoquent notre paysage construit. J’ai des images assez convenues de Rome, j'ai toujours beaucoup aimé le Trastevere ou Campo dei Fiori, mais aujourd’hui Rome c’est aussi l’eau d’une fontaine de la villa Borghese qui dans une fin de matinée d’hiver prend l’aspect d’un argent pur et liquide, Venise devient une couleur blanche éclatante de la mi-journée et Florence un ciel étrange en face de Santa Maria Novella…

Ces images ne sont pas des topoï, elles n’existent que parce que la ville est – et quand j’écris « la ville », je veux dire cette ville là particulièrement et pas une autre – et nous font remarqué qu’il n’y a pas de paysage en soit. Le paysage c’est une image que nous nous construisons d’un espace ou d’un lieu lequel rassemble les ingrédients que nous avons choisi d’utiliser pour le composer. Aussi le paysage florentin ce ne peut être que les lumières des boutiques du ponte Vecchio dans la nuit, je dis bien les lumières et seulement les lumières, sans le pont, sans la ville et sans même l’Arno. Cela est et reste Florence. Comme je l’entends, un paysage n’est-il jamais que subjectif ? Alors, est-il vraiment important de s’échiner comme je le fais à essayer de prendre en photo le Duomo dans son entier lorsqu’en arrivant à en saisir un détail unique on évoque l’intégralité de l’œuvre ? C’est cela aussi le regard de Marie.
Il y a finalement quelque chose d’une correspondance beaudelairienne dans ces villes d’Italie.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans un ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clareté
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il y a des parfums frais comme des chairs d’enfants
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.


Je ne sais pas si Marie et Mathieu seront d’accord avec moi, je sais qu’ils sont peut être moins sévères que moi à l’encontre de Florence. C’est vrai que le Duomo était particulièrement séduisant cette fois-ci. Je sais aussi que Mathieu voit dans Florence tout ce que cette ville porte d’histoire, et sûrement comme toujours en voit-il encore plus que moi. Sans doute que l’on ne réduira pas cette ville à son Duomo, à trois heures de queue pour la Galerie des Offices où à un plat si bon soit-il de gnocchi al pesto. Mais je pense que nous avons su, quoiqu’il arrive, nous octroyer cet espace de liberté et nous affranchir tant bien que mal du recherché et de l’attendu et qu’en se sens ce voyage fut d’une belle réussite, d’autant plus que je crois que les voyageurs se sont aussi mutuellement trouvés…

03 janvier, 2007
Voyage en Italie: je me torture l'esprit

Un récit de voyage est à la fois un exercice littéraire classique et complexe. Il est classique parce qu'il constitue une pratique propre à une certaine culture moderne et romantique, et complexe parce qu'avec lui une série de questions de se pose. Celui qui part ne le fait que pour trouver quelque chose dont la précision est plus au moins consciente, si bien que la trame de son récit est en partie déjà tissée d'avance. Le voyage n'est alors que la découverte du déjà connu: la culture. Et celui qui écrit pour être lu, ou simplement, celui qui publie - la chose est différente mais la démarche est la même - écrit aussi et dans une certaine mesure ce qu'il croit que l'on aimerait lire de lui.
Un voyage en Italie est à la fois investi de ce clacissisme et de cette complexité. Pourquoi l'Italie? Pour ce qu'elle représente? Pour le plaisirs d'y retrouver des habitudes et des douceurs? Simplement parce que l'occasion s'est présentée et que partir au moment où l'on en fait le choix est plus important que là où l'on va? "Reste si tu le peux, pars s'il le faut" écrit Baudelaire. Toutes ces raisons se vallent bien et peuvent s'embrasser, se séparer et se réembrasser comme peuvent le faire les identités des voyageurs: le pélerin, l'étudiant ou le dilétant. Le voyageur peut épouser successivement et simultanément ces identités. Le regard ne s'embrouille alors pas tant qu'il s'enrichit. La chronologie se dissipe au profit d'un libertinage des idées, les émotions rythment un objet et non plus un temps, c'est pour quoi le récit de voyage véritable doit s'affranchir de la linéarité évenementielle du carnet.
Aussi, de Venise, de Florence et de Rome, ma mémoire - et l'écriture du vécu n'est que mémoriel - assume et revendique de donner l'image biaisée, choisie et imparfaite, en un mot malhonnête de l'expérience, mais ce vice est complexe et beau. Une chose est par ailleurs certaine, c'est qu'il n'y à pas une Italie mais des Italies et chaque cité en elle-même est porteuse de cette réalité. J'écris donc qu'il n'y a pas une Venise, une Florence et une Rome, mais des Venises, des Florences et des Romes. Ces villes sont plurielles en elles-mêmes, mais aussi par la pluralité des regards que l'on porte sur elles: ce sont des rencontres de ces pluralités que j'écris ici.
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