28 janvier, 2007

La mode, le corps féminin et moi

Alors que la semaine de la mode s'ouvre à Paris, la question de la dictature de la minceur se pose de nouveau dans nos magazines et journaux télévisés. Alors que l'année dernière, le dernier et ultime tome de l'Histoire du corps est sorti sous la direction de Geaorges Vigarello, il importe de poser la question du corps, et plus particulièrement du corps féminin à tavers l'idée de sa perception. Un image est avant tout le produit de la société qui la génère. On peut alors aborder nos sociétés par le biais de ses canons de beauté féminin.

Combien d'entre-vous ne s'est pas étonné au Louvre, devant la Venus de Milo, à dire: "ah c'est elle, elle n'est pas un peu grosse, non?". Certes, les anches pleines et les petites rondeurs de cette statue hellenistique retrouvée à Milet déconcerte un peu les observateurs naïfs. Elles nous en disent cependant beaucoup de ce qu'était considéré comme une belle femme à l'époque, et si les charmes de sa très vivante contemporaine Cléopâtre ont été relevés, il y a fort à parier que la dernière des Lagide devait aussi se distinguer par des seins lourds, des anches pleines et de petites poignées d'amour... Qu'en déduire? Venus n'est pas seulement l'expression du désir et de la passoin, elle est aussi celle qui féconde, et son oppulence symbolise cette idée de richesse et de profussion, elle était en cela à l'image d'un socété propère ou de l'horizon d'attente de sa prospérité.

Arrêtons nous maintenant sur un odalisque de Boucher. Beaucoup trouverons sans doute avec Mathieu que ses formes sont disharmonieuses et qu'il y a dans sa lascivité beaucoup de laisser-aller, si ce n'est de décadence... Ah l'Ancien Régime est décidément mal jugé. Et si dans cette chair si généreusement offerte vous y lisiez une exaltation du sensualisme des Lumières, celui que l'on retrouve sous la plume de Diderot, une proclamation du droit de jouir, une réfutation du catholicisme, religion du verbe, pour une philosophie hedonisme du corps? Il est intéressant aussi que nous ne voyons pas cela chez Boucher... ce qui en dit beaucoup de la condamnation que nous faisons implicitement de toutes ces choses.

La beauté contemporaine serait donc une beauté de l'acèse, de la souffrance du corps, par le corps, du sentiment trompeur de sa maîtrise, qui là aussi, implique le postulat que l'âme est détachée du corps et que l'âme doit agir contre le corps. Terriblement chrétien tout cela... Michel Onfray que j'ai cité dans son dernier billet, disait qu'il n'y avait pas d'érotique chrétienne et qu'il ne pouvait pas y en avoir, contrairement au toute une tradition sensualiste musulmane, dans la mesure ou le christianisme est bien cette religion du verbe faite corps... Il y a dans nos canons contemporains quelque chose d'aussi sombre que les tableaux de nos réformateurs du XVIe siècle... Interessant que cette violence du coprs s'impose au moment ou le capitalisme libéral se veut hégémonique. N'y a t'il pas un fond culturel comment derrière tout cela? Max Weber explique l'essor du capitalisme par un christianisme protestant lui étant fondamentalement favorable contrairement au catholicisme. Or avec le modèle économique semble donc aussi s'imposer au monde un modèle esthétique protestant. Bien sur tout n'est pas réductible à celà. Mais dans un monde ou l'évangélisme se développe, je pense que la question mérite au moins d'être posée... et permet un peu de comprendre la petite tempête produite par Emmanuelle Bérat sur une certaine couverture de Elle. Les charmes de la transgression...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

" Alléluia mes frères!"
Il existe encore des femmes avec des rondeurs remplies de tendresse et volupté, qui s'assument sans que les canons de beauté contemporains ne viennent perturbés leur bien-être !

D. a dit…

n'est-ce pas?