03 mai, 2007

Arrestation musclée devant la Sorbonne: que vaut pour nous notre liberté?

Nous étions assis sur les pelouses du Jardin du Luxembourg quand Damien reçoit un coup de téléphone qui le prévient que deux étudians en licence de philosophie viennent de se faire arrêter par la police de façon assez musclée. Ces deux étudiants se seraient pris à une jeune femme distribuant des tracts de Nicolas Sarkozy à la porte de la Sorbonne, le ton serait monté et les tract de la jeune fille arrachés de ses mains et jeter par terre. Celle-ci ne s'en étant pas laissée compter à appeler la police qui serait intervenu en moins de deux, avec l'aide du Rectorat qui aurait fermé les portes de l'université pour empêcher aux étudiants de s'y réfugier. Drôle de conceptiuon du droit d'asile univisitaire... Ah cette nouvelle, nous sommes retourné vers la Sorobnne et mes amis sont partis rejoindre le petit comité de soutien spontanément constitué devant le commisariat du Vème Arrondissement.

En fin d'après-midi, lorsque j'ai rejoins la compagnie pour voir où ils en étaient et essayer de comprendre un peu mieux ce qui s'était passé, j'ai senti quelques regards un peu trop rapidement accusateurs et entendu des remarques qui lorsqu'elles ne sont pas le fait de la malhonneteté, ne peuvent être que celui de la passion. Je n'ai pas vu dans tout ça un empechement de protester contre Sarkozy. C'est bien la liberté de la militante de l'UMP qui a été baffouée. Il m'a semblé alors, et il me semble toujours, que je n'avais pas à cautionner leur action. Compte tenu des informations qui m'ont été rapportées, il est vrai qu'il est difficile de justifier une arrestation, et surtout une arrestation comme elle a été menée. Je condamne bien entendu cette réaction policière disproportionnée et la garde à vue qui s'en est suivie. Je pense aussi que les deux étudiants en philosophie ne sont pas condamnés, il ne faut pas l'oublier, qu'aucun procureur n'a plaider contre eux et n'a encore rien réclamé. Il y aurait un procès, la police peut être désavouée, nous ne sommes pas là pour rendre la justice à sa place. Je hais les jury populaires.

A partir de dimance, nous aurons peut-être à combattre une politique que nous réprouvons, à défendre des libertés qui seront mises en cause, à contester une surveillance et une menace légale que nous trouverons illégitime. Il est d'autant plus important d'être juste et de penser nos actes et non de réagir à vif. La République que nous voulons doit être une République de la vertu ou ce ne sera rien. Je crois en cette vertu, aussi exigente soit-elle à l'égard de nos pulsions, mais sans cette exigence je ne serai pas à vos côtés. Nous pouvons critiquer, manifester et même agir avec violence, mais il faut que celà soit juste, quelque soit le comportement de nos adversaires. Contre quelle vision du monde protestons si pour faire obstacle à Sarkozy nous nous attaquons à la liberté de ses militants? Quelle conception avons nous de la liberté et que vaut-elle si nous l'entravons sous prétexte de la sauvegarder?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, je me doutais bien qu'il y aurait un papier sur ton blog, en bon observateur du "fait social "que tu es :) !

Alors pour ta gouverne, même si ce n'est pas très primordial, il s'agissait de deux étudiants en Histoire, l'un en licence d'histoire-science politique (syndiqué au FSE), l'autre en licence d'histoire.
Les vigiles, même si je suis la première à trouver ça dégueulasse, n'avaient pas le choix, ça m'a été confirmé par plusieurs personnes... C'est soit ils ferment les portes et obéissent aux ordres, soit ils changent de taf.
Quant aux regards "un peu trop rapidement accusateurs"et aux remarques malhonnêtes ou passionnées, me sentant concernée, je vais te répondre. Tu sauras bien excuser l'emportement de la jeunesse (ironie). Je reconnais que te voir arriver à 5 heures, passant négligemment par là pour voir ce qu'il se passait par curiosité... C'était presque un peu indécent sur le coup, surtout sachant que tu t'es un peu réfugié derrière des arguments fallacieux (alors que c''est ton droit de dire que tu n'en as rien à fiche et que tu rpéfères bosser). Tu m'accorderas de trouver néanmoins dommage de voir que sur un coup comme ça, personne (ou si peu) ne se bouge les fesses, y a des trucs qui se perdent, quand même.
"La liberté de la militante bafouée? "Ah, vraiment? Figure toi que cette charmante demoiselle distribuait ses tracts de manière très démocratique, à l'envers, à moitié de force. Tout le monde sait que quand les partis viennent tracter à la sorbonne, ils se font un peu chahuter (en paroles), c'est de bonne guerre! Elle n'avait pas à appeler les flics! Arriver aux commissariat et voir 20 policiers dehors, ça fait réfléchir, quand tu sais le nombre de choses qui restent impunies, mal gérées, et qui tombent aux oubliettes.
Alors se retrouver en comparution immédiate pour une histoire comme ça, classe. Risquer de ne pas pouvoir passer les concours, super. Voir ses potes avec leurs avant-bras écorchés sur 20 cm, du sang sur leur chemise, après s'être retrouvés face contre terre comme s'ils avaient tué quelqu'un,bien.
Tu hais "les jurys populaires". Ben oui, la plèbe s'exprime. c'est un droit, parait-il. ça me rappelle la fois où tu nous as sorti que le pouvoir n'appartenait pas à la rue et qu'aller à un contre-rassemblement contre le FN ne servait à rien.
"il est bon de ne pas réagir à vif". Bien sûr, bien sûr. mais il est bon aussi de savoir agir tout court, mon cher David. Tous les gens qui étaient là, tu en conviendras, étaient des étudiants sensés, intelligents, mesurés, bien éduqués, rien n'a dégénéré. Je ne suis pas une excitée de la barricade, maintenant je préférerais toujours mes dangereuses pulsions (sitting devant un commissariat, ouh là, ouh là) à la philosophie de salon (qui a son charme, hein, il faut de tout.....)

Anonyme a dit…

Ah en me relisant je me rends compte que je ne suis pas très claire: je ne justifie absolument pas ce qu'ils ont fait hein. C'était clairement pas un truc à faire.

Anonyme a dit…

rgreg

Anonyme a dit…

désolé, le site a un certain mal à publier les commentaires. Donc, je recommence :

Tout d'abord, rien ne sert d'observer le fait social sansagir à côté. Nous sommes arrivés à une situation où il va falloir qu'on se mobilise de plus en plus si on ne veut pas vivre dans une dictature !!! Je dis ça, mais hier, nous avons soutenu nos camarades dans le plus grand calme car nous restons, après tout, des gens civilisés ...

C'est sûr, nos camarades n'auraient pas du s'emporter face à ces étudiants de l'UMP. Mais en retour, ces derniers n'auraient pas du appeler la police pour un simple rixe entre étudiants qui peut être observable en cette période d'élection. S'il faut appeler au secours à "grand frère chicken" à chaque fois, c'est pas gagné. Je trouve ça personnellement choquant de voir des policiers s'en prendre à des étudiants. C'est ça le système qu'on veut voir appliquer à l'avenir ? A réfléchir ...

Conclusion : il était normal de se bouger quand des évènements comme cela arrive devant nos yeux, ne serait-ce que pour défendre nos principes de base. Il y avait des personnes qui se sont jointes à nous, sans pour autant connaître les deux étudiants arrêtés. ça s'appelle la solidarité.

D. a dit…

Merci pour les précisions, puisque beaucoup de choses ont été dites, il est bon d'avoir la vérité.

Ce n'est pas spécialement à toi que je pensais pour les regards, je te pensais juste agacée de tout ça, mais je te remercie de les reconnaitre.

J'avais bien compris la façon dont cette jeune fille distribuait ses tracts, mais il me semble que les réactions de ces deux étudiants lui a donné raison d'agir ainsi, non?, puisqu'il semble qu'elle ne puisse pas le faire librement.

Tout à été disproportionné, c'est une évidence, mais je ne peux pas être solidaire de personnes qui bafouent des droits, car les droits de cette jeune fille ce sont nos droits à tous. La solidarité, ils l'ont mis en cause en cela. Mais rassure toi, je ne suis pas non plus "solidaire" avec la militante qui appelle la police ou avec celle-ci. Simplement, mon expérience personnel ne doit pas préjugé de mon comportement.

Il ne sert à rien d'observer des faits sociaux sans agir à côté? A quoi bon faire des sciences sociales alors? Comprendre les choses et les expliciter c'est ce que nous faisons. La science n'est pas là pour faire la morale ou pour mobiliser. Par ailleurs, je n'ai pas fait cela dans mon billet, j'explique simplement l'idée de la République que je veux.

En ce qui est de la manif contre le fn, dont par ailleurs je n'ai pas entendu parler, ma position était de refuser de manifester contre qui que ce soit pour me défouler.

Comme souvent, les enjeux des mouvements de groupes sont ambivalents. S'agit-il de protester contre une arrestation violente ou contre le fait que l'on reproche à ces étudiants leur attitude? Si c'est le premier cas, pourquoi n'avez vous pas porté plainte? Vous en avez le droit en tant que témoin... Si c'est le second, tu sais ce que j'en pense.

Il y a une dérive sécuritaire intolérable et que je n'admettrai jamais, mais il y en a une autre aussi, celle d'une bonne pensée unique de gauche qui disqualifie les gens qui ne pensent pas dans son sens (je ne parle pas de toi), empêche les autres de distribuer des tracts ou de s'exprimer. Cette dérive, je ne la tolère pas plus.

D. a dit…

Je serais d'ailleurs assez curieux de connaître les charges retenues contre eux...

Si les choses en sont restées là, ça ne devrait pas aller bien loin, et il ne faut pas s'en faire pour leur possibilité de passer des concours, ce n'est pas ce genre de choses qui discrimine.

Anonyme a dit…

Je commence par répondre à ta dernière question : en fait, ça a "dégénéré" physiquement (et réciproquement) avec UN militant UMP et pas la jeune fille qui tractait, avec laquelle ils ont seulement échangé des mots un peu vifs. Pourtant, c'est la demoiselle qui a appelé la police et porté plainte contre l'un d'eux pour coups et blessures. Visiblement, la pauvrette a été traumatisée par la scène, elle n'arrivait pas à s'en remettre. Tant de haine! Dure dure, la vie de militante à l'UMP. Bah, la prochaine fois, elle distribuera peut-être ses tracts à l'endroit, de manière plus démocratique.

Je ne suis toujours pas d'accord avec toi, ils n'ont rien bafoué du tout. A la limite, je suis beaucoup plus choquée par ce coup de fil à la policeuh nationaleuh, qui coupe court à tout débat et qui pour le coup bafoue le principe même du militantisme: l'échange. Je trouve du coup un peu excessif de qualifier leur action comme une action qui "bafoue les droits" puisque à mon sens ce sont ces militants qui se sont placés d'emblée en porte à faux avec la "pratique". Notons par ailleurs, tu me pardonneras la digression, la grande homogénéité qui caractérise les interventions de la police (deux de mes amis gays agressés par un homophobe ont attendu trois quarts d'heure dans la rue leur intervention il y a quelques jours et là, hop, zou, intervention rapide et radicale car émeute populaire et de grande ampleur couvant rue de la sorbonne, fomentée par deux dangereux étudiants gauchos, une espèce en voie de disparition et à éradiquer au plus vite).

Pour ce qui est du rapport entre la science et la "passage à l'action" (j'ai presque honte de qualifier notre après midi du 3 mai de passage à l'action hé hé m'enfin on me pardonnera cet abus de langage) je pense que la science quelle qu'elle soit, et notamment la science sociale, ne vaut rien du tout si elle reste théorique, désincarnée et si on ne la "vit" pas, ne la reçoit pas, avec sensibilité.

Finalement, ce qui me fiche le cafard, et je ne suis pas la seule, c'est de voir que de plus en plus de gens observent les choses se déliter comme s'ils n'étaient pas concernés, de l'extérieur... Les scientifiques et les intellectuels ne font avancer le monde ou les choses que parce qu'en face, il y a des gens pour recevoir leurs apports. L'enjeu est d'élargir le plus possible le public touché... parce que quel est l'intérêt de ne viser qu'une micro part d'initiés? Donc je crois qu'il faut aussi accepter de se laisser toucher par les choses et les événements et accepter de les vivre, au lieu d'attendre de les commenter, que ce soit quelques heures plus tard ou cinquante ou cent ans après...

En ce qui concerne le contre rassemblement du mois d'avril, je te cite: "ma position était de refuser de manifester contre qui que ce soit pour me défouler." Je te trouve un peu méprisant et réducteur sur ce coup :) Une manifestation n'est pas un défoulement mais une manière de s'exprimer. Il y a des dérives comme dans tout rassemblement mais à la base il ne s'agit pas de se défouler, plus de manifester publiquement son opposition, parce que contrairement à ce que beaucoup pensent ce qui se passe dans la rue peut faire avancer les choses.

Quant à la "bonne pensée unique de gauche qui disqualifie les gens qui ne pensent pas dans son sens", c'est vrai que tout ne respire pas toujours la tolérance, que ce soit à gauche ou à droite... c'est dommage, ce n'est pas super constructif... c'est tout ce que tu veux, c'est aussi humain.

Je terminerai sur une note d'espoir (ha ha.)
Il y a tellement de quoi être déprimé par la démobilisation de beaucoup d'entre nous sur des sujets auparavant fédérateurs (je ne parle pas de cet événement mais en général) et par la non solidarité et le chacun-pour-sa-gueule ambiant qui règne... que je ne peux que saluer l'affirmation par certains d'idéaux.
Tu as défendu ta conception de ta République, les valeurs de "ma" République restent quand même liberté, égalité, FRATERNITE... La liberté, c'est tellement subjectif... pour toi, la liberté de l'UMP a été entravée dans cette histoire... pour moi, et pour quelques autres peu nombreux, si une liberté a été bafouée, ce n'est certes pas celle de l'UMP.
Je regrette que tu n'aies pas vu la manière dont les militants de NS ont quitté la place de la Sorbonne. Très vindicatifs et haineux, je n'exagère pas. L'amorce d'un débat constructif, en somme...

Anonyme a dit…

C'est vrai, quoi, distribuer des tracts à l'envers, c'est un crime, cela. C'est beau les révoltes des étudiants dans les beaux quartiers, cela fait rêver... de mai 68 tiens, quand les ouvriers refusaient l'acces des usines Renault aux étudiants, les considérant comme des bourgeois nantis.

Anonyme a dit…

Personne n'a jamais dit que c'était un crime. On a juste dit que ce n'était pas une manière de faire.

"C'est beau les révoltes des étudiants dans les beaux quartiers, cela fait rêver"... Personne n'a jamais parlé de révolte. Nous avons juste réagi face à un événement que l'on a jugé pas normal: débarquement de la police, arrestation violente, 4 heures de garde à vue, poursuites.

Quant à ta remarque concernant les beaux quartiers, je ne pense pas que ces deux étudiants sont d'un milieu social particulièrement privilégié vois-tu. Bourgeois, quand les étudiants sont nombreux à toucher des bourses, à se contenter des micro sandwiches de l'UNEF le midi parce qu'ils n'ont pas d'argent, à vivre dans des cagibis...

Et puis même, c'est quoi cet argument???il faut nécessairement habiter dans un bidonville pour avoir le droit de manifester son mécontentement???

D. a dit…

D'accord avec toi Naéma, les préjugés sur la "condition sociale" des gens, ça me soule et il faut en finir avec ça. Et nous n'avons même pas à nous justifier d'où nous venons et de ce que nous sommes. Voilà un de ces exemple d'intolérance qui m'insupporte à gauche

Je ne voudrais pas que tu crois que je critique les manifiestations, c'est évident que c'est un rapport de force parfois nécessaire et un acte de liberté et d'expression fondamentale. Mais ce que j'ai pensé de cette manif' m'a posé problème, j'ai été treès déçu des choses que j'ai vu et entendu lors de celles du 1er mai 2002 contre le fn, que depuis je suis toujours à me poser des tas de questions avant d'y aller.

En ce qui est du comportement de la police, je connais, je connais... et je n'ai rien à redire à ce que tu en pense.

En fait, ce qui nous fait prendre des chemins différents ce n'est finalement rien de politique, car je pense que nous sommes, au bout du compte, d'accord sur ce point et la société que nous voulons. C'est sans doute une conception philosophique, une façon de penser le monde et d'agir en son sein. Enfin je le pense.

Moi je cultive un vieux culte de la Raison, qui a bien des égards est totalement marginal socialement, mais dont je considère que c'est là qu'est la "recherche de la sagesse". Toi tu défends une vision sensible et tres contemporaine, voire "post-moderne" (attention, rien de péjoratif car je sais que sous la plume de certain ce peut être une insulte) où le juste est ce qui est ressenti comme tel. Si finalement nous nous retrouvons dans nos conclusions politiques, on peut travailler à rapprocher la raison et la sensibilité, car je suis convaincu qu'elles ne sont pas opposées.

Je ne critique pas le passage à l'action. Quand je passe à l'action c'est en tant que citoyen, pas en tant que "scientifique" de l'homme. C'est là je crois un élément fondamental de faire en sorte que la science soit "tabou" au sens propre du terme, sacralisée et que le politique n'y puisse pas y avoir accès. On ne peut pas être juge et parti, enfin si, pratiquement, on peut l'être en demeurant objectif. Doit-on en prendre le risque? Finalement peut-être, mais j'ai peu d'espoir en cela.