04 mai, 2007

Demain Sarkozy, et après?

Les sondages publiés aujourd'hui sont assez explicites, avec parfois 9 points d'écart, il y a fort à parier que dimanche, Nicolas Sarkozy sera élu président de la République. Bien entendu rien est fait comme il est convenu de dire, la mobilisation générale dans laquelle Ségolène Royal met ses derniers espoirs arrivera peut être. Je l'espère. J'ai échangé quelques mesages aujourd'hui avec un ami de lycée, qui m'a dit "tout sauf Ségo", que je me faisais "toute une montagne de ce minus" (Sarkozy), et que peu de choses avaient finalement changer depuis cinq ans. Il faut pour moi reconnaitre à Jacques Chirac d'avoir toujours tout fait pour brider Sarkozy, de ne lui pas avoir laissé les mains libres. Mais pourtant, quoi que mon ami on pense, beaucoup de choses ont changé depuis cinq ans.

Une société ou il est devenu plus respectable d'entrer dans la police que d'entrer dans l'éducation me pose problème. Lorsque quelqu'un intègre la police vous entendez souvent: "ah c'est bien il s'en est sorti". Lorsqu'une autre personne devient professeur c'est souvent sousentendu parce qu'il n'a rien pu faire d'autre. Devenir policier c'est avoir des couilles (je parle aussi pour les policières), symboliser l'autorité et les valeurs viriles de retours en force aujourd'hui. Devenir prof c'est être planqué, laxiste et, comble de la perversion avoir, un certain penchant les idées et les mots. G. Mosse écrivait que la virilité c'est la violence admise et banalisée. Je décris celà sans ironie, car je sais que beaucoup seront d'accord avec ça, non pas pour le dénoncer, mais pour l'approuver. Une société ou la sécurité devient plus importante que la conservation des libertés me pose problème. Sarkozy ne crois pas à la liberté, il ne croit pas au libre-arbitre, il croit aux gènes...

Pourtant les électeurs de Sarkozy sont des gens ordinnaires, comme ses adversaire. Nous les croisons dans la rue, ils sont parfois nos amis de lycée, nos amants, nos maitresses, parfois les personnes avec qui nous partageons notre vie. Et pourtant ils ont fait le choix pour nous inacceptable de voter pour Nicolas Sarkozy, ils ont fait le choix d'une société qui n'est pas celle que nous voulons, et avec laquelle nous sommes prêt à rompre. Mais y sommes nous prêts? Que feront nous demain lorsqu'il sera investi? Allons nous entrer dans le rang? désobéir? nous exiler? Oui, nous exiler? Cette élection est pour moi, et pour d'autre je pense, un choix culturel peut être plus importnat encore que 1981. Alors, demain Sarkozy, et après?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour.
Whaou ! Je ne pensais pas que Nicolas Sarkozy faisait peur à ce point.
Sans vouloir le soutenir, je suis contre cette campagne de diabolisation envers le candidat de l’UMP : tout d’abord, que l’on soit d’accord avec ses idées ou pas, il faut lui reconnaître une certaine qualité à savoir parler, à présenter et à expliquer les choses ; ensuite, j’estime que c’est lui (et la mobilisation à son égard que la gauche a déclanché) qui a redonné goût aux Français à la politique, à ne plus aller chercher des solutions dans les extrêmes (de droite comme de gauche) ; enfin, si son action et son discours sont si dangereux que ça, pourquoi le Parti Socialistes les a-t-il intégré dans ses propres discours et programmes ? Je pense à la régularisation des sans-papiers au cas par cas, aux réformes sur les régimes spéciaux (que Mme Royal a finalement annoncé mercredi soir), à l’immigration, à tout ce que Ségolène Royal avait pu déclaré (avant d’obtenir le soutien du PS, qu’elle considèrera elle-même comme un poids) sur les 35 heures, sur la délinquance, sur la situation des professeur (et oui) etc.
Peut-être que je me trompe, mais je suis persuadé que c’est le changement qui fait peur à une certaine partie des Français (devenue minoritaire vu le résultat du premier tour), le changement de Nicolas Sarkozy comme celui proposé par Ségolène Royal : rappelons-nous qu’elle a vivement été critiquée, que ce soit par son propre parti avec son investiture, et par tous les partis de sa gauche (notamment sur son CPC, qui n’avait pourtant strictement rien à voir avoir le CPE) jusqu’à ce qu’elle devienne le dernier rempart au libéralisme…

Anonyme a dit…

PS : Dans la dernière phrase, je voulais écrire "avant" et non "avec" son investiture ;-)

D. a dit…

Pour ma part, le changement je le veux, et je sais qu'en votant socialiste, il n'arrivera certainement pas. Peut ê^tre que oui, que c'est Sarkozy qui interesse les gens à la politique en les agrégeant à lui, et ces militants ont de vrai convictions, ou en suscitant des levées de boucliers.

Je ne diabolise pas, c'est une vrai répubicain de droite. Je m'en tiens à ses mots, peux-tu me dire le contraire? Il propose une vision du monde, qui n'est pas celle de mes valeurs, voilà tout, et voilà pourquoi je n'accepte pas sa politique.

Je suis libéral, j'ai critiqué Ségolène Royal, et puisque tu lis mon site, tu sais que je la critique toujours. Elle n'est pas pour moi un rempart au libéralisme, mais j'avoue que là, c'est essentiellement une question de vision du monde. A vrai dire, Ségolène Royal ne propose rien d'extra, voter pour elle est même un acte de conservatisme. Je veux le changement, celui qu'à défendu Bayrou, pas celui que propose Sarkozy.

Je ne sais pas si Sarkozy est dangereux, à vrai dire je pense qu'il n'y a pas de servitude involontaire et que nous sommes les seuls à pouvoir disposer de notre liberté, quoique le régime dans lequel nous sommes soit. Mais oui Sarkozy me fait peur, sa politique crée des tensions. A Cergy, les parents immigrés ne vont pu chercher leurs enfants à l'école de peur d'être controlés... Voilà le genre de chose que Sarkozy, je n'en veux pas

Anonyme a dit…

Déjà, lol sur la photo choisie, il a l'oeil vif et l'air fin, j'adhère :)

Pour ce qui est de la diabolisation de Sarkozy, il s'est un peu diabolisé tout seul, cf ses interventions lors de la crise des banlieues, son altercation étouffée avec Azouz Begag (qu'il a tout de même menacé + fait pression pour que son livre ne sorte pas avant la présidentielle )... j'en oublie sûrement. Ah, si, il a réussi à museler la presse pour que n'éclate pas la vérité sur sa vie de couple (dont on se fiche royalement; mais ce n'est pas la question)... c'est grave!

Sinon, je suis tout à fait d'accord, les Français ont peur du changement... et SR ne propose rien d'extra, c'est peu de le dire (cf l'autonomie des universités). J'ai bien peur qu'elle ne passe pas demain, mais si c'était le cas, il faudra qu'elle mène une politique un peu plus à gauche, histoire de renouer avec un certain électorat qui a été obligé de voter un peu contre ses convictions au nom du "pragmatisme"... et qui l'attend au tournant et ne la ratera pas. Espérons en tous cas que le PS fera preuve d'humilité et opérera une restructuration qui semble nécessaire...

J'aimerais partager ton optimisme sur la servitude involontaire, je me demande dans quelle mesure on ne subira pas bon nombre de choses plus que limites sans marge de manoeuvre réelle... je pense notamment à l'encadrement plus serré dans les manifs, au renforcement de la présence policière, à la priorité donnée à certaines choses au détriment d'autres... S'exciter sur les sans papiers et les étudiants anar' par exemple. Donc pour moi Sarkozy est dangereux. Ton propos sur les parents d'élèves va bien dans ce sens. Tout va se durcir... ça craint.

Anonyme a dit…

>> Naéma : L’encadrement serré des manifestations, vu comment cela se passe à l’heure actuelle, je suis pour ; le renforcement de la présence policière, si c’est pour notre sécurité (civile ou routière), je ne suis pas contre, faudrait savoir ce que l’on veut – et puis n’exagérons rien, on n’est plus en 1962…
« Pour ce qui est de la diabolisation de Sarkozy, il s'est un peu diabolisé tout seul », en effet, « un peu », de par ses discours et ses actions durcis. Mais je rappelle que lorsque il parle de racailles ou de Karcher, Laurent Fabius a parlé de « salopards » (!) ; sa dispute avec M. Azouz Begag ? Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à être la cible d’un livre-dénonciation, mais quand même, quel homme politique ne s’est jamais disputé avec une autre personnalité politique ? M. Sarkozy et Mme Royal ne sont pas des exceptions, simplement des personnalités plus médiatisées…
Dernier exemple : une grand partie des médias s’était accordée pour dire qu’en proposant la proportionnelle, Nicolas Sarkozy faisait du pied à l’extrême droite, avant d’affirmer que c’était également à l’UDF dès les résultats du premier tour, et ne dise plus rien maintenant que Ségolène Royal la propose également…
Tout cela pour dire que pour moi, la gauche et certains médias ont largement contribué à la diabolisation du candidat de l’UMP (tout comme l’extrême gauche, la droite et certains médias ont contribué à faire passer Mme Royal pour une demeurée) ; et que l’on ne vienne pas me dire que je suis « parano » (je ne parle pas pour toi), car ce n’est pas moi qui accuse quelqu’un d’exercer des pressions sur les médias, que ce soit pour préserver sa vie privée (ce qui, en soit, ne me choquerais point, cela relève d’un droit, n’importe quel « people » ferait de même) ou pour empêcher qu’un débat démocratique ne se fasse…

>> Papageno : Je comprend tout à fait ton opinion, sur certains points Nicolas Sarkozy peut effectivement faire peur, et je ne prétend pas être en accord sur tout ce qu’il dit ou propose (je l’ai d’ailleurs vivement critiqué et à plusieurs reprises sur mon propre blog depuis un an).
Je pense simplement que d’une manière générale M. Sarkozy - ou plutôt l’UMP, pointe certaines vérités et propose des réformes qui seront tôt ou tard nécessaire pour le pays (notamment sur les retraites) – le ralliement de certaines de leurs propositions par le parti socialiste me conforte d’ailleurs dans cette idée ; et que c’est ce fait de prévoir des réformes sans concessions (on sait que les dialogues avec les partenaires sociaux mènent à l’immobilisme) et parfois sans une pointe d’humanité - je le conçois, qui effraie le pays, incitant la gauche à diaboliser leur adversaire.

D. a dit…

Nicolas Sarkozy n'est pas le diable, c'est juste le représentant d'une culture que je réprouve. Bastogi, je pense qu'il ne suffit pas de juger proposition par proposition le programme d'un candidat, mais mettre aussi ses propositions en perspective, celle de la façon dont il conçoit le monde. C'est pour celà que je viens de voter Ségolène Royal plutot que de m'abstenir.

Pour ce qui est de la réforme du PS, il la faut, mais cela fait des années que l'on en parle. Entre, comme tu le dis justement, ceux qui ont ralliés Ségolène alors qu'ils étaient plutot en clin a voter plus à gauche et la masse de sympatisants du PS qui ont voter Bayrou parceq'uil se reconnaissaient plus dans ce projet que dans celui de Royal... le rassemblement va être difficile et je n'y crois pas trop. Hellas. LA chose en laquelle j'espère pour le moment, c'est que la création du Mouvement démocratique de François Bayrou créra une dynamique qui poussera le PS à faire un choix, celui du ralliement, de la coopération ou de l'implosion. En tout cas, j'espère qu'il choisira.

Pour ce qui est de la servitude, je pense comme, La Boetie, qu'il ne tient qu'à nous de l'accepter ou de la révoquer. Le problème est qu'effectivement, il y a peu de chose pour être optimiste, et que le plus souvent nous l'acceptons. Musset aurait-il raison? L'opression serait-elle plus confortable que la liberté?