04 avril, 2007

L'immigration dans la campagne présidentielle

Migrations et mondialisation vont certes ensemble, c'est presque une totologie que de l'affirmer, et tout comme la mondialisation met en cause les anciennes structures politiques des vieux Etats-nations, les migrations sont souvent perçues comme une des effets négatifs de la mondialisation. Les migrations arrachent l'individu de sont territoire, le porte vers un autre où il n'a pas a priori pas sa place et crée un désordre à la fois dans son lieu de départ et dans celui ou il arrive, si ce n'est par ceux où il passe pour y arriver. C'est du moins là la vision érronnée que déconstruit la géographe Gorgia Ceriani.


Il n'en est pas moins que la mobilité internationale des individus pose problème à l'Etat et que celui-ci se trouve dans une position paradoxale, ou il affiche la volonté de "consolider ses frontières dans un monde international" (G. Ceriani): "Certains chercheurs, comme le sociologue britannique Zygmunt Bauman, ont alors émis l’hypothèse que cette criminalisation du fait migratoire soit liée à une volonté des Etats-nations de susciter un sentiment d’insécurité, afin de pouvoir fonder leur nouvelle légitimité sur la défense des citoyens face à ce nouveau danger. Quand on observe la montée de la question sécuritaire dans les débats électoraux européens de ces dernières années et les résultats politiques qu’elle a engendrés, l’hypothèse semble digne d’être prise en compte."

G. Ceriani poursuit cependant: "Les Etats-nations se trouvent cependant pris entre 2 feux parce que la réalité économique et démographique des pays européens implique un besoin croissant d’ouverture à la main d’œuvre et à la population étrangère en général (notamment parce que les familles immigrées ont un taux de natalité beaucoup plus élevée et contribuent au renouvellement des générations dans nos sociétés). Selon un rapport indicatif de l’ONU publié en 2000 (Replacement Migration, ONU, 2000), les flux migratoires de remplacement pour maintenir la population totale à son plus haut niveau devraient être de 860 000 par an entre 1990 et 2050 pour l’UE. S’il fallait maintenir le nombre des actifs, il en faudrait 1,4 M par an et pour préserver le ratio actif/inactif, on passe à 12,7 M par an ! Ces projections sont bien sûr irréalisables mais elles indiquent bien le dilemme devant lequel se situent les gouvernement actuels. Il en résulte le plus souvent une politique ouvertement et explicitement de fermeture et de contrôle des flux, mais un fort laxisme dans la pratique pour satisfaire la demande de plus en plus pressante en main d’œuvre des entrepreneurs, ainsi que les prévisions démographiques catastrophistes. Cela entraîne bien évidemment une dégradation des conditions de mobilité (trafic) et de vie (clandestinité, travail au noir) des migrants qui sont de plus en plus condamnés à l’invisibilité au cœur même de nos métropoles."


Bref, Le Papageno ne pouvait pas ne pas aller vérifier tout cela dans les programmes de nos candidats à la présidentielle... sur la page du Monde que Cyrielle lui a fait découvrir. Il y a tout d'abord les abstinents comme Frédéric Nihous ou Arlette Laguillier qui n'evoquent pas le probleme. On trouve ensuite les régularisateurs comme Dominique Voynet, Marie-Goerges Buffet et José Bové, qui propose la régularisation des sans-papiers essentiellement pour des questions d'intégration et non sur un principe général de migration. Après les régularisateurs, viennent les régulateurs comme François Bayrou, Ségolène Royale et Nicolas Sarkozy, toutetfois, chacun présentant des modes de régulation différentes allant du projet de favoriser le développement de l'Afrique à une immigration choisie. Cela nous fait donc passer aux réfractaires comme Jean-Marie Le Pen, Philippe De Villiers et Gérard Schivardi, ce dernier n'avançant pas de prétexte nationaliste mais allant au bout de son refus de la mondialisation économique et des mobilité que celle-ci produit. Enfin, il reste les, ou plutot non, le libéral en la matière de la campagne, à savoir Olivier Besancenot qui défend la liberté de circuler comme principe, preuve sans doute, qu'il n'y pas pa plus mondialiste, qu'un alter-mondialiste, ce qui n'est certes pas si surprenant que cela.

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